Selon Les Échos Études, qui a publié fin 2022 une enquête sur la filière du transport frigorifique, le marché du transport de produits alimentaires en température dirigée s’élève à environ 6,3 milliards d’euros : 5,2 Mds€ pour les produits alimentaires en froid positif et 1,1 Md€ en froid négatif. Entre 2017 et 2021, ce marché a connu une croissance annuelle de 1,2 %. Environ un tiers des flux sont internalisés par les logisticiens grossistes.
Quelles tendances ?
Parmi les informations à retenir, plusieurs tendances ont marqué la filière alimentaire. Tout d’abord, le développement des circuits courts, qui n’en est qu’à ses débuts, mais aussi la croissance de l’e-commerce alimentaire qui transforme le modèle du transport frigorifique, « favorisant la livraison de colis, les flottes de VUL, des outils de tracking sophistiqués et une gestion d’entrepôt différente du modèle traditionnel de livraison à la grande surface alimentaire ». Les produits frais ont également la cote alors que, sous l’impulsion d’innovations produits et de virages entrepris dans les stratégies de distribution, le marché des surgelés a progressé de 9 % entre 2019 et 2021.
La restauration commerciale fait quant à elle face à certaines évolutions. Par exemple, les structures professionnalisent à la fois leurs achats et leur logistique, n’hésitant plus à externaliser la livraison. La restauration collective, qui, bien qu’ayant souffert des confinements et surtout du déploiement du télétravail, voit son chiffre d’affaires revenir en 2022 à son niveau d’avant-crise sanitaire.
D’autre part, cette étude souligne que le paysage du transport de produits alimentaires a considérablement évolué par rapport aux pratiques d’il y a dix ans. En effet, le respect de la chaîne du froid s’impose de plus en plus à l’ensemble des acteurs. Ce qui n’est pas sans conséquences. L’institut d’études de marché évoque tout d’abord la professionnalisation de pratiques logistiques chez certaines familles d’acteurs de la chaîne alimentaire, citant l’exemple des restaurateurs qui recourent de plus en plus à des transporteurs proposant des livraisons sous température dirigée là où, auparavant, ils utilisaient leur propre véhicule pour aller faire leurs achats au Marché d’intérêt national (MIN). Il évoque également l’évolution des pratiques chez les logisticiens qui utilisent de plus en plus d’outils de traçabilité connectés afin de s’assurer que la chaîne du froid est respectée sur la totalité de la chaîne logistique du produit.
Si, en dix ans, les pratiques de la chaîne du froid se sont donc professionnalisées et modernisées, elles seraient encore amenées à évoluer, car le développement de la logistique urbaine nécessite de plus en plus le recours à des VUL (transports de colis) là où la grande majorité des prestataires dispose principalement d’une flotte de PL. Le paysage des flottes pourrait donc probablement évoluer au cours de la prochaine décennie.
Autre enjeu : la production de froid qui consomme 20 % de l’électricité mondiale et contribue pour 8 % à l’effet de serre. À l’avenir, certains fluides frigorigènes pourraient être interdits et la réglementation F-Gaz sur les fluides devrait évoluer.
Potentiel de marché à horizon 2027 ?
D’après Les Échos Études, l’ensemble des facteurs conjoncturels et structurels sont favorables à la croissance du marché du transport sous température dirigée, notamment pour le colis et le VUL, à moyen terme. Si l’on en croit ses estimations, le marché français du transport de produits alimentaires sous température dirigée atteindrait 7,6 Mds€ (+21 % comparé à 2021) à horizon 2027 : 6,3 Mds€ pour le transport de produits alimentaires en froid positif (+21 %) et 1,3 Md€ en froid négatif (+18 %).
L’inflation, les incertitudes économiques et l’érosion du pouvoir d’achat des ménages auront pour conséquences de freiner la vente de produits premium comme le frais et de retarder la progression de l’offre de transports dédiés à ce segment. L’engouement pour la consommation de produits locaux devrait par ailleurs favoriser les livraisons en circuit court, en colis (ambiant ou température dirigée selon les cas), et inciter les transporteurs à mettre en place des stratégies de grossistes, sous forme de partenariats avec des marketplaces. « Il est possible que l’on assiste à l’émergence d’un mouvement où ce sont les transporteurs qui deviennent grossistes », conclut l’étude.