Comment se porte votre entreprise aujourd'hui ?
Avec six sites sur plusieurs régions, nous employons aujourd’hui 320 personnes, nous avons une centaine de camions, un chiffre d’affaires d’environ 40 millions d’euros en 2023, sur une activité de transport frigorifique. C’est un peu plus qu’en 2022, mais porté aussi par l’augmentation du gasoil et la surtaxe carburant en pied de facture ! Nous avons diversifié nos activités dans le froid. Au départ, nous ne faisions que de la viande pendue. Aujourd’hui, nous proposons aussi du primeur, des viandes en colis ou en rolls. Depuis mars 2020, nous proposons également du stockage en froid sur 7000 m2, avec une chambre froide de 10 000 palettes, et de la préparation de commande. Le covid nous a aidés - nous avons rempli notre stockage en trois mois, au lieu des deux ans prévus – et cette activité progresse depuis. Mais, depuis le début de l’année, les volumes baissent, surtout depuis juillet, d’environ 10%. Le secteur de la viande est très affecté par l’inflation. D’autant que depuis deux ou trois ans déjà, les gens mangent moins de produits carnés.
Que percevez-vous de l’ambiance générale dans le transport dans la région ?
Beaucoup d’autres transporteurs ont connu une baisse d’activité depuis quelques mois, quel que soit le secteur du transport. Je crois que toutes les régions sont touchées. C’est aussi le cas concernant la tension sur l’emploi, qui reste très présente malgré la baisse d’activité. Actuellement, je pourrais embaucher vingt personnes. Cependant, ces deux - trois dernières années, en Auvergne, le chantier d’achèvement de l’autoroute A 79 entre Digoin et Montmarault a donné lieu à de gros travaux et donc de l’activité pour les transporteurs travaillant pour le BTP, mais aussi, indirectement, pour des activités complémentaires comme la distribution.
Cet axe était aussi attendu par les transporteurs depuis longtemps. Quels sont ses atouts ?
L’A79, qu’on surnomme aussi La Bourbonnaise, constitue le tronçon central de la route centre-Europe Atlantique, la RCEA, qui relie l’est de l’Europe à l’Atlantique… Et, jusque-là, il n’y avait qu’une nationale qui était l’une des routes les plus accidentogènes de France. Nos chauffeurs étaient habitués à cette route mais, pour ceux qui venaient d’ailleurs, elle était vraiment très dangereuse. Maintenant, la nouvelle autoroute est payante sur trois portions à péage, mais sur deux fois deux voies, on peut rouler de manière très sécurisée et rapide. Je demande à mes conducteurs de la prendre.
Y a-t-il d’autres projets en matière d’infrastructures en attente ?
Dans le nord de l’Auvergne, il reste tout de même le vieux dossier du contournement nord-ouest de Vichy, toujours au niveau zéro ! Entre Gannat et Vichy, depuis 2015, l’A719 a permis de gagner des kilomètres pour relier la nationale 7, par exemple… Mais il manque ensuite une connexion pour éviter l’agglomération. En camion, on passe au bord de la ville entre un hippodrome, un centre de formation sportive, des maisons, une piste cyclable. C’est toujours compliqué et cela entraîne des bouchons aux heures de pointe, d’autant qu’il y a de plus en plus de transit !
Le transit apparaît-il comme un réel atout pour la région ?
Oui. L’Allier, en particulier, est un carrefour, tant entre le nord et le sud avec l’A71 ou la nationale 7, qu’entre l’est et l’ouest avec la RCEA, qui sont des axes structurants. Mais cette position est aussi un point positif pour les transporteurs régionaux, surtout quand de meilleurs axes routiers amènent du développement économique. Avec l’achèvement de l’A79, par exemple, on a vu quelques entreprises se créer, dans la maroquinerie, les produits de beauté ou le bien-être, par exemple. Il fait bon vivre en Auvergne et, avec des axes routiers, on distribue plus facilement sa marchandise. Sans parler du stockage. Ici, le foncier est moins cher qu’en région parisienne ou lyonnaise…. Nous avons des associations de développement des territoires dynamiques… L’Auvergne est prête à recevoir des entreprises !