Début octobre, le transporteur CGVL a réuni ses partenaires et clients sur une péniche naviguant sur la Saône afin de célébrer un anniversaire de taille : 110 ans. Pour François Bataillard, président, cette soirée a été l’occasion d’afficher ses ambitions pour cette entreprise dont il a installé le siège, en 2012, à Feyzin, au sud de Lyon.
Celui-ci surprend quelque peu : sur le panneau d’accueil, en effet, est indiqué non seulement le nom de cette entreprise de TRM, mais aussi celui de l’un de ses confrères, les Transports Gagne. « Nous sommes locataires de Gagne sur ce site Sogaris, explique le président de CGVL, parce que nos besoins respectifs étaient complémentaires : ils avaient besoin de quais, pas nous. Nous avions besoin de beaucoup de bureaux, pas eux. Nous voulions tous deux de la place pour garer des véhicules et il y en a : 8 000 m2. C’était parfait, d’autant que nous ne sommes pas sur les mêmes marchés. Nous ne l’avons pourtant pas cherché : nous nous sommes rencontrés au restaurant ! ». En basant l’entreprise à Feyzin, François Bataillard faisait bien plus que trouver de nouveaux locaux : « J’ai ramené à Lyon le siège, qui avait été un temps déplacé à Paris, explique-t-il. Parce qu’à Paris, on est un numéro, tandis qu’à Lyon, on a un nom ! ». CGVL a ainsi retrouvé le berceau dans lequel elle était née en 1906. Elle proposait alors de la location de véhicules. D’où son nom : Compagnie générale de voitures de Lyon. Un service pour la Poste, mis en place en 1920, va devenir la spécialité de l’entreprise. À partir de 1945, cependant, CGVL a aussi développé la location de véhicules industriels, le transport de câbles et maritime, et l’affrètement. Or, en 2004, après d’importantes difficultés économiques et sociales, la location de véhicules industriels est reprise par Car’Go, l’affrètement et le transport par câble par Norbert Dentressangle, et le reste par Star’s Service… Qui le cède à son tour, en 2011, au fonds de pension allemand Mutares.
C’est alors que François Bataillard — qui vient de vendre sa société -TK Transport–entre en jeu : professionnel du TRM passé par plusieurs entreprises (Danzas, Moiroud, Heppner…), il connaît en outre parfaitement la langue et la culture allemandes, pour avoir travaillé outre-Rhin pendant 11 ans (chez Trans-o-flex et Hamann). Exactement le profil recherché par Mutares pour prendre la tête de CGVL. Président à partir de 2012, il finit, en mai 2015 (un grave accident, en 2013, a retardé ses projets), par racheter l’entreprise.
Mais avant même d’en être officiellement propriétaire, il a commencé à diversifier les activités de la société. La Poste, client historique, fournit aujourd’hui 38 % du chiffre d’affaires. « Nous faisons principalement du colis, et un peu de courrier et de presse, précise François Bataillard. C’est un métier particulier, avec une exigence forte ». Mais le transport pour d’autres clients et l’affrètement ont été également développés : 6 % du chiffre d’affaires est réalisé en moyens propres et 12 % en sous-traitance. Mais c’est surtout le transport dédié pour des clients qui a pris de l’ampleur, atteignant aujourd’hui 42 % du chiffre d’affaires. « Nous proposons à nos clients d’étudier une solution globale à leurs besoins », explique François Bataillard.
CGVL monte ainsi pour eux des lignes propres, met à disposition sur leur site des véhicules et des conducteurs dédiés… « Pour un fabricant d’emballages, par exemple, nous étudions aussi en ce moment la rentabilisation des retours. Intégrer les kilomètres à vide est la solution de facilité. Nous, nous préférons demander au client un maximum d’informations pour lui proposer un moyen de les éviter ». Pour être assisté dans l’étude et la négociation de ces solutions, il a recruté des commerciaux (« de plus de 50 ans, pour leur expérience », précise-t-il) et des technico-commerciaux, plus jeunes, mais connaissant l’exploitation. CGVL dénombre ainsi actuellement 38 sites de clients ayant des moyens dédiés. Enfin, dernière activité, la logistique, qui pèse pour l’heure 2 % du chiffre d’affaires et se limite au stockage, mais qui pourrait se développer. CGVL dispose actuellement de 40 000 m2 d’entrepôts, dont, dans l’agglomération lyonnaise, 2 000 m2 à Feyzin et 6 000 m2 à Corbas. Mais un accord conclu mi-octobre avec un client breton vient de décider François Bataillard à créer, en Bretagne, une nouvelle plateforme, de 10 000 m2, qui sera ouverte aussi à d’autres de ses clients. Une opération qui pourrait en annoncer d’autres : « Certains clients demandant des stocks avancés, explique le président. Il nous faut alors nous rapprocher du client final pour pouvoir livrer en quelques heures ». Selon François Bataillard, certains se disent également intéressés par la création d’un service de préparation de commandes. Les clients de CGVL sont des industriels (Aldes, Elis…), dont plusieurs de l’emballage (Emin Leydier, Europac…) ou relèvent de la grande distribution (Carrefour). « Comme une majorité d’entre eux sont détenus par des actionnaires étrangers, les appels d’offre sont souvent internationaux. Nous développons donc l’international, afin de pouvoir y répondre », assure François Bataillard, qui a confié cette responsabilité stratégique à son fils, Patrice, formé, jusqu’ici, aux métiers de la finance. « Il est à moitié Allemand et parle quatre langues », se félicite le père. CGVL travaille ainsi, en tant que commissionnaire de transport, pour l’heure principalement vers l’Allemagne et les pays de l’Est, en lot, demi-lot et palettes. Une activité qui ne représente encore que 5 % du chiffre réalisé en transport. « Compter sur l’export français est tellement aléatoire », se plaint François Bataillard. Cependant, pour « accélérer » la croissance de cette activité, il a embauché trois affréteurs de différentes nationalités. Chacun a ainsi apporté sa connaissance d’un marché. Et pour ne se fermer aucune porte à l’international, il envisage aussi de se positionner sur les transports aérien et maritime. Objectif : porter le chiffre d’affaires de 44,6 M € en 2015 à 50 M € en 2017.
CGVL a conduit depuis 2012 un plan d’actions sur la sécurité. L’entreprise a ainsi fait le choix d’équiper tous ses véhicules de la technologie embarquée Fleetboard. En accompagnant le conducteur dans une conduite rationnelle, ce système réduit les consommations, mais évite aussi un grand nombre d’erreurs humaines, assure François Bataillard. Ce mode de conduite est aussi enseigné par les formateurs internes, qui assurent également les formations « gestes et postures » et, désormais aussi les formations obligatoires. Les services RH et formation ont parallèlement mis en place une analyse systématique des accidents, avec l’élaboration d’un arbre des causes et la recherche de solutions. « Pour sensibiliser les conducteurs, nous leur avons aussi présenté le détail des coûts d’une ligne, la marge restante pour l’entreprise et l’impact financier d’un accident du travail sur cette marge, indique Mathilde Rollet, la DRH. C’est un argument qu’ils découvrent et qui porte ». Résultat : « Les accidents du travail ont baissé de 31 % entre 2013 et 2014, puis encore de 6 % entre 2014 et 2015 ! ».
Siège : Feyzin (69)
CA 2016 : 47 M €
Effectif : 470 conducteurs permanents, 50 administratifs
Parc : 400 cartes grises moteurs, 800 semis