La Dame de fer des transporteurs tunisiens

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Femme chef d'entreprise, Hayet Laouani est présidente de la Fédération nationale des transports tunisiens et trésorière de l'Union nationale de la femme tunisienne. Elle dresse un panorama sans complaisance de la situation des transporteurs tunisiens

L'oeil malicieux, femme de caractère au sourire franc, Hayet Laouani vient d'être nommée PDG de Maersk Tunisie. Une consécration.

Car Hayet Laouani a connu quelques moments difficiles. Répression, menaces, exil de ses enfants. Au milieu des années quatre-vingts, son côté incontrôlable et ses francs parlers gênaient les pouvoirs en place...

Aujourd'hui elle est plus sereine. À la tête de la puissante fédération des transports de l'UTICA (le MEDEF tunisien), elle représente 320 sociétés de transports de marchandises, 800 artisans transporteurs 50 transporteurs internationaux, 360 agents maritimes, transitaires, et commissionnaires en douanes. Elle représente également les 30 000 taxis tunisiens, les loueurs et les autocaristes.

« L'Eldorado tunisien c'est plutôt un Mirage... » répond clairement Hayet Laouani, quand on lui demande si le marché du transport présente de belles opportunités de développement. « Cependant il y a encore moyen de trouver quelques pépites à condition de s'en donner vraiment la peine... ». Et la dynamique présidente des transporteurs tunisiens d'expliquer que, contrairement à ce qui se dit, l'augmentation du niveau de vie des travailleurs tunisiens n'a pas entraîné une réelle augmentation des coûts du travail. « En 1987 1988, le dinar tunisien valait un peu plus de 12 francs. Aujourd'hui sa valeur est tombée a peu prés à 0,76 euro (5 francs). Si, en monnaie locale, les salaires ont plus que doublé durant cette période, leur coût en devises étrangères n'a pas varié... » Hayet Laouani est en revanche persuadée que la donne sociale va changer. « La main d'oeuvre soumise des années 70 n'existe plus. Aujourd'hui, l'école est obligatoire jusqu'à 16 ans. Le temps des petites mains a vécu... ».

Une situation à la française...

Cette forte tension sur les salaires et donc sur les coûts présente, toutes proportions gardées, des analogies avec celle qu'ont connu les transporteurs Français au début des années quatre-vingt dix. Comme en Europe, un problème de concurrence sauvage tuniso-tunisienne tire les prix à la baisse. Les marges s'effondrent. Les défaillances d'entreprises se multiplient. Accusée : la libéralisation totale du secteur des transports.En expliquant cette évolution, Hayet Laouni sait de quoi elle parle.

Sur les quais de Rades s'étendent les bâtiments de la société qu'elle créa, il y a 25 ans : la Stumar. Cette dernière accueille aujourd'hui Start International et Maersk Tunisie. Face aux portes de sorties du port, de nombreux « chauffeurs indépendants » attendent une hypothétique traction. « Cette concurrence sauvage casse les prix et met en péril les sociétés ayant pignon sur rue... » La situation est, selon la présidente des transporteurs tunisiens, suffisamment grave pour que les professionnels demandent aux autorités de rétablir une sorte de TRO abandonnée au profit de la liberté totale il y a quelques années. « C'est clair, tous les indicateurs sont au rouge. Il faut arrêter le massacre !!! ».

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