L'inflation qui a atteint 1,3 % l'an dernier contre 0,3 % l'année précédente, aurait été provoquée au niveau des deux tiers par la hausse des prix pétroliers. Selon l'analyse de l'Insee, « si la hausse du baril se manifeste essentiellement dans le bond des prix des carburants (+18,3%) ses effets sont nettement décelables dans d'autres secteurs. C'est le cas dans le secteur des biens et services liés aux transports où la hausse serait de 4,1 % ».
Et, c'est ce qui a déclenché un véritable vent de panique chez les transporteurs routiers qui agissent pour le compte des grandes entreprises nationales, notamment La Poste qui a recours à près de 1 600 sous-traitants. « Lors de la renégociation des tarifs, il leur a été annoncé, en début d'année, que les prix seraient revalorisés de 4 % », explique Alexis Bordet, délégué général adjoint de TLF chargé des questions routières. Une revalorisation nettement inférieure à ce qu'attendaient les transporteurs. En effet, sans prendre en considération la hausse subie par les carburants, la profession estime que l'incidence de la réduction du temps de travail a généré une dérive des coûts d'exploitation de 11 %.
Les transporteurs ont alerté leurs organisations professionnelles respectives qui ont décidé d'entreprendre une action concertée afin d'expliquer la situation au donneur d'ordre. Mais, celui-ci souhaitait régler le problème directement avec ses partenaires et une délégation composée des sept principaux opérateurs avec lesquels travaille La Poste et qui totalisent plus de 70 % de ses trafics a été reçue le 15 mars.
« Pour appliquer le relèvement de tarif, La Poste s'est réfugiée derrière l'indice publié par l'Insee qui, selon elle, constitue la base officielle pour la prise en compte des revalorisations. Or on ne sait pas quels sont les éléments constitutifs de l'indice Insee, souligne Alexis Bordet, et l'organisme de statistiques se refuse à les communiquer. Nous en sommes là à l'heure actuelle et, avec l'appui du Medef qui, de son côté, a été saisi par 6 fédérations adhérentes au Comité de Liaisons des Services, notamment la Fédération du Bâtiment, celle du nettoyage et de la Climatisation, l'organisation patronale, estimant que l'incidence de la réduction du temps de travail était également sous estimée, les organisations professionnelles du transport demandent aux entreprises publiques le rétablissement d'une formule d'indexation prenant en compte les indices communs à la profession qui sont fournis, d'une part par le CNL, d'autre part par le CNR qui n'ont jamais été reconnus par l'Insee. Le Comité National Routier a estimé à 7,14 % l'évolution des coûts d'exploitation d'un véhicule en zone longue du fait de l'augmentation du prix des carburants. Elle est plus forte dans le secteur de la messagerie où elle est estimée entre 11 % et 12 %. Selon une enquête que nous avons effectuée auprès de nos adhérents qui représentent 60 % du chiffre d'affaires réalisé dans le domaine du transport express, la hausse sur les salaires représenterait 6 % auxquels s'ajoutent 10 % d'augmentation imputables aux coûts indirects induits. La hausse de tarif proposée, en janvier, par les établissements publics ne couvre même pas le dérapage de 5,9 % enregistré l'an dernier par les coûts de livraison ». Cette situation, néanmoins, va être mise à profit par les trois principales organisations patronales pour remettre un peu d'ordre. En tout premier lieu, elles vont mener une réflexion pour tenter de résoudre les problèmes que pose l'application de l'indice Insee afin de lui substituer les indices de la profession.
Ensuite, elles entendent adopter une démarche à moyen et long terme qui pourrait déboucher sur un modèle de contrat-type.
Des spécialistes ont commencé par lister les sujets qui seront à traiter par le groupe de travail technique qui a été mis en place. Une démarche parallèle, certes, mais qui rejoint certaines orientations qui figurent dans le projet de réforme du Code des marchés publics. Les thèmes évoqués portent, en effet, sur les modalités des appels d'offres, les qualifications de contrat, leur exécution et la formation des prix. La démarche, a priori, viserait à rattacher le transport aux marchés des services.