VIIA a connu une année 2019 contrastée. Alors qu’il avait tablé sur un trafic de 120 000 à 125 000 unités de transport intermodales (UTI), l’opérateur d’autoroutes ferroviaires du groupe SNCF n’en a acheminé que 109 726, ce qui représente une croissance proche de 3 %. Mais cette croissance a été sapée par une succession de complications, à commencer par la coulée de boue dans la vallée de la Maurienne pendant l’été. La perturbation du trafic s’est poursuivie à l’automne avec l’affaissement de la voie près de Béziers. L’année s’est encore plus mal terminée avec les mouvements sociaux début décembre. Les conséquences ont été particulièrement dommageables, le plan de transport n’ayant été assuré qu’à hauteur de 5 à 10 % durant cette période, ce qui a entraîné des pertes de chiffre d’affaires en millions d’euros. Au même titre que d’autres opérateurs fret, VIIA connaîtra prochainement les mesures prises par la DGITM (Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer) pour compenser les pertes accumulées. Les pistes privilégiées visent à exonérer les opérateurs du paiement des sillons durant six mois.
Alors que les grèves ont impacté le mois de janvier 2020, VIIA s’attelle à faire revenir les clients. La filiale de SNCF Logistics a des arguments à faire valoir en ce sens, son réseau s’étant étoffé l’année passée avec l’ouverture des lignes Barcelone-Bettembourg et Calais-Le Boulou via Mâcon.
Avec un retour à la normale prévu fin mars 2020, VIIA va pouvoir capitaliser sur la relance des programmes reportés. C’est le cas d’une sixième rotation hebdomadaire sur Bettembourg-Barcelone et également d’une seconde fréquence quotidienne sur Calais-Le Boulou où un second arrêt à Mâcon est déjà effectif depuis début janvier 2020.
D’autre part, les grèves ont provisoirement retardé l’ouverture de la ligne Sète-Calais, initialement prévue le 15 décembre 2019. Une partie du trafic s’est, en effet, déplacée vers le port italien de Trieste, qui bénéficie, depuis peu, d’une augmentation des fréquences le reliant au hub intermodal de Bettembourg (Luxembourg).
Dans la mesure où les problèmes du transport routier restent les mêmes (pénurie de conducteurs, par exemple), la pression exercée par les clients pour obtenir une vraie solution de report modal stable devrait finir par payer. D’autant que VIIA a lancé, le 4 février dernier, son application mobile conducteur VIIA Drive, la première en transport combiné. Elle est opérationnelle sur le site du Boulou et fait l’unanimité. « Nous avons constaté environ 300 téléchargements par les conducteurs en l’espace de trois semaines seulement. Nous n’en attendions pas autant », se félicite Thierry Le Guilloux, président de VIIA. Revenant sur la genèse de cette application, Christian Morin, chef de site du terminal du Boulou, qui a vu transiter 34 000 semi-remorques en 2019, explique : « Il était nécessaire de concevoir un outil qui apporte une aide concrète aux chauffeurs et facilite le trafic sur la plateforme. Avec VIIA Drive, les conducteurs optimisent leur temps de passage sur la plateforme. » Disponible en dix langues, l’appli engendre des gains de temps lors des contrôles à l’entrée du terminal et donne des informations en temps réel sur la disponibilité des semi-remorques. Avec un code de dépose et/ou de restitution, l’utilisateur génère un QR code (quick response) de pré-enregistrement à présenter à l’entrée pour accéder à la plateforme, localiser, récupérer ou déposer sa semi-remorque rapidement.
Un outil de géolocalisation ainsi que l’historique des déposes et restitution sont également mis à disposition. Cette application pourrait évoluer en fonction du feedback des chauffeurs et des clients. Quant à son déploiement sur d’autres sites, la date n’a pas encore été confirmée. VIIA indique que la phase de lancement au Boulou devrait durer au moins six mois.