Si les départs en CFA se sont avérés moindres en 2014 et 2015, le dispositif reste prisé dans le secteur. Ainsi, quelque 7 607 anciens conducteurs du TRM bénéficiaient du CFA au 31 décembre 2015, selon le rapport 2016 de l’OPTL (Observatoire prospectif des métiers et des qualifications dans les transports et la logistique). En 2015, le nombre de nouveaux bénéficiaires (1 184), bien qu’en hausse par rapport à 2014 où il était tombé au plus bas, est inférieur de 26 % à la moyenne du nombre annuel de nouveaux entrants depuis 15 ans. Ces chiffres moindres s’expliquent en partie par l’accord du 11 mars 2014 relatif au Congé de fin d’activité qui, entre avril 2014 et avril 2015, a porté de 25 à 26 ans le nombre d’années de conduite requises pour être éligible au dispositif. La tendance à la baisse des départs en CFA en 2014 et 2015 pourrait s’inverser en 2016. Devant l’incertitude de l’avenir du dispositif, les transporteurs remarquent de leur côté une augmentation des demandes de départs en CFA à la fin de l’année 2016. « Ils sont plus nombreux à partir en ce moment, particulièrement depuis le mois de juin, a noté Huguette Ambroise, au cours de la journée du « Club de l’OT » qui s’est tenue le 8 décembre. Beaucoup semblent craindre la suppression du CFA. » L’attachement des transporteurs au dispositif a été souligné au cours de l’événement. Ils considèrent notamment qu’il contribue à l’attractivité du métier et à l’embauche des jeunes. La contrepartie d’un départ en CFA qui requiert l’embauche d’un jeune est également appréciée dans un secteur en manque d’attractivité. En 2015, 85 % des cessations d’activité pour cause de CFA ont permis le recrutement d’un conducteur et 2 % l’embauche à un autre emploi. Enfin, 13 % n’ont pas eu de contrepartie d’embauche, notamment du fait de difficultés économiques ou de cessation d’activité.
« Beaucoup partent par peur de l’omniprésence de plus en plus marquée de la technologie, a ajouté Huguette Ambroise. Ils craignent de ne pas réussir à résoudre des problèmes liés à l’informatique embarquée par exemple. Mais nous remarquons aussi que certains conducteurs reviennent après être partis en CFA, afin d’avoir un complément de revenus. Le dispositif est-il encore utile aujourd’hui ? ». Un avis que partage Jean-Jacques Le Calvez qui doute également de la continuité du financement : « Si le CFA est considéré comme une préretraite à partir de 2018, et donc taxé à 50 %, il ne pourra plus être financé. Sans compter que l’État ne veut plus participer au financement. Mais la décision reviendra aux partenaires sociaux. » Pour Chantal Kirmann, les jeunes semblent d’ailleurs beaucoup moins intéressés par le CFA que leurs aînés à leur âge. « Et le compte pénibilité s’additionne au dispositif, ajoute-t-elle. En les cumulant, les conducteurs pourraient partir 5 ans avant l’âge légal de départ en retraite ! ». Joël Vigneron doute également de la compatibilité entre le compte pénibilité et le CFA. « Par ailleurs, lorsque nous posons la question à nos conducteurs, ils répondent en très grande majorité qu’ils préfèrent le CFA », souligne-t-il.