Saisissant l’occasion de la refonte du système de continuité territoriale, l’OTC est en passe de remettre en question un acquis vieux de quarante ans dont bénéficiaient les transporteurs routiers corses. Il prévoit en effet de mettre fin à la gratuité du passage des tracteurs sur les navires de la desserte maritime (Méridionale et Corsica Linea), en vigueur depuis 1973.
Vers un dispositif transitoire
L'Office a mis le feu aux poudres, même si le sujet était évoqué depuis une dizaine d’années déjà sur l’île. Face aux routiers déterminés à paralyser les rues de Bastia et Ajaccio, l'OTC a joué l’ouverture en accueillant le 26 septembre trois représentants du Syndicat des transporteurs corses (STC) au nord de l’île, deux représentants de Strada Corsa au sud. Autour de la table également, des autocaristes corses qui, deux ans auparavant, se sont vus supprimer la gratuité du passage.
À l’issue de la réunion, le président de l’OTC, Jean-Felix Acquaviva, évoquait son souhait d’organiser un dispositif transitoire d’ici la fin de l’année et affirmait sa volonté d’engager une réflexion sur l’organisation logistique dans les ports. "D’octobre à décembre, les transporteurs devront être en mesure d’énumérer les arguments objectifs fondant un surcoût lié à l’insularité. Le dispositif devra se conformer au droit communautaire tout en faisant valoir la spécificité de l’île", précise le président de l’Office.
Dérives autour de la gratuité et de la priorité de déchargement
La gratuité, qui représente une économie de 230 €, par tracteur est assumée par la collectivité (600 000 € par an) et par les deux compagnies maritimes. Pour Corsica Linea et la Méridionale, ces mesures représentent un coût annuel de 400 000 € et un vrai manque à gagner, les tracteurs occupant de précieux mètres linéaires.
Instaurée pour soutenir les PME corses de transport, cette gratuité fait l’objet depuis plusieurs années de nombreuses dérives. Les routiers chargeant délibérément des tracteurs afin de bénéficier de la priorité de débarquement à l’arrivée. Certains insulaires n’hésitant pas à en faire un argument commercial auprès des chargeurs se targuant de sortir les premiers à Bastia.
"En Corse, ce ne sont pas les kilomètres qui comptent mais le temps de parcours. Je reconnais qu’il y a des abus dans la profession. Il faudrait poursuivre le principe de gratuité des tracteurs à la condition que l’ensemble routier soit accompagné d’un chauffeur", précise Jean-Marie Maurizi, président du STC. L’organisation professionnelle doit se réunir de nouveau en octobre avec l’OTC.
Distorsion de concurrence
Cette mesure créerait, selon nos sources, une distorsion de concurrence au sein même de la communauté des transporteurs corses possédant un établissement sur le continent et qui n’acheminent que de simples remorques. D’ailleurs, nombre d’entre eux sont désormais actionnaires de Corsica Linea.
"C’est un moyen pour avoir un bonne place sur le navire puisque les remorques avec tracteur sont déchargées prioritairement. Cela fausse le marché et lorsque nous avons des remorques prioritaires, nous sommes contraints d’ajouter un tracteur", explique l’un d’eux, dénonçant cette dérive clientéliste.
> S'inscrire à la newsletter WK-Transport-Logistique.fr