Symptôme du malaise européen

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Le 24 janvier, des dizaines de chauffeurs se rassemblent à Tucquenieux (Moselle) avant de rejoindre Esch-sur-Alzette (Luxembourg) où sont déjà réunis quelque 120 de leurs collègues. Une centaine d'autres sont immobilisés à différents postes frontières. Ils sont Slovaques, Polonais, Bulgares, Roumains, Tchèques... Tous conduisent des poids lourds aux couleurs de Kralowetz. Un groupe contre lequel le parquet de Munich a lancé, le 22 janvier, une commission rogatoire internationale pour infraction à la législation allemande sur le travail.

Depuis le 7 septembre 2001, celle-ci exige que les chauffeurs originaires de pays tiers à l'Union européenne et conduisant des poids lourds immatriculés dans l'UE soient en possession d'une attestation d'emploi en version originale ainsi que de sa traduction en allemand certifiée conforme. Faute de quoi, ces conducteurs ainsi que leur employeur s'exposent à une amende allant de 5 113 à 255 646 €. Cette récente réglementation anti dumping social a vraisemblablement contribué à faire tomber Kralowetz et ses dirigeants (poursuivis parallèlement pour faux et usage de faux visas). Le P-dg, Karl Kralowetz, ainsi que le responsable de la filiale allemande ont été arrêtés.

D'origine autrichienne, le groupe a installé son siège social au Luxembourg - réputé notamment pour ses faibles taxes d'immatriculations de poids lourds. Spécialisé dans le transport international, Kralowetz exploitait sa flotte à distance grâce au suivi par satellite. Il est implanté dans une dizaine de pays. C'est pourquoi l'Allemagne a étendu son coup de filet à l'Autriche, la Belgique, la France, le Luxembourg, l'Espagne, la République tchèque et la Slovaquie - où le groupe dispose de filiales baptisées tantôt Kralowetz, tantôt United Continent Lines. C'est ce dernier nom que porte l'antenne française. Installée en Moselle, celle-ci était vouée à l'affrétement avec 14 salariés au statut a priori légal. Ce qui ne serait pas le cas d'une grande partie des 600 à 800 personnes qui constituaient l'effectif de Kralowetz. Pour la plupart originaires des pays de l'Est, les chauffeurs n'auraient, pour certains, disposé que de visas touristiques. Si le ministère des Transports luxembourgeois assure que 350 étaient bien inscrits dans ses registres et immatriculés à la sécurité sociale, le syndicat local OGB-L dit n'avoir identifié que 25 salariés Kralowetz dans le Grand-Duché. Cette organisation précise que nombre des conducteurs seraient en fait employés en tant qu'indépendants travaillant « légalement » dans le pays. En étant détenteur d'une action dans le capital de Kralowetz, ils devenaient en effet administrateurs de société. Un statut qui permet de contourner les règles de l'immigration. Ainsi que la législation sociale avec certaines rémunérations établies sur la base de « 0,1 /km ». « Très souvent, les salaires payés n'atteignent pas le salaire minimum légal applicable dans ce pays », déclarait l'OGB-L au quotidien Le Républicain Lorrain... le 29 juin 2001. 25 conducteurs de Kralowetz venaient alors d'être cités avec leur employeur devant un tribunal luxembourgeois pour « embauche illégale de personnels non communautaires ». Il aura fallu l'intervention allemande pour que les frontières tombent.

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