Succès mitigé

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Dans le domaine du transport, les formations avant le bac couvrent tous les diplômes possibles : CAP, BEP, Bac Professionnel. Mais contrairement à ce qui a été constaté pour les formations post bac, le nombre de diplômés n'a pas connu une croissance spectaculaire au cours des dernières années.

Globalement, la formation initiale des jeunes dans le domaine des transports s'est fortement accrue au cours des années 1990, permettant ainsi une hausse du niveau de qualification des jeunes entrants. Ainsi, le dernier bilan social annuel du transport routier note que « le niveau moyen de formation s'est nettement amélioré au cours de la décennie passée. Entre 1990 et 1999, la part des actifs ne justifiant d'aucun diplôme ou titulaires du seul BEPC a diminué de 11%. Aujourd'hui, la proportion de titulaires d'un CAP ou d'un BEP dépasse légèrement celle des non diplômés. »

Le dispositif repose aujourd'hui sur le CAP (Certificat d'Aptitude Professionnel), le BEP (Brevet d'enseignement professionnel), dits de niveau V, et le Bac Professionnel, dit de niveau IV. Les intitulés varient selon le diplôme (conduite routière pour le CAP, conduite et services dans le transport routier pour le BEP et exploitation des transports pour le bac professionnel). Les deux premières formations sont résolument tournées vers les métiers de la conduite. La seconde offre plus de diversité au niveau des débouchés, proposant des postes de conduite ou des emplois administratifs (déclarant en douane, agent d'exploitation, agent de quai, etc.). A côté de ces formations transport, d'autres à vocation plus logistique ont également vu le jour, comme le bac professionnel logistique, le BEP logistique et commercialisation ou le CAP agent d'entreposage et messagerie (la filière logistique forme aujourd'hui plus de 1000 jeunes par an). Enfin, la partie mécanique mobilise également beaucoup de jeunes, à travers des Bac Professionnels, BEP et CAP en maintenance de véhicules, option véhicules industriels (plus de 500 jeunes suivent ces formations chaque année).

Faible croissance

Les BEP et CAP attirent principalement des jeunes issus des classes de seconde ou de troisième. Les bac Pro sont plutôt réservés aux titulaires d'un CAP ou d'un BEP. La répartition par sexes est également à l'image du transport routier en général : 93 % des élèves inscrits en BEP conduite et services sont des garçons (la proportion est de 98 % pour le CAP). Au niveau du bac professionnel, on trouve près de 40% de filles, qu'il s'agisse de la filière exploitation des transports ou logistique.

Mais si le nombre d'étudiants reçus au DUT Gestion Logistique et Transport ou au BTS Transport a été multiplié par cinq au cours des années quatre vingt dix, il n'en va pas de même pour les formations situées en dessous du bac. Le nombre de CAP et de BEP n'a ainsi augmenté que de 34 % au cours de la précédente décennie, pour atteindre tout juste les 3000 dans les établissements gérés ou soutenus par l'AFT-Iftim et Promotrans. La désaffection des CAP est notamment importante. Les sections CAP Conduite Routière dépassent rarement la dizaine d'élèves et au sein des établissements de l'Éducation Nationale, ce ne sont guère plus de 120 CAP qui ont été délivrés en 2000. Mais les CAP entrent en concurrence directe avec les CFP (Certificats de formations professionnels) de l'AFT, de Promotrans, de l'AFPA et de l'armée. Les CFP s'adressent à des jeunes d'au moins 18 ans, sur la base d'un contrat de qualification comprenant donc une formation « light ». La partie études est limitée à 12 semaines pour l'option marchandises sur porteur et à 7 semaines pour l'option grand routier marchandises. L'élève obtient au final un titre de niveau V (ce n'est pas formellement un diplôme) et une FIMO (Formation Initiale Minimum Obligatoire) à la clé. Compte tenu de leur caractéristique très pratique (beaucoup de conduite et peu de théorie), les CFP attirent davantage que les CAP, puisqu'en 1999, plus de 8500 jeunes ont suivi des formations délivrant un CFP.

Pour les BEP, plus de 50 établissements de l'Éducation Nationale ont ouvert une section « BEP Conduite et Services ». Les effectifs se situent, en moyenne, aux alentours de la vingtaine, avec de belles réussites à Poitiers (lycée du Porteau) et Pont du Château, dans le Puy de Dôme (lycée Boulanger). Et le nombre de diplômés est évidemment plus conséquent, de l'ordre du millier.

Le bac professionnel a connu plus de succès, avec une hausse de 163% (plus de 1200 diplômés), mais il est vrai que sa création date de la fin des années quatre vingt et que sa véritable montée en puissance (toutes disciplines confondues) s'est faite au début des années quatre vingt dix. D'ailleurs, on constate un tassement du nombre d'inscrits au cours des dernières années. Dans les établissements soutenus par l'AFT-Iftim, le nombre d'inscrits à la rentrée 2000 est même passé sous la barre des mille, alors qu'on avoisinait 1100 en 1999. Seul constat vraiment rassurant : les demandes d'ouverture d'une section Bac Professionnel Exploitation des Transports sont encore soutenues, avec récemment des dossiers déposés par les lycées de Marmande, Chalon-sur-Saône, Pont à Mousson, Albi.

Demandes insatisfaites

Malheureusement, les progrès enregistrés par les BEP et les Bacs Professionnels ne suffisent pas à combler les demandes des entreprises. La plupart de ces formations concernent principalement des postes de conduite et accessoirement d'exploitation (avec un niveau au moins égal à celui du bac professionnel). « Or le transport comprend beaucoup d'autres métiers que celui de chauffeurs routiers, insiste Pierre-Yves Bouscaud, DRH du groupe SDV. Pour prendre en compte cette réalité, nous disposons d'un outil de référence, la convention collective, qui n'est pas adapté. Tout ce qui touche à l'informatique, aux nouvelles technologies de la communication, au commercial, à l'overseas constitue aujourd'hui des métiers à part entière, avec des compétences particulières. » Et le fait est que les formations de type BEP, CAP, Bac professionnel, ne sont pas ouvertes à l'ensemble des panels de métiers. Le contenu pédagogique des bacs professionnels mériterait d'être revu pour être davantage tourné vers des formations multimodales.

Trouver des jeunes motivés

Il faut aussi compter avec la désaffection des jeunes envers les métiers du transport. « Notre casse-tête actuel réside bien là, insiste Bernard Prolongeau, président de l'AFT-Iftim. Il nous faut trouver des jeunes motivés pour exercer le métier. L'objectif est d'autant plus difficile à atteindre que nous sommes aujourd'hui confrontés à l'arrivée de classes d'âge creuses qui préfèrent se tourner vers d'autres formations. »

De plus, une FIMO, qui permet l'exercice du métier de chauffeur routier, s'obtient en quatre semaines, alors qu'une formation équivalente de type CAP, qui donne l'équivalence à la FIMO, nécessite que le jeune s'investisse au moins un an, voire deux. Comment dans ce cas là valoriser les formations CAP ? Les organismes de formation et organisations professionnelles et syndicales ont du mal à reconnaître cet état de fait s'abritant bien souvent sur les effets d'image de marque et la fin du service militaire obligatoire. « Il est extrêmement difficile de trouver aujourd'hui un jeune formé et capable d'appréhender les problèmes d'une livraison, constate Jean-Pierre Lucas, consultant. Et beaucoup de jeunes qui viennent en apprentissage dans les entreprises de la distribution ne finissent pas leur formation et quittent leur entreprise dès lors qu'ils ont trouvé un poste assez bien rémunéré. »

Apprentissage, qualification, adaptation
Quelles différences ?

Un CAP, un BEP ou un Bac Professionnel s'obtient de deux manières : en scolarité à temps plein, sur des cursus prévus pour durer deux ans. Mais des dérogations peuvent être obtenues pour les faire en un an. Ainsi, un titulaire d'un BEP autre que celui de conduite et services dans le transport, sera dispensé de la première année consacrée aux enseignements généraux. Le processus est le même pour les bac Pro et les CAP.

Les élèves peuvent également suivre un enseignement par la voie de l'apprentissage ou par le biais de contrats de qualification, d'orientation ou d'adaptation. C'est le principe de l'alternance.

Dans le cas de l'apprentissage, un jeune qui a entre 16 et 25 ans, suivra une scolarité entrecoupée de présences longues au sein d'une entreprise. Il percevra une rémunération (25% du SMIC et même au delà, en fonction de son âge et du secteur professionnel). La quasi totalité des diplômes de niveau V et IV peuvent être obtenues par cette voie (CAP conduite routière, BEP conduite et services, Bac Pro, etc.). Plusieurs diplômes de l'enseignement supérieur sont également accessibles par l'apprentissage, comme les BTS, les DUT, l'École Supérieure des Transports, l'ESILOG (École supérieure internationale de logistique) et le TSMEL (Technicien supérieur en méthodes et exploitation logistique).

Les contrats d'orientation, de qualification ou d'adaptation, sont destinés à favoriser l'insertion des jeunes dans la vie professionnelle, tout en leur permettant de poursuivre une formation. Ils signent un contrat à durée déterminée (entre 6 et 24 mois) avec une entreprise. Celle-ci s'engage à laisser une partie de temps disponible au jeune pour lui permettre de suivre une formation (sur un délai de 25% de la durée du contrat pour les contrats d'orientation et de qualification et pendant 200 heures pour les contrats d'adaptation). La quasi totalité des diplômes de niveau IV (Bac Pro) et V (CAP, BEP) peuvent être obtenus avec un contrat de qualification à la clé. Pour l'enseignement supérieur, les opportunités sont plus rares, si ce n'est notamment pour les BTS, les TSMEL et les attestations commercial transport et logistique et technicien d'exploitation en transport routier. D'ailleurs, sur les quelques 7000 contrats jeunes-entreprises signés en 1999, près de 4800 concernaient uniquement des formations liées à la conduite de véhicules (CFP Chauffeur routier).

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