Les multiples essais de camions autonomes réalisés par Uber, près de 550 km à travers l’Arizona sans que les chauffeurs ne touchent le volant, le font doucement sourire. Stefan Seltz-Axmacher, patron de la start-up Starsky Robotics, vient d’annoncer qu’il avait lâché mi-février un camion véritablement autonome, avec aucune personne à bord, sur une route quasi déserte de 11 km en Floride, l’un des États les plus laxistes en matière de conduite automatisée (comme l’Arizona). Une première, précédée de nombreux essais préalables, notamment pour convoyer de la nourriture après le cyclone Irma en septembre dernier.
Un travail "désagréable et dangereux"
Starsky Robotics, basée à San Francisco, vient de lever 16,5 millions de dollars pour développer sa propre vision du camion automatisé. "Nous voulons faire sortir les conducteurs des cabines parce que le travail est désagréable et dangereux", déclare en effet Stefan Seltz-Axmacher. Ce dernier soutient que l’organisation du camionnage aux États-Unis est mauvaise, avec des conditions de travail inconfortables, de longues heures passées derrière le volant qui laissent peu de temps pour les amis et la famille, et les salaires insuffisamment élevés pour compenser ces inconvénients.
Starsky Robotics ne compte pas se passer définitivement de chauffeurs : l’entreprise veut les garder, mais bien au chaud, derrière un bureau. Il s’agit en effet de rendre les camions autonomes sur l’autoroute, et confier les phases de chargement et de livraisons à des chauffeurs-superviseurs, chargés de gérer ces opérations à distance.
Un contrôle à distance de 10 à 30 camions
La start-up, qui n’emploie que quatre conducteurs pour le moment, compte passer à une échelle supérieure et en installer bien plus dans des sortes de centre d’appels, afin de leur confier le suivi de 10 à 30 véhicules chacun, par le biais d’une liaison vidéo. En cas de besoin, les chauffeurs peuvent reprendre le contrôle du véhicule, en disposant d’un volant-joystick, des pédales et d’un tableau de bord reconstitué, aidé par plusieurs écrans simulant ce que verrait un véritable conducteur assis dans son camion (vision de face, rétroviseurs et caméras de recul).
Cette stratégie, si elle venait à être adoptée, éviterait les ruptures de charges dans des hubs situés aux abords des grandes villes, comme le prévoit notamment Uber ou la start-up Embark : ici, le relais de conduite s’effectue par le biais d’une application. Starsky Robotics compte effectuer ses premières livraisons d’ici la fin de l’année pour le compte d’entreprises tierces.