C’est une première en France qui intervient dans le contexte de l’affaire Volkswagen : le gouvernement entend rapprocher la fiscalité sur le diesel de celle appliquée à l'essence. À l’issue d’une réunion qui s’est tenue le 14 octobre à Matignon en présence de Manuel Valls, Ségolène Royal, Emmanuel Macron et Michel Sapin - mais en l’absence du secrétaire d’État chargé des Transports, Alain Vidalies -, le gouvernement a annoncé une hausse de la TICPE sur le gazole de 1 centime par an sur cinq ans à compter du 1er janvier 2016.
Dans un communiqué commun publié le 15 octobre, les trois fédérations FNTR, TLF et l’ Unostra ont vivement réagi à cette annonce. "Nous nous opposons à toute hausse de la fiscalité sur les carburants au 1er janvier 2016", explique Nicolas Paulissen, le délégué général de la FNTR. "La profession avait accepté une majoration de la TICPE au 1er janvier 2015 pour compenser l’abandon de l’écotaxe. Or, cette augmentation viendra s’ajouter à l’augmentation de 2 centimes de la taxe carbone déjà prévue au 1er janvier 2016".
Pas d'alternative au diesel pour le transport routier
Si le particulier a la possibilité de choisir à l’achat entre un véhicule diesel et essence, le secteur du transport routier de marchandises n’a pas le choix. "Pour des raisons technologiques, il n’existe pas de motorisation essence pour les poids lourds", poursuit Nicolas Paulissen. Une manière de marteler que le gouvernement fait fausse route et qu’il devrait plutôt regarder la spécificité du transport routier de marchandises.
L’OTRE est sur la même longueur d’onde que ses trois consoeurs. "Il ne peut y avoir de majoration de la fiscalité gazole pour le transport routier de marchandises, car nous n’avons pas d’alternative pour renouveler notre parc de véhicules", confirme de son côté Gilles Mathelié-Guinlet, secrétaire général de l’OTRE. "Sans compter que toute majoration de TICPE aura de facto un impact sur les exploitations car les entreprises devront faire une avance de trésorerie".
Lors du vote de cette augmentation dans la nuit du 15 au 16 octobre, le député socialiste Olivier Faure, parlementaire influent au Palais-Bourbon, a redit n’avoir pas apprécié la manière dont le gouvernement avait dégainé cette mesure en les prévenant tardivement. L’élu francilien aurait souhaité que la recette dégagée serve au financement de l’AFITF et à l’évolution vers un "parc automobile plus propre".
Un impact "nul" pour les professionnels, selon le gouvernement
Pour l’heure, qu’en sera-t-il de l’impact immédiat sur le transport routier ? "L’impact sur les professionnels, agriculteurs, taxis, transporteurs, sera nul dans la mesure où pour eux le montant de la TICPE est fixé en valeur et n’est pas lié à ces augmentations", a affirmé le secrétaire d’État au Budget, Christian Eckert, en réponse à des questions du député UDI Charles de Courson.
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