« Opco Mobilités fonctionne à partir des politiques de chaque branche »

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Issu de la loi Pour la liberté de choisir son avenir professionnel, Opco Mobilités est opérationnel depuis le 1er septembre. L’organisme qui regroupe 21 branches et la RATP laissera la place aux branches pour décider de leurs politiques de formation, assurent Jean-Louis Vincent (TLF), président d’Opco Mobilités, et Florence Diesler, directrice générale adjointe.
Opco Mobilités est opérationnel depuis le 1er septembre. Comment se présente la gouvernance d’Opco Mobilités ?

Jean-Louis Vincent : Nous avons réussi l’intégration entre les équipes qui venaient de l’Opca Transports et Services et l’ANFA (Opca des services automobiles), avec un comité de direction composé à 50/50 des deux entités. La création de l’Opco (opérateur de compétences) a été une réelle transformation, tant dans la gouvernance que dans l’accompagnement et dans le financement. Opco Mobilités regroupe 21 branches et la RATP, représentant 220 000 entreprises et 1,7 million de salariés, regroupés en 13 Conseils de métiers, dont celui des transports routiers et activités auxiliaires, qui comprend le TRM et reste le plus important avec les services de l’automobile. Le législateur a voulu que les missions qui nous ont été confiées soient portées par les partenaires sociaux de chaque branche, selon leur représentativité patronale et syndicale. Le conseil d’administration est par ailleurs composé des représentants patronaux, syndicaux et des représentants du gouvernement.

Quelles sont les missions d’Opco Mobilités ?

J.-L. V. : L’organisme a pour mission de structurer l’emploi et les compétences des métiers de la mobilité des personnes et des marchandises, en s’inscrivant entièrement dans les enjeux des transitions énergétiques, numériques et écologiques. Pour cela, nous avons cinq volets d’action. Tout d’abord, un rôle de conseil : nous apportons des réponses individualisées au niveau des branches et des entreprises. Ensuite, nous informons les salariés, les demandeurs d’emploi et les jeunes sur les dispositifs de formation. L’Opco promeut également les métiers des branches, par exemple via la gestion des observatoires et un appui aux moyens de recrutement. Il y a aussi un volet sur l’anticipation de l’évolution des métiers et des emplois. Enfin, nous avons un rôle de financement sur les dispositifs de l’alternance, de l’apprentissage et du développement des compétences. Jusqu’en 2022, l’Opco procède encore à la collecte. À terme, cette mission reviendra à l’Urssaf. Les fonds seront consolidés au sein de la Caisse des dépôts (CDC).

• Avec 22 branches réunies au sein de l’Opco, certaines craignent de disposer de moins de poids dans les négociations. Quelle sera la place du transport routier ?

J.-L. V. : Sur la partie gouvernance, il y a une cohérence, le TRM représentant plus de 40 % d’Opco Mobilités. Par ailleurs, l’organisme m’a nommé président en tant que représentant de TLF, donc du TRM et de la logistique. Bien sûr, les décisions seront prises par le Conseil d’administration, donc au niveau d’Opco Mobilités et non du seul transport, mais c’est la gouvernance voulue par le législateur.

Florence Diesler : Au moment de la création de l’Opco, il y a eu un choix de fonctionner à partir des politiques de chaque branche. L’organisme possède un conseil d’administration mais, ensuite, chaque branche a constitué son conseil de métier, même celles de moindre poids comme le maritime. C’est au sein du conseil de métier transports routiers et activités auxiliaires (transport de marchandises, de voyageurs, sanitaire) que la politique de la formation de la branche définie par la CPNE sera mise en œuvre, en accord avec les décisions du conseil d’administration qui s’imposent de manière générique et qui ne décideront pas dans le détail de la politique de formation de la branche.

• Comment s’organisera la communication auprès des entreprises en région ?

F. D. : Les missions sont mises en œuvre par un service de proximité que l’Opco a souhaité renforcer avec presque 200 personnes qui travaillent dans les Régions. Pour un maillage au plus près des entreprises, des implantations ont été mises en place dans toutes les Régions, dans le chef-lieu et dans des antennes régionales. Elles auront un rôle clé pour nos missions de développement de l’alternance et, désormais, de l’apprentissage.

J.-L. V. : Ce maillage s’avère important, notamment dans l’accompagnement des petites entreprises, qui est l’un des volets sur lesquels nous sommes attendus dans le cadre de cette réforme.

• Comment est définie la répartition du financement entre les Opco et comment sont fixés les niveaux de prise en charge ?

F. D. : Les fonds sont affectés à France Compétences conformément aux dispositions réglementaires et l’organisme fixe les règles de dépenses pour les Opco. Plusieurs critères entrent en jeu : la collecte, le nombre d’entreprises, le nombre de dossiers d’alternance, de dossiers de formation de salariés d’entreprises de moins de 50 salariés… Une fois les fonds affectés reçus, le conseil d’administration de l’Opco fixe les règles de répartition. Concernant les niveaux de prise en charge, ils sont fixés par le conseil d’administration en fonction des branches et publiés sur le site d’Opco Mobilités.

J.-L. V. : Le budget est général au niveau d’Opco Mobilités, il faut donc que tout le monde se mette d’accord.

• Avec la réforme, les entreprises ont finalement accès à moins de financement pour la formation…

F. D. : La branche du TRM n’a pas établi de contribution conventionnelle obligatoire mais une obligation d’investissement de formation de 0,5 % de la masse salariale de l’entreprise. Précédemment, les entreprises de moins de 300 salariés pouvaient bénéficier de fonds mutualisés pour des actions de formation dans le cadre de leur plan de formation. Il y avait également une contribution sur le CPF. Or, la réforme de la formation professionnelle a transformé les modalités financières. Les entreprises de 50 salariés et plus, en versant la même somme, ont accès à moins de fonds mutualisés. Elles peuvent bénéficier de financement sur les contrats pro et d’apprentissage, sur le Pro-A et c’est tout. En revanche, pour les sociétés de moins de 50 salariés s’ajoute le financement d’actions de formation sur le plan. Elles peuvent aussi bénéficier de missions d’accompagnement renforcé.

• Des thèmes seront-ils abordés de façon transversale entre les branches ?

F. D. : L’Opco regroupe quatre commissions permanentes – sur l’alternance, sur le développement des compétences des sociétés de moins de 50 salariés, sur les observatoires et certifications et une sur l’offre de service et la mission territoriale. Elles sont interbranches, composées de représentants de chaque conseil de métier, et travailleront ensemble sur les actions choisies par les branches pour être transverses. Cela peut concerner la création de certifications communes ou passerelles, entre une branche et une autre, ou l’organisation d’actions communes pour développer l’alternance. Des commissions thématiques sont prévues dans les statuts. Il n’y en a pas pour l’instant mais elles peuvent être créées en fonction des sujets d’actualité.

J.-L. V. : On entend dire que les branches perdent un peu leur indépendance avec la création de l’Opco. Mais l’Opco apporte la possibilité de travailler ensemble et d’apporter un genre de benchmark et de partage de bonnes pratiques entre les branches. Les services de l’automobile qui avaient les mêmes problématiques que nous sur le recrutement nous ont beaucoup appris sur l’apprentissage, bien plus utilisé dans ce secteur. On apprend chacun des autres.

• La promotion de l’alternance et de l’apprentissage sera l’une des priorités pour l’Opco Mobilités. Comment se traduira-t-elle ?

F. D. : Par le financement des dossiers, par l’accompagnement des entreprises et CFA dans l’établissement de contrats et de paiement ou encore par la mise en place d’équipes dédiées dans les territoires. Un gros chantier sur l’apprentissage, encore peu utilisé dans le transport, démarre. On sent que les choses changent et que les entreprises s’y intéressent. Elles apprécient ce mode de formation, notamment parce qu’il permet d’intégrer une personne dans l’emploi efficacement. De grands mouvements sont en cours pour proposer plus de formations en apprentissage aux entreprises. Nous communiquerons sur le Pro-A lorsqu’il y aura un accord avec les partenaires sociaux. Cet outil sera important pour les entreprises puisqu’il accompagnera des projets de promotion ou de reconversion de leurs salariés qui visent des certifications. Ce dispositif s’adresse à des salariés qui ont un niveau de formation initiale inférieure à la licence. Nos conseillers pourront identifier avec les entreprises les projets pour lesquels le Pro-A présente un intérêt ou réalise une action de formation vers la promotion ou la reconversion.

Promouvoir les métiers de la mobilité

Opco Mobilités développe plusieurs actions dans le cadre de la promotion des métiers. Les 6 et 7 février, l’organisme a notamment inauguré à Rouen son premier village consacré à la promotion des métiers des entreprises et des branches de son périmètre à l’occasion du Salon régional de l’orientation et des métiers. Plus de 120 métiers sont présentés, répartis dans 12 pôles thématiques dont celui du Village des métiers de la mobilité. Parmi les exposants figuraient le groupe Charles André, mais aussi l’AFT, les organismes de formation Aftral et Promotrans, ainsi que les CFA et lycées professionnels de la Région Normandie. Une vingtaine d’autres participations à des salons sur tout le territoire sont d’ores et déjà programmées pour 2020.

G. I.

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