DOMINIQUE DENORMANDIE : Pour les modes alternatifs à la route, nous n’avons jamais eu un alignement des planètes aussi positif pour notre profession ! Avec Nicolas Hulot, nous avons un ministre d’État écologiste pugnace. Il porte ces valeurs depuis longtemps et sans compromis.
La ministre des Transports, Élisabeth Borne, vient du monde ferroviaire, sa connaissance de notre milieu s’avèrera certainement précieuse pour nous. Nous fondons beaucoup d’espoir aujourd’hui sur ce binôme, nous verrons dans quelques mois… Quant aux deux directeurs de cabinet, Michèle Pappalardo et Marc Papinutti, ils ont respectivement dirigé l’ADEME et les Voies Navigables de France (VNF). Si avec ces quatre personnalités nous ne progressons pas, en France, sur les sujets des modes de transport alternatifs, alors nous n’y parviendrons jamais !
D. D. : Nous souhaitons que le dispositif de compensations financières en cours soit maintenu et que la ministre promeuve le transport combiné à l’intérieur du gouvernement, afin que nous soyons soutenus beaucoup plus que nous ne l’avons été jusqu’à présent. Je souligne, entre autre, que notre mode de transport apporte un confort sociétal indéniable à nos concitoyens. Il est grand temps que le transport combiné se développe davantage en France. Nous avons besoin du soutien des pouvoirs publics pour que toutes les actions entreprises et à entreprendre permettent à ce mode de fonctionner plus efficacement.
Entre autre, notre service est régulièrement perturbé par des grèves d’agents de la SNCF — que ce soit Réseau ou Mobilités — et nous aimerions que cela cesse. La ministre ne pourra pas tout faire, mais nous attendons que des mesures soient prises pour que nous ne soyons plus confrontés à des blocages comme ceux que nous avons subis l’an dernier. Nous subissons aussi des grèves de 59 minutes qui parfois s’additionnent le long de nos parcours. Cumulées, elles peuvent entraîner d’importants retards sur les horaires de nos trains, c’est insoutenable.
D. D. : Il s’agit de fret ferroviaire conventionnel. Le maintien de ces trains était sur la sellette depuis un certain temps… Nous n’avons pas d’autres informations à ce sujet.
D. D. : La suppression de ces trains complets frigorifiques pourrait être résolue en partie par un service de combiné rail-route pour ce qui concerne la longue distance : ce peut être une bonne opportunité pour le transport combiné, mais nous n’éviterons pas les pré et post-acheminements routiers (au demeurant très courts…).
D. D. : Ce n’est pas son rôle. Il existe un mal profond chez les agents. La grève est presque un sport national et un droit constitutionnel qui les couvrent et ils en usent, voire en abusent. Même en discutant avec des représentants syndicaux nationaux, nous ne serions pas à l’abri, sur un trajet, d’être confrontés à un conflit ponctuel à un endroit ou un autre. Nous ne pouvons pas nous immiscer dans les affaires sociales internes à la SNCF. Je voudrais cependant faire remarquer aux syndicats de cheminots qu’ils doivent prendre conscience qu’à utiliser le droit de grève à tout va (et en particulier pour des causes qui ne les concernent pas…), ils risquent à terme de scier la branche sur laquelle ils sont assis ! Et ils ne peuvent d’un côté, s’insurger contre l’arrêt des trains de primeurs de Perpignan en invoquant un non-sens économique, social et environnemental, et de l’autre, gêner la circulation de nos 180 trains quotidiens de nuit, par leurs mouvements de grèves imprévisibles !
Il y a grâce au TCRR – qui représente 30 % des tonnes km du fret ferroviaire en France et seule activité en croissance depuis 2010 — un fantastique levier de développement du transport ferroviaire. La reprise économique se fait sentir depuis le début de l’année et la profession du transport routier manque cruellement de conducteurs… Dois-je rappeler que nos chargements voyagent sans conducteurs routiers sur la longue distance grâce au rail ?
D. D. : Cette plateforme de triage est prévue pour des trains conventionnels, pour des wagons isolés. Elle semble désormais surdi-mensionnée mais c’est à la SNCF de prendre ses décisions. Sotteville touche l’axe Paris-Le Havre. Une gêne pourrait être à craindre sur cet axe-là durant cette période. Si les agents de Paris sont solidaires, le problème sera plus grave car bon nombre de nos trains passent par la région parisienne. Ce préavis court sur une période longue, la grève peut avoir lieu n’importe quand, sur un laps de temps non prévisible et sur des créneaux de 59 mn et ce, sur des sites différents et entraîner de forts retards. Beaucoup de poids lourds supplémentaires pourraient alors se retrouver sur les routes.