Livraison urbaine, une préoccupation pour les collectivités

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Fin mars, l’association Electric Road s’est arrêtée à Rouen pour son premier colloque en région. L’occasion pour les collectivités, les constructeurs, les chargeurs, les associations et autres experts de l’urbanisme d’échanger sur les installations et aménagements nécessaires pour les livraisons en ville. Focus sur deux grandes villes normandes, Rouen et Le Havre.

Comment monter une logistique urbaine durable, voire électrique, en Normandie ? Voilà ce que les organisateurs souhaitaient entendre et partager lors du forum Electric Road en mars. Les collectivités et les acteurs du transports, eux, voient surtout des solutions de mobilité électrique vite limitées en ville en raison des contraintes de matériels (camions et bornes à installer). Selon Samuel Déprez, maître de conférence en géographie, spécialiste de la logistique urbaine à l’Université du Havre, « l’organisation de la voirie constitue un élément ; l’évolution sur le transport électrique un autre. Entre les deux, un point primordial : ce que génère chaque activité au moment où l’on va l’impliquer ou la positionner dans l’espace urbain ». Autrement dit, il faut étudier les flux de marchandises dans la ville. Le géographe explique qu’il faut « se poser des questions de morphologie urbaine, de ratio de l’espace, de répartition des équipements commerciaux et de structuration de l’espace afin de travailler sur l’amélioration de la livraison ». « Le Havre et Rouen obéissent ainsi à deux morphologies urbaines différentes, explique Samuel Déprez. La ville connaît une séparation très stricte des fonctions économiques et plus génératrices de mouvements (industrie) ».

Localiser les places de livraison

« Le Havre ayant été totalement bombardée durant la Seconde Guerre mondiale, la ville a bénéficié d’une reconstruction complète avec une voirie assez large », précise Aude Philippe, responsable Information Économique à la Chambre de commerce et d’industrie de Seine-Estuaire. Malgré un trafic fluide dans l’ensemble, les transports en commun pâtissent par endroits de ralentissements liés aux livraisons. La communauté d’agglomération s’est donc rapprochée de la CCI afin de remédier au problème avant qu’il ne devienne trop « compliqué ». Celle-ci a travaillé de façon « innovante » en rencontrant les acteurs (transports, commerçants et institutionnels) séparément. Plusieurs actions concertées ont été menées ou restent à déployer sur 2017 : mieux localiser des places de livraison afin de mieux les dimensionner pour accueillir les transporteurs routiers dans la ville, mise en place d’une réglementation concernant les horaires de livraison pour éviter l’utilisation par les automobilistes, communiquer auprès des consommateurs (« pas de camion en ville, pas de produits ») et définir un site expérimental ou des sas pour réaliser des livraisons nocturnes.

Projet « cœur de métropole »

À Rouen, la « morphologie urbaine » se révèle bien différente avec une « imbrication et mixité fonctionnelle plus forte et un tissu urbain qui mène l’activité industrielle et la fonction traditionnelle de la ville », commente Samuel Déprez. Le projet « Cœur de Métropole », en cours de réalisation, doit rendre le centre-ville — historique — plus attractif par de meilleurs aménagements des espaces publics et s’inscrit dans la durabilité. Élevé à 30 millions d’euros, le plan prévoit notamment des travaux de chaussées et voiries que Rouen Métropole ne veut pas voir détruits dans deux ou trois ans à cause de règles strictes de circulation imposées sans concertation préalable. « La dernière génération de plans de déplacements urbains (PDU) impose d’avoir un volet sur le fret et la logistique », indique Catherine Goniot, directrice générale adjointe du département Espace Public et Mobilité Durable. Des discussions entre les acteurs de la ville ont été entamées pour tenter de trouver les meilleures solutions de circulation possible. Cependant, la Collectivité dispose de peu de leviers en dehors des réglementations. L’entrée en vigueur de la réforme nationale du stationnement le 1er janvier 2018 (décentralisation et dépénalisation des amendes) obligera la ville à effectuer un contrôle sévère du stationnement, un contrôle automatique avec relevé de plaques par un véhicule permettant une verbalisation dématérialisée. À Rouen, ce dispositif doit notamment protéger les aires de livraison. En pleine mutation, la ville aux cent clochers prépare, aujourd’hui, le bâti de demain. Elle réfléchit aux moyens de faciliter les accès de livraisons aux commerçants mais aussi aux particuliers, devenus donneurs d’ordre potentiels avec le e-commerce.

Rouen, le plan « ville respirable en 5 ans »

En 2015, Rouen Métropole a été retenue parmi 20 collectivités françaises dans le projet “villes respirables en cinq ans” afin de lutter contre la pollution. Durant 5 ans, elle peut bénéficier d’une aide financière maximum de 1 M€ par les services de l’État et l’Ademe afin d’engager des actions en faveur des transports en commun ou des aménagements cyclables. Une zone à circulation restreinte (ZCR), interdite aux véhicules polluants, reste à définir. Elle touchera surtout les transporteurs et pose le problème de la livraison du dernier kilomètre. Rouen Métropole lance donc un appel à manifestation d’intérêt pour créer un quartier laboratoire autour de la logistique urbaine. Commerçants, constructeurs, transporteurs… Chacun est invité à participer à protéger les aires de livraison, à employer de petits véhicules, électriques ou autre. L’idée est d’expérimenter ce qui pourrait fonctionner.

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