Pour faire tourner leurs futurs camions électriques, les constructeurs européens pourront peut-être s’approvisionner auprès d’une filière locale. C’est tout l’objectif de l’Airbus des batteries que l’Union européenne vient enfin de lancer. Après des mois d’attente, sept États membres, avec en tête de file l'Allemagne et la France, ont été autorisés le 9 décembre par la Commission européenne à apporter une aide publique de 3,2 milliards d'euros pour développer le secteur des batteries électriques. Une mesure destinée à faire émerger une industrie compétitive face à l’hégémonie des fabricants asiatiques comme les Chinois BYD ou CATL, le Coréen LG Chem ou le Japonais Panasonic.
Plus de 8 milliards au total
L'Allemagne est autorisée par la Commission à investir jusqu'à 1,25 milliard d'euros, la France 960 millions, viennent ensuite l'Italie (570 millions), la Pologne (240 millions), la Belgique (80 millions), la Suède (50 millions) et la Finlande (30 millions). En complément de l'investissement des États concernés, des investisseurs privés devraient mobiliser 5 milliards d'euros supplémentaires. Ce projet important d'intérêt européen commun (PIIEC) comptera 17 participants directs de toute la filière, comme les constructeurs automobiles PSA et BMW ou les fabricants de batteries comme Saft, BASF ou Solvay. La France prévoit notamment la mise en place d'une première usine pilote en Nouvelle-Aquitaine. Attendue en 2020, celle-ci sera complétée par un second site de production en 2022. Une seconde usine ouvrira ses portes en Allemagne en 2024.
Maîtrise complète de la chaîne de production
Ce projet "d’Airbus des batteries" a d’abord pour objectif de développer les batteries Li-ion "qui ont une plus longue durée de vie, se rechargent plus vite et sont plus sûres et plus respectueuses de l'environnement que les batteries actuellement sur le marché". Mais il sera difficile de déboulonner les Asiatiques, déjà bien positionnés sur cette technologie. C’est pourquoi les Européens sont surtout attendus sur les batteries de quatrième génération, dite solides, dont la densité énergétique est plus élevée et mieux sécurisée face au risque d'emballement thermique. Plus que la seule production de cellules de batteries, les industriels européens devront maîtriser l’ensemble de la chaîne de l'extraction du minerai, son traitement, la fabrication des cellules et des batteries, leur montage jusqu’à la phase de recyclage.