Les raisons d'une grève

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« Appliquer de manière stricte nos conditions générales de vente pour assurer la sécurité de nos personnels », c'est la voie choisie par TLF (Fédération des entreprises de transport et logistique de France) pour protester contre la multiplication des banquettes à Paris.

« Le contrat-type prescrit l'arrêt de l'activité dès lors qu'un danger menace les salariés » indique Alain Bréau, co-président et pdg de Mory Group. C'est le cas avec les murets édifiés cet été rue de Rivoli et boulevard de Sébastopol qui les exposent au risque d'être renversés par un bus, un taxi ou un vélo ». Concrètement, les entreprises de messagerie et de transport express adhérentes de l'organisation professionnelle ont été appelées les 19, 20 et 21 novembre à refuser de desservir les 200 points de livraison situés sur ces deux axes. Les destinataires riverains se sont vus délivrer un avis de passage qui mentionne le lieu où ils pourront venir retirer leurs colis dans les trois jours. Une procédure prévue en cas d'inaccessibilité du lieu de livraison. « Cette opération constitue une première réplique à la non écoute de la municipalité parisienne qui refuse de prendre en compte les réalités de la vie économique. Nous avions demandé qu'un bilan soit tiré des premières mesures de réorganisation de la voirie avant leur extension. Or, 34 km de banquettes supplémentaires ont été votées récemment sans que ces travaux n'aient été réalisés ». Les mesures décidées par la Mairie portent pourtant gravement préjudice aux conditions de travail des personnels ainsi qu'à l'activité des entreprises de messagerie, constate TLF. Laquelle en veut pour preuve les résultats d'une enquête menée par la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) de Paris entre le 18 septembre et le 8 octobre auprès de 440 sociétés installées rue de Rivoli. Il en ressort que 36 % des livraisons sont d'un poids supérieur à 100 kg - d'où l'utilisation impérative de rolls ou de transpalettes - et nécessitent un trajet à pied sur une distance supérieure à 50 mètres. « Nous assistons à une déviance dans les fonctions de nos conducteurs : ils n'ont pas vocation à trimballer des palettes sur 200 m en raison d'aires de livraison en nombre insuffisant, inaccessibles ou inadaptées à la manutention » soulève Claude Leroi, président d'honneur de TLF et représentant des transports à la CCI. Ainsi, les espaces nouvellement aménagés pour les véhicules de livraison - les Lincoln - mordent sur les trottoirs, « ce qui ne va pas sans danger pour les piétons ».

La qualité de service des messagers serait également mise à mal. 72 % des destinataires interrogés auraient déjà constaté des retards de livraison. La durée des opérations passant à 20 minutes pour les colis destinés aux particuliers et à 40 mn pour les palettes. Un allongement qui pèse sur la productivité des entreprises spécialisées et donc sur leurs coûts. « L'augmentation peut être estimée entre 25 et 40 % sachant que la partie livraison représente de 30 à 35 % d'une prestation de messagerie » souligne Claude Leroi. « Les prix de transport devront être majorés d'où une fragilisation du commerce en centre ville ». TLF, qui craint les risques d'extension des banquettes à d'autres villes françaises, demande donc l'arrêt pur et simple du dispositif parisien aux 7 km déjà aménagés, ainsi qu'une révision des Lincoln dans le sens de leur allongement à 9 mètres et leur installation à une distance correcte (50 m) des magasins à livrer. Leur accès devrait être exclusivement réservé aux professionnels par un système de clés. Mais surtout TLF en appelle à la discussion. Faute de quoi, menace-t-elle, le mouvement de grève pourrait s'intensifier.

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