Les poids lourds au compte-gouttes

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Le 25 juin, toutes les catégories de poids lourds devraient pouvoir à nouveau emprunter le tunnel du Mont-Blanc. Au prix fort. Le calendrier proposé par les pouvoirs publics français a été accepté par leurs homologues italiens. Mais le système d'alternat, qui limite les passages à un tiers du trafic franco-italien, ne sera pas remis en cause avant septembre. Au mieux.

Pour la première fois depuis le 24 mars 1999, un poids lourd est entré dans le tunnel du Mont Blanc le 8 avril 2002 à 10 heures 35. Ce véhicule - aux couleurs de l'entreprise savoyarde GST Plateforme Européenne - offrait un PTC de moins de 19 tonnes comme prévu dans l'accord signé le 5 avril entre la France et l'Italie. Pressé de rouvrir l'ouvrage aux camions, ce dernier pays a accepté le calendrier proposé par son partenaire. Ce n'est qu'à compter du 13 mai que sera autorisée la circulation des plus de 19 tonnes à l'exclusion des plus de 4 essieux, des trains routiers et des trains doubles. Ces catégories de véhicules ne pourront, elles, emprunter le tunnel qu'à partir du 25 juin. Resteront toutefois interdits de passage les poids lourds les plus polluants (classés « Euro 0 ») et ceux transportant des matières dangereuses. La troisième et dernière phase s'accompagnera de hausses tarifaires. Des augmentations de 11 à 18% qui visent à aligner les tarifs de péages pour les deux ouvrages alpins. Officiellement, cette mesure doit permettre de rééquilibrer le trafic entre Mont-Blanc et Fréjus. Elle devrait surtout contribuer à financer le Fonds pour le développement d'une politique intermodale des transports dans le massif alpin. Programmée de longue date, cette revalorisation devait intervenir dès la réouverture du Mont-Blanc au trafic lourd. Mais les pouvoirs publics ont accepté de reporter son application à la fin de la période d'expérimentation. Une décision dont la FNTR (Fédération nationale des transports routiers), qui en avait fait son cheval de bataille, se félicite. Comme elle salue le « premier pas dans la bonne direction », que constitue « le début de concrétisation du principe de la réouverture du tunnel aux poids lourds ».

90 véhicules par « vague ».

Les étapes imposées par la France n'ont été consenties qu'à certaines conditions. L'Italie a ainsi exigé une « garantie absolue » que le calendrier soit respecté. Elle a également demandé qu'en septembre prochain le système de circulation alternée soit supprimé avec, en contrepartie, un abaissement de la vitesse limite maximale de 70 à 50 km/h. Le gouvernement français n'aurait pas pris d'engagement sur ce point, se bornant à évoquer la possibilité « de reposer la question de la circulation alternée des poids lourds en septembre ». L'alternat actuellement en place aboutit à ouvrir le tunnel au trafic utilitaire « léger » par tranches de 45 minutes toutes les deux heures (une heure par sens de circulation). Calcul du groupement européen d'intérêt économique (GEIE-TMB) qui gère le tunnel : chaque « vague » accueillant un maximum de 90 véhicules, seul un tiers du trafic franco-italien pourra être absorbé. Après les contrôles, les conducteurs munis d'une contremarque sont orientés vers deux aires d'attente (au Fayet côté français, à Aoste en Italie) « ouvertes en alternance pendant environ 25 minutes » indique le GEIE. Dans le tunnel, ils s'intercalent entre les voitures, avec une interdistance minimale de 150 m. En cas d'arrêt, les véhicules doivent stopper à plus de 100 m de leur prédécesseur. Le dispositif suscite les plus extrêmes réserves des organisations professionnelles franco-italiennes qui doutent de sa pertinence. A leurs yeux, le renforcement des règles de circulation et de régulation du trafic en place se serait montré bien suffisant pour assurer la sécurité dans l'ouvrage. En outre, les modalités de stockage des véhicules utilitaires en amont du tunnel posent toujours problème. L'aire du Fayet ne compte que 166 places de stationnement. Sans parler de l'accès routier : « malgré trois ans de fermeture du Tunnel, l'Etat commence seulement cette semaine, les travaux de mise à 2X2 voies de la route sur une quinzaine de kilomètres. Des travaux qui vont durer trois ans » s'offusque le maire de Chamonix, Michel Charlet, l'un des plus farouches opposants au retour des véhicules lourds dans le tunnel. Le 8 avril, l'élu chamoniard, soutenu par ses collègues des Ouches et de Servoz, déposait un recours devant le Conseil d'Etat afin de bloquer le processus. Le même jour, une poignée de manifestants se dressait face aux quelques véhicules de retour au Mont-Blanc. Un mouvement de protestation qui, promettent-ils, s'intensifiera les 13 mai et 25 juin.

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