Les jeux sont « presque » faits

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Le secteur du transport de produits frais en température dirigée s'est structuré au milieu des années quatre-vingt dix autour de Stef-TFE. Mais la présence d'un leader n'a pas empêché la montée en puissance de grands régionaux comme Olano ou STG, ni l'arrivée de nouveaux entrants comme Nicolas. De même, la vitalité des PME régionales montre que l'offre est loin d'être totalement saturée.

Structuré depuis 1992 à travers trois réseaux, TFE, Stef Logistique et Tradimar, Stef-TFE vient maintenant de s'organiser autour de trois pôles : transport, logistique et systèmes d'informations (Agrostar). Si l'activité logistique n'est pas nouvelle, y compris au sein de TFE et de Tradimar, cette réorganisation fait bien apparaître l'importance qu'elle a prise pour le groupe, comme pour de nombreux opérateurs. Toutefois le transport domine largement : en 2001, il représente 773 millions d'euros, contre 392 M€ pour la logistique. « En outre, le chiffre d'affaires logistique, calculé sur la base des contrats signés avec nos clients, contient une part importante de transport », précise Bernard Jolivet, directeur général de Stef-TFE. Pour le frais, ce dernier atteint souvent 50 % de la prestation. Pour le surgelé, c'est un peu moins.

Dans le pôle transport, encore souvent perçu comme un réseau de messagerie, le profil de TFE a notablement évolué. En effet, la mise en place de plates-formes par la grande distribution, qui capte 70 % des produits alimentaires, a induit une massification des flux. « Si la messagerie classique, appuyée sur des plans de transport standardisés à travers un réseau de plates-formes, représente encore plus de 60 % de l'activité, le reste relève d'un transport s'adaptant à la demande, soit du groupage, suivi d'une optimisation pour livrer des points de masse, soit du transport dédié », poursuit Bernard Jolivet. L'autre grande évolution majeure du pôle transport est la place croissante que prend le secteur des produits de la mer. Pris en charge par Tradimar, il représente un chiffre d'affaires 2001 d'environ 110 millions d'euros. Il comprend une part non négligeable de logistique (22 millions d'euros).

Nexia se stabilise

Après Stef-TFE, le seul transporteur disposant d'un véritable réseau national en propre est aujourd'hui Nexia, qui s'appuie sur 28 sites, dont 26 agences sous température dirigée. Issue du rachat de l'activité froid en 2000, par ses cadres, auprès du groupe britannique Exel, Nexia reste cependant davantage centré sur la messagerie classique. En 2001, la « messagerie fine », selon le langage maison, atteint 75 % d'un chiffre d'affaires de 182, 94 millions d'euros, contre 20 % en approvisionnement de plates-formes pour la grande distribution et 5 % en affrètement. « Avant de faire évoluer le profil de l'activité, notre priorité a été d'assainir la situation dont nous héritions », explique Serge-Maxime Bannier, président du holding Nexia. « En 2001, nos pertes étaient seulement de 4,5 M€, contre 13,75 M€ en 2000. Cette année, nous devrions atteindre l'équilibre », insiste Dominique Lacaile, président de Nexia Froid. L'effort a porté essentiellement sur la messagerie fine, à travers des revalorisations tarifaires (11 % en moyenne) et une réorganisation des plans de transport.

Nexia entend cependant renforcer son réseau comme le montre la création d'Altitrans, une structure abritant les activités de messagerie fine rachetée à SLTR, une entreprise grenobloise spécialisée dans la location de véhicules. La société est dirigée par Jean-Michel Barthélemy, un ancien cadre de la SLTR, qui en est également actionnaire. Dans cette politique de développement, la prise de participation est secondaire, le groupe veut s'allier avec des « entrepreneurs très fortement ancrés dans leur région » et gardant leur indépendance. Par ailleurs, Nexia va mettre en place une offre transport en direction des plates-formes de la grande distribution. « En fait, nous voulons diversifier notre palette vers tout ce qui est services à valeur ajoutée, ce qui exclue le transport de lots complets, mais suppose la mise en place d'une offre logistique », précise Serge-Maxime Bannier.

Avec un chiffre d'affaires 2001 de 182,94 M€, dont 167,69 M€ dans le froid, STG (Société des Transports Gautier) est le troisième opérateur dans le froid. Ce groupe familial très présent dans le Grand Ouest - sa région d'origine -, s'est implanté dans le Nord, l'Est, Lyon et la Région parisienne. Pour le reste, sa couverture nationale passe par des rapports de correspondance avec des PME comme Jammet, Chabas, Barbero, Cardon, L'Étoile Routière, etc.

STG et Olano, des grands régionaux

Parmi les grands « régionaux », le basque Olano a connu ces dernières années un fort développement, via une politique de croissance externe. À partir d'une concentration de l'activité sur le Sud-Ouest de la France et l'Espagne, l'entreprise a développé des antennes dans l'Hexagone, mais également au Maroc, à Buenos Aires, Santiago du Chili et, bientôt, à Miami. Aujourd'hui, le groupe annonce un chiffre d'affaires de 121,96 M€, dont 31,25 % dans les produits de la mer et le surgelé, 25 % dans les fruits et légumes et 12,5 % dans le transit international (douane). Olano dispose de 200 000 m3 d'entrepôts en froid négatif et plus de 10 000 m2 de plates-formes dans le frais. Si la grande majorité du transport est liée à la logistique, cette dernière, au sens strict (prestations en entrepôt) est encore faible : 7,62 M€. Notons que, en l'absence de comptes consolidés du groupe, ces chiffres ne représentent pas les mêmes réalités que ceux fournis par les autres groupes. « Une des clés de notre réussite consiste à nous appuyer sur un réseau de sociétés à taille humaine, animées par des hommes et des femmes partageant nos valeurs », souligne Nicolas Olano, P-dg du groupe.

La concentration importante du marché du froid, liée notamment au poids de Stef-TFE, n'a donc pas empêché le développement de certains opérateurs. Ou l'apparition de nouveaux. Ainsi, le groupe auvergnat Nicolas, qui a choisi de se tourner vers ce segment il y a quelques années, y réalise aujourd'hui 60 % d'un chiffre d'affaires de 115 M€, soit 69 M€. Cette politique de croissance dans la température dirigée est passée par une forte politique de rachats (avec au départ la reprise du cantalien Ladoux), mais aussi par la création d'une plate-forme de 20 000 m2, dédiée à Carrefour, qui livre quotidiennement, en flux tendus, 25 hypers dans la région parisienne. Au total, en 2001, le groupe disposait de cinq plates-formes sous température dirigée (50 000 m2), dédiée à la grande distribution. À quoi s'ajoutent deux sites rachetés cette année, dont l'un dans le froid négatif. « Nous nous positionnons clairement comme prestataire logistique, si le transport représente 45 % de chiffre d'affaires froid, il est entièrement lié à cette activité », explique Daniel Nicolas, P-dg du groupe Nicolas.

Des acteurs régionaux nombreux

Les autres opérateurs sont en général des PME à forte implantation régionale. Leur profil est souvent similaire : distribution locale, groupage et traction directe, notamment vers des plates-formes de confrères qui vont assurer la distribution. L'Étoile Routière, installée à La Flèche dans la Sarthe, est un peu l'archétype de ce profil de PME. « Nous avons une double activité : distribution régionale vers la GMS, la Restauration Hors Domicile et les grossistes, groupage régional et traction directe à destination de toute la France et de certains pays européens », explique Joël Tabareau, directeur commercial. Si la Pme pratique le stockage et la préparation de commandes, le transport représente 90 % d'un chiffre d'affaires de 21, 34 millions d'euros. L'Etoile Routière s'appuie, comme la plupart de ses confrères, sur un réseau de correspondants : STG, Jammet, Chabas, Barberon, Cardon, etc.

Toutefois, certaines PME ont décidé de ne pas s'appuyer exclusivement sur des correspondants et disposent de plusieurs implantations leur permettant de couvrir des zones plus vastes. Depuis Avignon, Chabas, qui réalise un chiffre d'affaires de 48 millions d'euros dans le seul transport frigorifique, s'est implanté à Toulon, Marseille, Toulouse, Narbonne et Saint-Fulgen (85). Les Transports Renaud, originaires de Pons (17), sont présents à Toulouse et Pau et disposent d'un bon maillage du Sud-Ouest. Ils réalisent la quasi totalité de leur chiffre d'affaires (34,76 millions d'euros) dans le transport et ont rejoint Hexa Froid, le seul regroupement formalisé de Pme dans ce marché.

L'histoire de Lézier Transports, qui affiche un CA de 15, 24 M€, est un peu particulière. « J'ai commencé comme négociant de fruits et légumes, avec une ligne reliant Cavaillon à Lille », raconte Pierre Lézier, P-dg de la PME. « Puis j'ai développé une activité de distribution de surgelé dans le Nord ». Le groupage des primeurs se poursuit, mais la distribution dans le Nord-Pas-de-Calais, à partir d'une flotte de 35 véhicules, est devenue dominante ; Lézier étant correspondant de Gel Europe (Stef-TFE) sur deux département, le 59 et le 62. S'y ajoutent une flotte de vingt semis bi- ou tri-températures qui relie tous les jours cette région et la région Parisienne.

Toutes les PME n'ont pas une activité de distribution s'apparentant à de la messagerie régionale. Certaines ont choisi la voie de la spécialisation. Le cas le plus connu est bien sûr celui de Lahaye, un des grands noms de la viande pendue. C'est également le cas de Trans Artois Frigo (62). La société est, au départ, un transporteur de lots complets, avec une forte présence dans la viande pendue. L'entreprise s'est tournée vers le surgelé et, notamment, un groupage de lots partiels dans le Nord-Pas-de-Calais, l'Angleterre, et le Bénélux. Elle dispose également d'une activité de distribution dans le frais au départ du Nord et de la région parisienne, d'une « ligne » de fruit et légumes sur l'axe Sud de la France/Grande- Bretagne et de liaisons régulières avec l'Espagne et la Grèce.

Hexa Froid : Une offre de distribution nationale

Le groupement Hexa Froid est le seul qui existe dans le secteur. Il développe principalement une offre commerciale sous son nom. « Si lors de sa création, en 1992, les membres de Hexa Froid se servaient essentiellement du réseau pour trouver du fret retour, aujourd'hui 95 % de leur flux passe à travers ses plates-formes et le réseau nous sert à développer une activité nationale de distribution », explique Jean-Paul Perrin, gérant de Hexa Froid et P-dg des transports Perrin-Pichon. L'évolution est donc importante. Le regroupement, qui a un statut de SARL, ne dispose pas de moyens financiers spécifiques. Mais, il développe une offre commerciale nationale sous son propre nom, les contrats étant signés par un des membres qui a alors la responsabilité de la prestation. Une charte interne permet de garantir l'homogénéité et la qualité des prestations.

Hexa Froid regroupe huit sociétés : Guillemet (56) ; Gringore (14) plus Tranafis et Pivoin, qu'il contrôle, ; Leray (44) et BSA ; Perrin-Pichon (42) ; Sofrino, spécialiste de l'entreposage dans le surgelé ; Renault (17). Son CA cumulé, atteint 213,4 M€, pour un parc de 750 véhicules et 2 500 personnes. Il dispose de 500 000 m3 dans l'entreposage grand froid, dont plus de 400 000 m3 pour Sofrino, et 65 000 m2 en froid positif. Si ces entreprises régionales ont souvent une présence plus marquée dans certains marchés (produits laitiers, carnés, fruits et légumes, etc.), au plan national Hexa froid couvre l'ensemble des segments, sauf la marée.

« Tous les adhérents sont des sociétés indépendantes, mais le regroupement nous permet à présent de développer une offre commerciale concurrente à celle des grands opérateurs », poursuit Jean-Paul Perrin. D'autant qu'il va être renforcé par l'adhésion d'un nouveau membre disposant de plus de 150 véhicules. Reste à améliorer la couverture de l'Est de la France où Hexa Froid recherche un membre.

Les grands de la logistique toujours présents

La plupart des grands groupes de logistique ont gardé une activité de produits frais. Mais avec quelle ambition ?

La plupart des grands groupes du transport ou de la logistique, très tournés vers la grande distribution, ne peuvent ignorer complètement le secteur du produit frais. Hays Logistics France a réalisé en 2001, un chiffre d'affaires dans le frais de 114 millions d'euros, dont 58 M€ dans un transport lié à la logistique. Chez FM Logistic, le chiffre d'affaires réalisé dans le froid atteint 43, 4 M€ et Christian Salvesen Food and Consumer, très présent dans le surgelé, affiche un CA froid de 53,66 M€dont 19,07 M€ pour un transport de distribution généré par la logistique. Easydis, qui, en 2001, a réalisé 58,8 M€ dans le froid, essentiellement positif, est issu de la filialisation de la logistique de Casino. En 2000, Tibbett & Britten a racheté TCA dont l'activité en Espagne (20,34 M€) a été cédé à la filiale espagnole du groupe britannique. Dans l'Hexagone, le chiffre d'affaires frais s'élève à 20,77 M€, dont 113,175 M€ dans un transport, en grande partie liée à une activité plate-forme. Dans ce paysage, Norbert Dentressangle, avec un CA frais de 49 millions d'euros, a un profil particulier : il s'est centré autour du transport de fruits et légumes sur l'axe Espagne, Vallée du Rhône-Angleterre.

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