Les fers de lance

Article réservé aux abonnés

Les prestataires logistiques semblent préférer les chariots traditionnels à mât rétractable. Ils sont plus maniables que les tri directionnels, et en cas de panne, plus faciles à réparer ou à remplacer. Si les chariots sophistiqués ou bourrés d'électronique ne font pas l'unanimité, ils répondent, dans certains cas, à des besoins spécifiques. Notamment en matière de sécurité. Quelques exemples témoins de l'évolution du marché.

Le chariot est le fer de lance du prestataire logistique. Il doit être maniable, sûr, et bien répondre aux contraintes de son exploitant. « Nous privilégions les machines traditionnelles plutôt que les appareils sophistiqués, et en particulier, les chariots à mât rétractables plutôt que les tri directionnels », déclare Hervé Lehembre, directeur ingénierie et exploitation de Giraud Logistics . Les tri directionnels ont l'avantage de lever leur charge jusqu'à des hauteurs de 15-18 m, contre 11-12 m pour les véhicules classiques, et donc de permettre un fort remplissage en entrepôt. Mais ils présentent aussi de graves inconvénients. En cas de panne, ils sont difficiles à réparer, les agents de maintenance connaissant ce type de matériels étant encore peu nombreux. De plus, ils sont plus difficiles à acquérir à l'achat comme en location. « Si demain, nous avons besoin de 10 de ces machines pour assurer un pic d'exploitation, nous allons avoir du mal à les obtenir. En cas de forte rotation, mieux vaut des mâts rétractables car ils sont plus maniables ».

L'autre tendance du marché, c'est la sécurité. A l'image de Toyota, qui équipe progressivement toutes ses machines du dispositif SAS, pour système actif de stabilité. « Un ensemble de signaux prévient le cariste si le véhicule risque de se renverser, explique Patricia Marix, responsable marketing de la société. Cette technique est issue des études menées par notre division automobile ». Munie du SAS, la série 7 de chariots élévateurs thermique CFM-Toyota est celle qui s'est le mieux vendue au cours de l'année 2000, avec 1 780 unités écoulées (sur un total de 3 000). D'une capacité de charge comprise entre 1,5 t et 3,5 t, elle s'adresse à la fois aux secteurs de l'agro-alimentaire, des industries de production (métallurgie, pharmacie, automobile, textile, etc.), et de la distribution (transport, entreposage de fin de chaîne). La dernière gamme électrique 7FB de Toyota est aussi équipée du système SAS.

Still & Saxby a également mis l'accent sur la sécurité avec ses nouveaux chariots électriques R60. Le poste de conduite est équipé en série d'un afficheur permettant de choisir entre 5 modes de fonctionnements paramétrables. Le freinage s'effectue par un simple relâchement de la pédale, même sur un sol irrégulier ou en rampe. Les contrôleurs de choc font aussi leur apparition, à l'image du Shockswitch de Tilt Import, dont le dernier modèle SC 300 est sorti début 2001. Il mémorise le numéro de série du chariot, la date et l'heure de la collision, et déclenche une alarme sonore ou visuelle. Son innovation réside dans son mode de communication et sa mémoire étendue. 200 événements horodatés peuvent être enregistrées et envoyés au responsable de site, qui sera en mesure de lire ces données grâce à un logiciel spécifique.

L'électronique s'exprime à tous les niveaux. Elle permet de satisfaire les exigences très précises en matière de flux d'information. La recherche va aussi dans le sens d'une plus grande compacité des matériels, pour optimiser les surfaces de stockages. « Prat est le seul constructeur français à proposer des chariots spécifiques, conçus pour un cahier des charges original », estime Thierry Ranson, directeur d'exploitation du prestataire logistique Stock Express. Avec le TRP 100 EX S, Prat a par exemple réalisé un transpalette électrique antidéflagrant. La machine a été conçue autour de cette contrainte dès l'origine. Il ne s'agit pas d'une adaptation sur la base d'un modèle existant. D'une capacité de 10,5 t, il est utilisé dans l'industrie des peintures et résiste à des température d'inflammation supérieure à 135 °C.

Des chariots sur mesure

L'Ema 18, conçu par Manitou, est un chariot élévateur électrique frontal à mât articulé de 180° qui s'adresse à une clientèle semi-professionnelle composée d'artisans et de PME. Il présente une partie avant articulée qui permet au mât de se tourner vers le palettiseur en fonction magasinage et de manoeuvrer dans les camions pour décharger. De son côté, Still et Saxby a réalisé un chariot bi-directionnel à fourches télescopiques de dimensions spécifiques pour les champagnes rémois Mumm. Techniquement, il s'appuie sur le modèle GQ 10 d'une capacité de charge de 1 t. L'engin est capable de travailler dans des caves en troisième sous-sol, à une quinzaine de mètres sous terre. Les moyens d'accès ne permettant pas son passage tout monté, il a été reconstitué sur site. Enfin, La firme japonaise TCM Corporation a commercialisé Acroba, le premier chariot à contrepoids thermique muni de quatre roues directrices. Il peut se déplacer latéralement et tourne sur lui-même avec un rayon de braquage de 0 mm. La conception de cet appareil a fait l'objet de 138 dépôts de brevets.

De telles applications innovantes impliquent que les fabricants réussissent à concilier la mise en place de process de fabrication adaptés et une viabilité économique. Si ces engins ne sont pas destinés à connaître une carrière industrielle de grande série, certains d'entre eux rencontrent un plus grand nombre d'utilisateur qu'il n'était prévu lors de leur conception.

Prototypes

Pour mieux définir le chariot élévateur de demain, certains constructeurs diffusent leurs études en matière de design ou de conception. Exemples avec deux prototypes.

- Le RXX de Still et Saxby est dans doute le chariot le plus novateur en matière de design, mais c'est aussi un modèle d'électronique. Ce frontal à quatre roues présente une cabine arrondie sans aucun montant permettant une large visibilité sur la charge. Trois caméras sont situées à l'arrière. L'une d'elle filme la perspective dans l'axe du véhicule, les deux autres restituant le champ de vision rapproché à gauche et à droite. Un mélangeur vidéo rassemble les différentes images en une seule vue panoramique, qui apparaît sur un écran à cristaux liquides intégré dans le pare-brise avant dès que le chariot recule. Par ailleurs, un contrepoids arrière mobile, réglable hydrauliquement, permet de modifie le centre de gravité du chariot. L'affichage électronique de surcharge indique au cariste si sa charge est trop lourde, ainsi que le degré d'inclinaison du mât du véhicule.

- Le « future truck » de Jungheinrich est actuellement testé en grandeur nature. Sa cabine pivote à 180°, permettant au cariste de se trouver toujours dans le sens de la marche. D'un mouvement d'épaule, le manipulateur peut déclencher la position à 45° grâce à une commande intégrée dans le dossier du siège. Les commandes sont réparties sur un écran tactile d'ordinateur et le volant traditionnel a été remplacé par un accoudoir solidaire de la partie rotative sur laquelle il s'appuie. Il peut ainsi agir sur l'orientation des roues, les deux directrices pouvant pivoter indépendamment.

Le dernier prototype de Still & Saxby : le RXX

Actualités

Dossier

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15