Le transport routier reste plébiscité par les chargeurs. Selon le baromètre annuel Eurogroup Consulting, réalisé dans le cadre de la Journée Européenne du Fret Ferroviaire, 85 % d’entre eux optent pour la route afin d’acheminer leurs marchandises. Pour cette 5e édition, environ une soixantaine d’entreprises (70 % d’industriels, 24 % de commissionnaires de transport et 6 % de chargeurs distributeurs) de tous les secteurs d’activité ont répondu, soit un panel proche de 2016. Elles enregistrent pour 44 % d’entre elles un chiffre d’affaires supérieur à 1 milliard d’euros et possèdent à 85 % une activité principale en France. Les chargeurs semblent plutôt familiers avec le mode ferroviaire puisque 43 % déclarent être embranchés. L’édition 2017 révèle qu’ils choisissent désormais davantage les entreprises ferroviaires (36 %), jugées plus « proactives » pour organiser leurs flux sur les rails ou en combiné rail-route. La répartition était auparavant plutôt égale avec les autres acteurs de transport : opérateurs de transports combinés, commissionnaires de transports, transporteurs routiers et OFP.
Parmi les points négatifs que les utilisateurs de transport reprochent au ferroviaire : un manque d’information sur les solutions logistiques proposées et une « inadéquation » de l’offre à leurs besoins, selon 44 % du panel. Les chargeurs souhaitent notamment plus de flexibilité sur la gestion des sillons, une meilleure planification des travaux et des services innovants comme le tracking des trains. Les entreprises veulent un suivi en temps réel des wagons, des outils de géolocalisation des trains, une traçabilité des envois et des interfaces de commande plus rapides. En retard sur la route, le fer n’a pas encore pris le virage numérique. Pour l’heure, seule une infime partie des prestataires sont en mesure de proposer ces solutions, qu’ils ont parfois eux-mêmes développées à l’instar de TAB ou de Fret SNCF. Lors d’une table ronde à la SITL, le groupe ferroviaire a annoncé le lancement imminent de « Digital Freight Train », une technologie avancée de géolocalisation de wagons et de marchandises. Les chargeurs reconnaissent une amélioration générale de la qualité de service, en particulier l’accès aux interlocuteurs responsables de l’organisation des flux (32 %) dans le transport ferroviaire conventionnel et les coûts (19 %) dans le transport combiné. Le niveau de satisfaction s’élève à plus de 60 % pour les utilisateurs de short sea, fluvial ou de ferroutage alors qu’il atteint les 100 % pour le transport routier. À 73,1 %, ils choisiraient le combiné rail-route en cas de report modal contre seulement 26,9 % en faveur du ferroviaire conventionnel.
Le panel cite la flexibilité et les coûts du service du transport combiné comme critères « attractifs » qui l’encourageraient à employer davantage le rail. Les chargeurs comptent en premier lieu sur une incitation financière mais la hausse du prix de l’énergie pourrait aussi les faire basculer sur du report modal. 93 % déclarent être prêts à mettre plus de marchandises sur le rail si les critères de coût, de respect des délais, de la qualité du suivi, de souplesse et flexibilité progressent. Malgré tout, les chargeurs restent frileux sur des perspectives de développement des flux par le fer. En 2016, ils étaient 41 % à voir une augmentation dans les 2-3 ans mais ils ne sont désormais plus que 25 %, soit un niveau revenu à celui de 2015. Les intempéries et grèves au printemps dernier seraient-elles les causes de ce recul ? Les sondés n’ont pas été interrogés à ce sujet. Le baromètre relève que les secteurs les plus enclins à transporter leurs marchandises par le rail demeurent les granulats et matériaux de construction, les produits de grande consommation et de l’agriculture.