Plusieurs raisons peuvent expliquer pourquoi le programme EVE n’a pas atteint ses objectifs à fin 2020 : une lente montée en puissance, la mise en œuvre récente du dispositif EVcom pour les commissionnaires, la crise sanitaire ou le retard pris dans la création de la plateforme d’échanges de données environnementales. Pour toutes ces raisons, la reconduction du programme s’imposait. Elle a été confirmée le 8 décembre lors d’un webinaire d’EcoCO2, une société qui développe des outils pour accompagner les organisations sur les économies d’énergie et la mobilité durable.
EcoCO2 a été missionnée par l’Ademe pour déployer la plateforme d’échanges de données environnementales, dans le cadre du programme EVE. Depuis juillet 2020, celle-ci vise "à faciliter la transmission et la récupération des données environnementales entre transporteurs, commissionnaires de transport et chargeurs", rappellent Jérémy Hanaut et Guillaume Gallice d’EcoCO2. Elle est aussi présentée comme un outil au service des transporteurs pour se conformer à leur obligation d’information de GES des prestations de transport, qui leur impose de remonter à leurs clients l’empreinte carbone de leurs transports.
Mode d’emploi
Point important précisé lors du webinaire : "il n’est pas nécessaire d’être signataire des chartes Objectif CO2 pour les transporteurs, EVcom pour les commissionnaires ou Fret21 pour les chargeurs pour s’inscrire gratuitement à la plateforme, partager ses données environnementales et/ou les transmettre dans le cadre de la règlementaion "Information GES". Les démarches des transporteurs signataires de la charte "Objectif Co2" et utilisant l’application ObjectifCO2.fr sont toutefois facilitées pour y extraire leurs données environnementales via "la fiche de synthèse" qu’elle propose.
La plateforme comporte plusieurs menus. Le premier sert à saisir ses données ou indicateurs de performance (KPI) environnementales qui peuvent être éditées sous la forme d’une fiche de synthèse pour répondre à un appel d’offre, par exemple. Le transporteur qui s’inscrit sur la plateforme peut aussi choisir ou non, avec quelles entreprises il souhaite partager ses données. Les entreprises sélectionnées accéderont alors à ses données "non sensibles". Mais le transporteur pourra décider ou non d’élargir ce partage à ses indicateurs plus précis et donc plus sensibles. De la même façon, il pourra consulter les KPI d’autres entreprises, si elles l'autorisent.
Un espace "information GES"
Un autre menu concerne la transmission des informations GES du transporteur à ses clients. Il y sélectionne alors le nom du client destinataire et lui transmet ses données environnementales : émissions de GES et tonnes-kilomètres.
Pour les commissionnaires et les chargeurs, la procédure d’entrée à chaque session comme les menus consacrés à la saisie et au partage des données environnementales sont quasi-identiques avec les mêmes options. À l’espace "information GES", ils pourront récupérer les données environnementales mises à leur disposition par leurs transporteurs et les éditer sous la forme d’un rapport "Info GES".
Prochaines étapes et questions en suspens
À fin 2020, les outils numériques du programme EVE comprennent l’application ObjectifCO2.fr, des tableurs Excel pour saisir les informations des dispositifs EVcom et Fret21, et la plateforme d’échanges des données environnementales. Dans le cadre du programme EVE II, cette plateforme sera ouverte aux transporteurs routiers de voyageurs. Des applicatifs web devraient également être créés pour les dispositifs EVcom et Fret21 ainsi que de possibles passerelles avec la plateforme pour éviter les ressaisies.
Toutefois, la situation de monopole de cette plateforme et ses développements interpellent certaines entreprises. C’est pourquoi TK Blue, l’agence de notation extra-financière du transport, demande qu’un appel d’offre soit lancé et/ou que d’autres outils digitaux puissent être référencés en tant que Plateforme d’échanges des données environnementales dans le cadre du programme EVE II.