Mis en vente en février, livrable en avril, l'Iveco Stralis succède à l'Eurostar. Le nouveau haut de gamme du constructeur de poids lourds italien apparaît avec une cabine de conception nouvelle, qui ne sera disponible qu'en version longue et réhaussée. Après avoir gravi trois marches, le conducteur s'installe dans le Stralis, à 1,70 m du sol, sur un siège habillé de velours, avec réglage lombaire et chauffage intégré. Derrière le volant réglable et rabattable, il découvre un tableau de bord avec deux compteurs classiques (vitesse et compte-tours) encadrant le large affichage central (et en couleurs) de l'ordinateur de bord. Ce dernier affiche automatiquement une série de contrôles avant d'autoriser le démarrage du moteur. Après la mise en route, il délivre notamment des informations de consommation en carburant (instantanée, moyenne du parcours, moyenne sur toute la vie du véhicule). Il affiche également le rapport de boîte engagé. Son menu déroulant est commandé depuis des touches installées sur le volant, à l'opposé de celles permettant l'utilisation de l'autoradio avec lecteur de cédérom. De chaque côté de la colonne de direction sont installés les commodos habituels: essuie-glaces, feux et clignotants à gauche; ralentisseur et programmateur de vitesse à droite. Au-dessus du pare-brise à vitre teintée athermique, est installé le chronotachygraphe électronique. Pour les fonctions essentielles, des interrupteurs sont disposés autour du bloc des compteurs. Les autres commandes (y compris celle de la trappe de toit électrique) figurent sur la console centrale, orientée vers le conducteur. A main droite, celui-ci trouve le sélecteur de vitesses, levier classique pour les boîtes ZF 16S, joystick pour le modèle automatisé Eurotronic. Dans ce dernier cas, la commande est fixée sur un boîtier qui pivote de 180 degrés pour faciliter l'accès au plancher plat de l'espace de vie, surélevé de 15 cm par rapport au poste de conduite. En retenant une configuration sans siège passager, le conducteur dispose ainsi d'une plate-forme sur laquelle il peut réellement se déplacer debout, pourvu qu'il ne mesure pas plus de 1,90 m. Sous la couchette supérieure, deux assises encadrent un espace qui peut être occupé par une tablette rabattable. Ces éléments se recomposent si nécessaire en un lit d'appoint inférieur. C'est cette configuration (voir encadré) qu'a retenu Iveco France pour ses clients. Ces derniers restent cependant libres de faire installer, en usine ou en concession, à l'achat ou a posteriori, une configuration intérieure classique. Tous les points d'ancrage nécessaires sont prévus. En fait, il y a fort à parier que ce sera plutôt le réseau européen du constructeur qui profitera de cette modularité, pour réorganiser à moindre coût l'aménagement intérieur des véhicules repris en occasion et mieux les revendre.
Véhicule grand routier, conçu pour séduire aussi bien les artisans-conducteurs que les gestionnaires de flottes et leurs conducteurs, le Stralis bénéficie d'une bonne isolation phonique. Avec une suspension pneumatique à quatre points, la cabine filtre bien les irrégularités de la route. Depuis le poste de conduite, la visibilité est nettement améliorée par rapport au modèle précédent. La finition paraît elle aussi en progrès même si, sur des véhicules affichant 35 000 km au compteur, des vibrations parasites se manifestaient déjà lors d'une première prise en mains.
A l'arrêt, le capot avant en matériau composite permet d'accéder aux niveaux et orifices de remplissage habituels. Pour ceux qui douteraient de l'indicateur de niveau d'huile moteur placé au tableau de bord, il faut cependant lever la cabine afin d'accéder à la jauge et au bouchon de remplissage en lubrifiant. Cette opération est facilitée par une commande électro-hydraulique, permettant un basculement à 72 degrés. Elle révèle un six cylindres en ligne, alimenté en carburant par des injecteurs-pompes unitaires et gavé par un turbocompresseur à géométrie variable. Le Stralis reçoit des moteurs Cursor de 10 litres en 400 et 430 ch ou 13 litres en 480 et 540 ch. Inédit, ce dernier réglage permet de disposer d'un couple maximum de 2350 Nm entre 1000 et 1610 tr/mn, que seule la boîte automatisée Eurotronic 2 de ZF peut encaisser pour l'instant. Celle-ci est disponible sur tous les Stralis, en alternative au modèle classique avec commande Servoshift 16S181 pour le Cursor 10, 16S221 pour le Cursor 13 de 480 ch. Le frein moteur à décompression (Iveco Turbo Brake) dégage 326 à 408 ch de puissance de décélération, selon les modèles. Il peut être complété par un ralentisseur ZF Intarder.
Augmentation de la surface du radiateur de liquide de refroidissement, de celle de l'échangeur air-air du turbo et des entrées d'air à l'avant de la cabine permettent à cette mécanique de mieux respirer sur le Stralis que sur l'Eurostar, avec sans doute à la clé une réduction de la consommation en carburant. Le châssis, à longerons en U reliés par des traverses rivetées, reçoit une suspension arrière pneumatique en série. Le freinage est confié à quatre disques Knorr. Il est électroniquement géré par un EBS Wabco. Outre l'obligatoire anti-blocage de roues, le Stralis reçoit aussi un système d'anti-patinage. Ces fonctions électroniques sont confiées à un quadruple réseau Can Bus, couplé à huit boîtiers informatiques. Des circuits qui ont notamment permis de réduire la taille du faisceau électrique et d'en augmenter la fiabilité. Les données recueillies par l'informatique, y compris celles concernant la consommation en carburant peuvent être transmises sur un poste fixe à l'atelier, moyennant l'achat d'une solution logicielle auprès de la SSII Transics, partenaire exclusif d'Iveco.
Aérodynamique, le dessin extérieur du Stralis se veut aussi moderne et élégant. Il s'insère facilement dans le paysage routier. Il inspirera celui du successeur de l'Eurotech, qui pourrait apparaître d'ici un an. En attendant, Iveco fait le pari de redorer son blason en haut de gamme. Un millier de Stralis ont d'ores et déjà été commandés en Europe, par des clients sélectionnés au siège turinois de la marque. En France, 250 de ces véhicules devraient être mis en circulation dès le mois de février. L'importateur en a commandé une centaine de plus, afin de répondre au plus vite à la demande du réseau et aux besoins des démonstrations. Pour les autres, il faudra compter un délai de huit semaines avant l'immatriculation. Homologué par l'administration française des Mines depuis le 25 janvier, le Stralis est disponible en configuration tracteur 4x2 (deux empattements). Il est également livrable en porteur 6x2, avec ou sans essieu directeur relevable. Iveco France espère voir le Stralis prendre 12% des parts de marché sur le créneau des tracteurs et porteurs lourds. En 2001, 1392 Eurostar ont été immatriculés dans l'Hexagone, dont 90 équipés du moteur cursor 13, commercialisés à partir de septembre.
Quelle que soit la motorisation retenue, Iveco France propose une version « standard » du Stralis qui comprend déjà la trappe de toit à ouverture électrique, la visière pare-soleil, le pare-brise et le vitrage latéral athermique teinté, les rétroviseurs chauffants, le verrouillage centralisé, un coffre de rangement extérieur, les lève-glaces et rideaux intérieurs à commande électrique, trois prises sur la console centrale (24V, air comprimé et diagnostic), un module de commande sur la paroi arrière de la cabine (montre, réveil, autoradio, etc...), une boîte thermique (glacière), l'éclairage des emmarchements. En « standard » , la cabine ActiveSpace sera proposée avec le seul siège conducteur. A l'emplacement de la couchette, deux assises arrière sont séparées par une table rabattable, l'ensemble étant transformable en lit d'appoint. Pour emmener un passager occasionnel, un siège amovible (comfort seat), offert en série, peut être fixé à l'arrière de la cabine, perpendiculairement ou face à la route.