Le capital humain au centre de toutes les attentions

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Les conditions d’un développement de la location de véhicule avec conducteur sont réunies. Si ce marché est convoité par de nombreux transporteurs, seules les entreprises organisées autour du conducteur et d’une offre structurée peuvent prétendre à se développer sur ce marché de façon durable.

Quel est le potentiel de la location de véhicule avec conducteur en France ? Cette question suppose d’analyser l’activité, l’évolution et les enjeux du compte propre. Toutes distances confondues, il est à l’origine d’un cinquième des trafics routiers réalisés sous pavillon français (21,6 %). Sur ce volume effectué pour l’essentiel dans l’Hexagone (97 %), les trajets de moins de 150 km représentent près de 60 % et se tassent. À l’origine d’un tiers des trafics, les parcours de 150 à 500 km progressent en revanche, tout comme les transports sur des distances supérieures. Plus de 70 % de l’activité sous le régime « compte propre » concerne cinq filières : agriculture, BTP, distribution généraliste et spécialisée, services aux entreprises et industries du recyclage (déchets). Lesquelles se distinguent par un taux moyen de voyages à vide de plus de 30 % et jusqu’à 42 % dans le secteur de la construction, négoce de matériaux inclus. Le très faible pourcentage d’envois groupés et la majorité des transports effectuée en trace directe (A pour B) caractérisent aussi le compte propre.

Défis à court terme

À cette photographie générale, quelques indicateurs démontrent qu’il est à la veille de décisions stratégiques ouvrant de nouvelles opportunités aux loueurs de véhicule avec conducteur. Au cours des prochaines années, un tiers de ses 255 000 conducteurs – 39 % des chauffeurs actifs en France – partira à la retraite. Plus de 31 % ont en effet plus de 50 ans, toutes catégories de conducteurs confondues : routiers, grands routiers et chauffeurs – livreurs. En termes de flotte « moteurs », deux catégories de véhicules y dominent : l’utilitaire de moins de 3,5 tonnes et le porteur. Sur un parc total d’environ 5 millions d’utilitaires en France, 94 % est exploité sous le régime du compte propre par des entreprises industrielles et commerciales, des administrations, dans l’agriculture et l’artisanat ou par des particuliers. Ce segment est l’une des cibles des loueurs de véhicule sans conducteur. Estimée entre 150 000 et 200 000 moteurs, sa flotte de plus de 3,5 tonnes est dominée de son côté par les porteurs. Sur un parc national de 236 400 porteurs, il en exploite les deux tiers…dont près de 40 % ont plus de 10 ans. Pour Pascal Guillot, « les éléments favorables à la croissance du marché de la location de véhicule avec conducteur sont réunis. Dans les TPE et PME, le fait déclencheur est en effet le plus souvent le remplacement d’un chauffeur ou son départ à la retraite, ainsi que le renouvellement de matériel dont la gestion devient de plus en complexe en raison des innovations techniques et technologiques ». Le directeur général adjoint en charge des opérations et du développement de GT Location suspend toutefois ce potentiel à une condition : « Fournir une prestation optimisée de meilleure qualité que celle obtenue par le client avec ses propres véhicules et conducteurs ». Sur ce principe, le conducteur GT est la clé de voûte de ce « service d’excellence car il est le principal générateur de valeur ajoutée de nos prestations très diversifiées, de surcroît dans les grandes villes où il existe une pénurie et de facto une tension croissante sur les bons conducteurs ». En location de véhicule avec conducteur, la centaine de sites d’exploitation de GT en France est à la tête d’une flotte de 1 200 moteurs qui intervient dans plusieurs filières de distribution spécialisées : béton avec 115 malaxeurs, matériaux de construction avec 300 véhicules dont la majorité est gréée, restauration hors domicile, commerce alimentaire sec et sous température dirigée, santé… « 80 % de nos activités se déroulent en zone urbaine où la réglementation est de plus en plus rigoureuse. Nous sommes en outre engagés depuis 2008 dans la démarche Objectif CO2 qui implique une série d’actions de réduction des consommations et des émissions de CO2 dont les premiers bénéficiaires sont nos clients ».

C’est convaincu de la valeur de ses personnels que le loueur a initié une réflexion dès 2012 sur son positionnement commercial et l’avenir de ses activités au cours de la prochaine décennie. Coïncidant avec son 70e anniversaire ponctué par la publication du livre « GT : La force d’une vision », cette démarche baptisée « Grandir tous ensemble » a conforté le rôle des personnels de conduite dans l’entreprise. Ils ont ainsi désormais la possibilité de s’impliquer davantage dans le fonctionnement du groupe via des liens hiérarchiques repensés et la promotion des initiatives individuelles. « Avec un management et une prise de décisions décentralisés, la valorisation, la reconnaissance et la confiance sont déterminants pour fidéliser nos équipes, de conduite en particulier », insiste Pascal Guillot. Testée dans plusieurs de ses agences, cette approche innovante se traduit « par davantage d’autonomie et de responsabilité. Elle se concrétise par exemple par l’organisation de leurs propres tournées ou plannings de congés, leur participation aux recrutements de leurs collègues conducteurs, ou à travers l’achat de matériels et de leurs aménagements voire la promotion interne de futurs managers ». Libéré de ces tâches, le chef de groupe « s’investit davantage dans la relation client ».

Enrichir…

Depuis sa création en 1946, GT Location se distingue par une politique sociale originale et atypique. Rémunération au mérite et individualisation des salaires, actionnariat salarié (un salarié sur deux est détenteur d’actions ou d’obligations de l’entreprise), financement d’idées innovantes des personnels…sont quelques marques de fabrique du loueur girondin. GT est aussi pionnier en matière de formation avec la création en 1988 de l’Ecole du conducteur, soit la première école privée de conducteurs en France. « Moyen de faire évoluer les chauffeurs tout en répondant à nos besoins de recrutement », cette école a déjà formé 1 500 conducteurs à raison de quatre sessions annuelles de 26 conducteurs avec des taux de réussite à l’examen avoisinant les 98 % ! Cette initiative a été suivie en 2005 par la création de l’Ecole du management « pour accompagner l’évolution de carrière des conducteurs et des managers en place ».

Encouragée par des succès commerciaux illustrés par la hausse de 8 % de son chiffre d’affaires en 2016 (124 M€), cette politique globale en faveur des ressources humaines se mesure aussi par « un recul des accidents, une diminution de l’absentéisme, une baisse du turn-over, et une meilleure motivation des équipes », selon Pascal Guillot.

…et étendre les compétences

La formation et le développement des expertises des conducteurs sont également au cœur de la stratégie de Labatut Véhicules Industriels (LVI). « La gestion de flotte englobant l’achat, l’entretien ou la gestion administrative réalisée pour le compte du locataire est une expertise détenue par de nombreux transporteurs. La qualité de loueur consiste en revanche à exceller dans la gestion des personnels et de leurs compétences », déclare Jean-François George. Pour le directeur des opérations de LVI, « le sentiment d’appartenance, la responsabilisation et l’autonomie » sont aussi importants que « la mise en œuvre d’une politique salariale attractive ». Sur un parc LVI de 80 moteurs en location avec conducteur, une soixantaine est mise à disposition auprès des filières BTP et négoce de matériaux de construction avec, parfois, le management des chauffeurs à distance. « L’essentiel de ce parc est équipé de grue embarquée imposant des qualifications pointues pour manipuler et manutentionner les marchandises. Aussi 100 % de nos conducteurs affectés à ces marchés sont-ils titulaires du CACES R390 et des CACES 1 et 3 pour la conduite de chariots élévateurs ». Pour atteindre ce niveau de qualification, LVI propose aux conducteurs recrutés non titulaires de ces CACES mais sélectionnés pour leurs expériences des métiers du transport, de la livraison et de la distribution, un parcours de formation interne. « Après période d’essai accompagnée de nos formateurs, le conducteur a la possibilité de passer les CACES R390, 1 et 3. Ils suivent également des formations à l’éco-conduite ». Ces formations couvrent aussi l’arrimage et le calage des charges à l’origine d’un mémento interne remis à tous les conducteurs. « Nos conducteurs sont en effet porteurs et au cœur de notre politique qualité, sécurité et environnementale ».

Démarche d’optimisation continue

Créé en 2006, LVI s’appuie sur le réseau national du groupe Labatut qui compte une vingtaine d’agences transport et logistique. « Dans chacune, la location de véhicule avec conducteur fait partie des solutions de proximité proposées à leurs clients ». Sur ce principe, LVI compte trois sites principaux, un à Toulouse et deux en Ile-de-France, à Pantin et à Trappes. Cette dernière hébergera à compter du 6 avril prochain une nouvelle entité spécialisée dans la location de véhicule avec conducteur…à courte durée. « L’un des enjeux de la location est la continuité d’exploitation quels que soient les événements, saisonnalités ou variations d’activité du locataire. La réactivité dans le remplacement ou la mise à disposition d’un conducteur supplémentaire avec véhicule, parfois spécifique, est une attente forte exprimée par nos clients », relate Jean-François George. Avec la continuité d’exploitation, la mission du loueur s’étend au conseil sur la base, notamment, de l’analyse des données du terrain. C’est dans cet esprit que GT poursuit ses investissements dans les équipements d’informatique embarquée. « Quand les véhicules de GT Ascencio (filiale créée en 2014 suite à la reprise de la société Ascencio, ndlr) seront équipés, c’est l’ensemble de nos véhicules qui disposeront d’informatique embarquée », indique Pascal Guillot. Avec le concours de Transics, ce développement « nous permet d’accroître notre réactivité et d’affiner la gestion de flotte pour le compte de nos clients via, par exemple, l’optimisation des tournées. Moyen de maîtriser en temps réel les livraisons et de générer des indicateurs de productivité, l’informatique embarquée concourt aussi à réduire les consommations, et à garantir un haut niveau de sécurité pour tous les personnels et les marchandises ».

Force de propositions

Ce rôle de conseil et cette démarche d’optimisation sont à l’origine de la création de la prestation Astre Loc en 2016. Couvrant 20 spécialités métiers, elle fait partie du bouquet de solutions développé par le groupement Astre et ses 166 membres à la tête de 450 sites. « Nos entreprises louent avec conducteur plus d’un millier de véhicules. Aussi avons-nous décidé de structurer cette offre commerciale autour de trois solutions de location sur-mesure avec reporting de l’activité, optimisation et intervention sur la partie exploitation et opérationnelle, et/ou avec conseil pour accompagner nos clients dans la mise en œuvre de plan de progrès dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant sur les économies réalisées », présente Jean-Pascal Demonchy. Pour le responsable de la commission Location d’Astre, « les expertises mises à la disposition des clients et l’analyse de leurs activités peuvent parfois conduire à transférer des locations en transports routiers dédiés et vice-versa, ou à réduire le parc en location en le complétant par des transports spot ».

La création d’Astre Loc par la commission Location d’Astre a été également motivée par la volonté de structurer en interne la proposition de service Location de véhicule avec conducteur. « La location suppose des compétences différentes de celles du transport. Les contrats comportent parfois une trentaine de pages et l’investissement peut s’élever à plus de 300 000 €. Un dossier mal ficelé peut être lourd de conséquences. Aussi la commission Location accompagne-t-elle, si nécessaire, les membres du groupement pour finaliser ce type de collaboration ». Aménageable, un contrat standard a ainsi été conçu ainsi qu’un simulateur de tarifs. Pour les appels d’offres nationaux et les grands comptes, la structure Astre Commercial s’occupe de centraliser les réponses proposées par les membres du groupement. « Cette approche vise par exemple à transmettre des prix harmonisés sur l’ensemble du territoire et permet au client de bénéficier d’une facturation unique ». Le premier contrat signé par Astre Commercial a démarré le 1er janvier 2017 avec Carrefour.

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