Les transporteurs du sud-ouest de la France peuvent actuellement bénéficier de conditions très favorables pour l’acquisition de poids lourds à motorisation gaz, en profitant des subventions(1) engagées par la Nouvelle-Aquitaine. La Région dirigée par Alain Rousset souhaite mettre en place un écosystème très favorable pour l’émergence du bioGNV, en finançant tant l’offre que la demande. Côté offre, les opérateurs de stations bénéficient de subventions à l’investissement pour l’installation des stations bioGNV (entre 40 et 60 % de l’investissement), à condition que ces stations soient publiques, adaptées aux poids lourds (plus de 3,5 t) et distribuent du bioGNV produit essentiellement en France. En contrepartie, les exploitants de ces stations s’engagent à vendre le bioGNV au prix du GNV (la différence est habituellement de 5 à 10 centimes le kilo), sur une durée et un volume définis, aux clients transporteurs qui s’engagent contractuellement au démarrage de la station. Côté demande, les transporteurs vont pouvoir bénéficier d’une aide à l’acquisition de camions GNV qui se monte jusqu’à 50 % du surcoût d’achat par rapport à un camion gazole Euro VI (aide limitée à 40 % pour les grosses sociétés). Ils devront s’engager à utiliser du bioGNV, qui leur sera vendu au prix du GNV.
L’offre est d’autant plus intéressante que GRDF s’est engagée à verser une aide de 3 000 euros pour l’acquisition d’un camion GNV de plus de 19 t à condition de s’approvisionner auprès des nouvelles stations(2) de la Région Nouvelle-Aquitaine. « Cette aide est accordée aux transporteurs s’engageant à s’approvisionner en GNV auprès de 7 nouvelles stations GNV-bioGNV en Nouvelle-Aquitaine, avec une ouverture en 2019 ou à venir sur 2020. L’offre est réservée aux 15 premières demandes par station, dans la limite de 5 camions par entreprise, explique Stéphane Orain, chef de projet régional mobilité GNV-bioGNV chez GRDF. Ceci amène le camion GNC quasiment au prix du diesel, si l’on cumule toutes nos offres. Le surcoût à l’achat d’un tracteur 44 t se porte à environ 3 000 euros pour un modèle GNC par rapport à son équivalent diesel. La Région va financer 15 000 euros, le transporteur bénéficiera du sur-amortissement en crédit d’impôt de l’ordre de 12 000 à 13 000 euros, ce qui couvre au moins 90 % du surcoût, ceci sans compter notre aide de 3 000 euros accordés sur les nouvelles station s », calcule-t-il. Stéphane Orain précise que le prix au kilo du GNC dans la Région tourne autour de 85 centimes contre 1,15 euro le litre de gazole (on considère qu’un kilo de GNC permet de faire le même nombre de kilomètres qu’un litre de GO) : « Le transporteur peut gagner 20 à 30 % sur le poste carburant avec le GNC. Souvent, il commence avec un ou deux camions GNC, et lorsqu’il réalise les économies qu’il peut faire, il peut basculer une plus grosse partie de sa flotte. »
« La Nouvelle-Aquitaine offre un des plus gros potentiels de production de biogaz par méthanisation et des “gaz verts” nouvelles générations (pyrogazéification, power to gaz) », souligne Stéphane Orain. La Région compte un parc de1 500 véhicules GNV, avec 600 VUL et 200 PL, comme ceux des transporteurs Doumen ou Navas. La première station bioGNV de Nouvelle-Aquitaine, ouverte à Cestas près de Bordeaux, dessert des clients comme Carrefour, E. Leclerc, Lidl ou Decathlon. « Entre août 2018 et août 2019, le nombre de camions gaz immatriculés a bondi de 62 % », observe Stéphane Orain. La Région va présenter son schéma directeur pour la mobilité GNV-bioGNV le 24 octobre 2019, avec l’idée de proposer un maillage à même de satisfaire les besoins des transporteurs au niveau régional avec plus de 90 stations GNV d’ici à 2030 (contre 11 actuellement, dont 5 adaptées aux poids lourds).
(2) Stations bénéficiant de l’offre GRDF : La Rochelle (17), Langon (33), Mont-de-Marsan (40), Saint-Vincent-de-Tyrosse (40), Dax (40), Villeneuve-sur-Lot (47), Artix (64) ; voir également site.grdf.fr/web/prime-gnv