GUILLAUME PEARD : Au moment de son rachat, Alloin était principalement un messager rapide domestique. Son taux de croissance a été très soutenu depuis. Il l’est toujours, avec une croissance à deux chiffres. Nous nous sommes appuyés sur deux axes : d’abord, une plus grande internationalisation, en nous adossant au réseau mondial du groupe ; puis, le développement de la commission de transport.
G. P. : L’activité se scinde en 4 parties : la messagerie-groupage national et international ; la partie LTL/FTL avec une offre d’affrètement (200 affréteurs) et de tournées dédiées (en propre et en sous-traitance, sur un périmètre régional ou local). À partir de nos 55 agences, nous apportons des solutions à nos clients qui ont des besoins spécifiques liés à la nature de leur fret ou de leurs destinataires. Notre réseau de messagerie nous permet une excellente couverture du territoire et une grande proximité. À partir de là, il y a beaucoup de développement possible comme l’affrètement ou les tournées dédiées. Troisième grande famille : le développement des marchés « verticaux », des offres sectorielles liées à certaines activités comme la pharmacie « KN PharmaChain » et l’offre « KN SecureChain », qui repose sur l’organisation de transport pour le fret dit « sensible ».
Et enfin j’ajouterai le dernier né en France, au début de 2017 : le transport et l’organisation des salons et événements (JO, Mondiaux de foot), activité très liée au savoir-faire du groupe.
G. P. : Le groupe nous a permis de nous ouvrir à l’international. Cette internationalisation a été possible grâce à la force du réseau européen et international ; par ailleurs, nous avons capitalisé sur le savoir-faire du groupe en matière de commission de transport.
Nous possédons également un savoir-faire spécifique dans le transport des marchandises dangereuses : tout notre réseau de messagerie en France et en Europe est estampillé ADR. J’ajouterai que nous avons complété cette offre avec le transport de vin.
G. P. : Nous sommes un messager classique (de 1 à 3 palettes). Notre offre va du colis au groupage de palettes et, lorsque nous sortons des limites du réseau de messagerie, nous actionnons le levier des affréteurs qui proposent à nos clients un complément de services sur la base de nos propres process. Il y a quelques années, la messagerie représentait l’essentiel de notre activité. Aujourd’hui, sa part se situe à un peu moins de 70 %. La commission de transport s’est développée en capitalisant sur un réseau de messagerie fort, en plein développement.
G. P. : Oui. Nous sommes parvenus à redresser l’activité depuis le rachat. Par ailleurs, la disparition de certains acteurs a été un élément de rationalisation favorable dans ce retour à la profitabilité.
STEPHANE POINT : L’intégration à un groupe international a constitué un élément très fort du redressement. Il y a eu de gros efforts de la part des équipes, complétés par une action forte en matière de conquête commerciale. Notre croissance est également liée à la collaboration avec les autres métiers du groupe.
G. P. : Notre offre va du colis au camion complet. Notre schéma d’organisation de transport (amont) en température dirigée repose principalement sur le LTL-FTL et le cross docking. Les sous-traitants utilisés font l’objet d’un référencement strict et sont audités et certifiés pour répondre aux exigences du secteur Santé-Pharmacie. Il existe de vraies connexions commerciales entre le maritime, l’aérien et la route.
S. P. : Il est important de souligner que, pour ce marché pharma, nous ne sommes pas dans un cadre franco-français. Nous sommes dans une logique de stratégie mondiale et multimodale.
S. P. : Notre métier repose sur l’accompagnement des grands groupes mais également des PME, nombreuses dans notre portefeuille clients. Nous les accompagnons dans leurs exportations, leurs importations mais aussi dans la distribution de leurs produits en France. Il y a systématiquement des besoins en transport routier associé au transport maritime ou aérien. Nous sommes l’un des rares acteurs dans le monde à proposer toutes ces solutions de transport, à chaque fois en tant que membre du Top 3.
S. P. : Nous sommes un groupe très vigilant sur les sujets « compliance », attaché au respect des législations internationales et locales des pays où nous opérons, c’est un point-clé. Kuehne + Nagel France possède des solutions internationales mais les transports routiers internationaux ne peuvent être réalisés par nos conducteurs français pour des raisons évidentes de compétitivité. Tout ce qui va vers une harmonisation ou une réduction des écarts salariaux en Europe évolue dans un sens qui pourra nous aider à nous montrer plus compétitifs en tant qu’entreprise française. Pour notre part, nous n’avons pas fait le choix de certains de créer des entités dans les pays de l’Est pour gérer leur transport international.
G. P. : Notre activité route s’est fortement internationalisée mais nous demeurons majoritairement sur une activité domestique. Nous avons trouvé le bon équilibre entre l’utilisation de nos moyens propres et le recours à la sous-traitance. Cela signifie que nos 1 500 conducteurs sont basés en France. Nous opérons 45 lignes quotidiennes au départ de France vers les pays d’Europe, des tractions en général sous-traitées.
S. P. : Nous souhaitons appartenir au cercle des opérateurs capables d’apporter des informations précises sur les données CO2. Sur le fret maritime, nous sommes l’un des premiers acteurs à communiquer le montant des émissions sur nos factures.
G. P. : Sur la route, nous sommes en phase de test avec le gaz (GNL et GNC). Notre agence de Nancy teste actuellement 5 tracteurs et 5 porteurs avec Iveco. Si celui-ci s’avère concluant, nous l’étendrons ailleurs en tenant compte de la problématique de l’approvisionnement. Nous menons, par ailleurs, des tests sur les véhicules électriques avec notre agence de Créteil pour la distribution locale. Nous comptons étendre ces tests à d’autres grandes agglomérations.
S. P. : On perçoit une véritable attente de nos clients sur ce sujet, sur un spectre multimodal. Je crois que nous devons, dans ce domaine, nous montrer pragmatiques : il nous faut démontrer la fiabilité des nouvelles énergies, la fiabilité des coûts, avec des problématiques différentes entre porteurs et tracteurs, le tout dans la durée.
S. P. : C’est un vrai sujet. On se doit d’y réfléchir à la fois sur nos activités route et logistique. Nous serons prêts à servir nos clients en 2020. Toutefois, les règles ne sont pas totalement finalisées.
S. P. : La digitalisation pour nous, c’est notamment cet outil, gKNi (global Kuehne + Nagel indicators), que nous avons développé, de fournitures de données prospectives internationales sur les flux mondiaux pour le compte d’établissements gouvernementaux, financiers et bancaires, ou de grandes entreprises. Le logisticien que nous sommes, de par ses activités multimodales, peut apporter des prévisions plusieurs mois à l’avance par rapport aux données économiques classiques. Deux mois d’anticipation peuvent être déterminants pour de nombreux acteurs.
S. P. : Nous sommes en contact avec ces acteurs. Nous en sommes au stade des réflexions, qui peuvent déboucher sur des projets de collaboration.
G. P. : Nous possédons également notre propre solution interne (KN FreigtNet). Ces plateformes représentent un élément d’avenir mais nous misons également sur le contact de proximité entre nos affréteurs et les chargeurs.
KUEHNE & NAGEL GROUPE
CA : 20 Md€
Effectif : 72 000 salariés dans 110 pays dans le monde
4 métiers : freight forwarding maritime (le métier d’origine) et aérien, logistique et messagerie rapide – groupage, affrêtement
EN FRANCE
CA : 1,5 Md€
Effectif : 10 000 personnes
Parc : 2 500 moteurs et 1 500 remorques
Activités : logistique (40 % du CA – 1,5 million de m2 ), transport route (40 %), freight forwarding aérien et maritime
Implantations : 130 sites (moitié route et moitié logistique)