Faire de la logistique son « troisième métier à contribution égale avec l'international et la messagerie » et doubler dans les trois prochaines années ses activités sur ce créneau avec des capacités de quelque 800 000 à 1 000 000 m2. Ce sont les ambitions qu'affiche aujourd'hui Alain Bréau, P-dg de Mory. Avec 7,62 M€ de CA en 2001 et 450 000 m2 de surfaces d'entreposage, le groupe se classerait déjà parmi les 10 premiers prestataires du secteur. Le développement attendu sera essentiellement issu d'opérations de croissance interne. Si, pour l'heure son portefeuille clients compte essentiellement des industriels, Mory cible désormais également les grands distributeurs auprès desquels il est nécessaire de se faire « référencer avant de trouver sa place ». Pour faciliter le recrutement de ce type de clients, Alain Bréau a confié la direction commerciale de son pôle logistique à Bernard Adoue. Tout droit venu de chez Stef-TFE, ce dernier rejoint une nouvelle équipe conduite par Michèle Cohonner (directrice générale) et dédiée à une « entité stratégique » née le 1er janvier 2002. Celle-ci a été baptisée Mory Logidis du nom de l'ancien pôle logistique du groupe. La nouvelle structure relève directement de Mory SA au même titre que Mory Team (messagerie) et Mory Inter (activités internationales). Elle réunit les 42 entrepôts du groupe auparavant éclatés entre Mory Logidis, Mory Team et les autres filiales. Ces sites, qui emploient un effectif total de quelque 450 salariés, offrent chacun des capacités de 28 000 à 30 000 m2 maximum et accueillent deux ou trois clients. Si les plus petits sont appelés à être regroupés, le groupe s'attache à leur conserver une taille humaine. « Notre vocation est d'être prestataire de services avant d'être logisticien. Ce qui implique une proximité géographique vis à vis de notre clientèle constituée des groupes internationaux mais aussi de PME-PMI françaises », explique Alain Bréau. Chaque directeur de site chapeaute tant la logistique que le transport.
Car « notre approche du marché implique les deux activités. Notre atout est de savoir les manager ensemble », explique Alain Bréau qui entend ainsi « faire la différence par rapport à ceux qui les dissocient ». « Mory dispose de 70 agences en France et est actif sur toutes les spécialités du transport. Il propose ainsi un service intégré qui prend en charge toute la chaîne et, au delà, développer une offre globale ». « Nous voulons faire comme Stef-TFE sur le sec », résume-t-il. Neuf dossiers logistiques sur dix traités par le groupe concerneraient une intégration totale. Certains comprenant non seulement le transport en amont mais également en aval. « Les temps ont changé » et « la notion de prestataire exclusivement spécialisé dans la logistique appartient au passé. C'est autour de professionnels du transport capables d'offrir un suivi informatique (avec tracing total) que se concentre désormais le marché », assure le P-dg de Mory. Et de préciser : « contrairement aux opérateurs venus du lot, nous n'obéissons pas à une stratégie de diversification mais plutôt de synergie ».
La réorganisation du groupe et la création de Mory Logidis n'ont pas généré d'investissements importants. La nouvelle entité va en effet être dotée en capital par apport des entrepôts auparavant exploités par d'autres filiales. Son capital sera ainsi porté à 10 M€. Mory SA répondra ensuite à ses besoins en ressources financières. « Le groupe dispose à ce jour de 61 M€ de fonds propres dont 20 % sur Logidis », précise le P-dg. Cette dernière structure ne participe que pour 10 % aux 701 M€ de CA total de Mory. « Cette notion de CA n'est pas homogène », souligne le P-dg qui préfère raisonner en terme de valeur ajoutée (c'est-à-dire chiffre d'affaires moins sous-traitance). « La logistique, c'est 100 % de valeur ajoutée contre 15 % en international et 50 % en messagerie. Conséquence : la logistique représente 20 % de la VA groupe. Notre ambition est de porter cette part à un tiers ». Côté résultat, Mory Logidis table sur une marge d'exploitation de l'ordre de 5 % du CA en 2002.
