Karima Delli : Nous sommes dans une urgence climatique. Le temps nous est compté. On a dix ans pour renverser la tendance. La pollution de l’air est un scandale sanitaire ! Elle entraîne des coûts directs et indirects pour la société. Il va donc falloir mettre en place des dispositifs pour financer cette transition écologique. L’Europe doit adopter une politique d’infrastructure et de logistique durable. Elle doit acter le principe pollueur/payeur. Je resterai à l’avant-garde de ses luttes dans mon second mandat.
K. D. : Le principe de la redevance poids lourd a été acté par le Parlement européen dans la précédente mandature. Cette question fait partie des chantiers à venir car à un moment donné, il va falloir que la fiscalité écologique s’applique à tous les secteurs, routier comme aérien.
Je rappelle que la redevance poids lourd existe déjà en Allemagne et en Belgique. Le fait que cette redevance n’ait pas été mise en place en France a pour conséquence la traversée du territoire national par des transporteurs européens qui émettent des émissions de CO2 sans s’acquitter d’une taxe écologique en contrepartie. La redevance poids lourd n’est pas sans objet. Elle servira à relancer le fret ferroviaire et à financer la sécurisation des routes. À terme, elle devra être payée pour l’ensemble des véhicules qui génèrent des pollutions de l’air mais aussi des pollutions sonores. De la même manière, les chargeurs qui commandent des opérations de transport avec des véhicules polluants devront être mis à contribution. Bien entendu, il convient de prévoir des mesures d’accompagnement pour les PME du transport routier.
K. D. : Au départ, le Paquet mobilité avait exclu les chauffeurs routiers des dispositions de la directive détachement. Après avoir bataillé, nous avons réussi à nous mettre d’accord sur un texte propre au transport routier. Par exemple, le repos hebdomadaire ne pourra plus être pris dans le camion et les opérations de cabotage seront limitées à trois jours, etc. Mais nous devons aller plus loin afin d’obtenir une application stricte de la règle « à travail égal, salaire égal ». Les conducteurs routiers ne sauraient être des travailleurs de seconde zone en Europe. Nous allons également lutter contre le dumping social sauvage. À terme nous devons aboutir à l’harmonisation des règles de cotisations sociales.
K. D. : L’autorité européenne du travail devra être dotée de moyens pour contrôler l’application de la réglementation sociale et disposer du pouvoir de sanction en cas de manquements. Mais je prône aussi la création d’un corps européen d’inspecteurs du travail qui pourra surveiller la mise en œuvre des règles du détachement propre au transport routier de marchandises.
K. D. : Aujourd’hui, nous devons agir sur tous les fronts, le routier mais aussi l’aérien et le maritime afin de les inscrire durablement dans la transition énergétique. Reste aussi à faire en sorte que les chefs d’État de l’Union considèrent la transition écologique comme la priorité des priorités, notamment lorsqu’ils signent des accords de libre-échange. Le groupe des écologistes va agir dans ce sens au Parlement européen.