« La R&D, une volonté de sortir des sentiers battus »

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Dans le groupe Bert, Christian Manteuffel pilote la R&D, conçue comme une fonction chargée d’élaborer, en équipe-projet, les solutions les plus adaptées aux besoins de chaque client, voire une fonction qui anticipe et propose de nouvelles organisations et de nouveaux équipements.
L’Officiel des transporteurs : Comment êtes-vous devenu directeur de la R&D, fonction plutôt rare dans le TRM ?

Christian Manteuffel : Ce poste est né grâce à la curiosité des dirigeants du groupe Bert et à la confiance qu’ils m’accordent depuis sept ans. J’avais exercé mes fonctions depuis 1991 chez différents transporteurs et appréhendé, en particulier, l’externalisation des flux. Cette démarche apporte une hauteur qui aborde les flux comme des schémas. On peut instituer un process industrialisé, augmenter la productivité des conducteurs, mieux maîtriser l’organisation, les coûts et la communication. Dans la même période, de nouveaux outils de communication, comme le téléphone portable, ont révolutionné le TRM. Dans une entreprise du réseau Astre, j’avais découvert une manière de coopérer et d’optimiser les forces de l’entreprise par la mutualisation. C’est là que j’ai croisé les dirigeants du groupe.

Comment s’est opéré le lien entre votre expérience et le groupe ?

C. M. : Une fonction de R&D, cela surprend. Que vient faire une fonction de R&D chez un transporteur ? L’innovation est le ferment de toute entreprise. En tant qu’acteur incontournable auprès des industriels, nous devons apprendre à mieux renouveler nos process. Pour le groupe, créer ce poste concrétisait une volonté de sortir des sentiers battus. Avec 70 à 80 M€ de chiffre d’affaires en 2013, nous étions déjà une grande entreprise, une machine de guerre, sûre de ce qu’elle était capable de faire seule. Je crois que j’ai contribué à cette envie de sortir des schémas acquis pour en construire d’autres, au service des clients et plus en lien avec le réseau Astre ou d’autres partenaires. En interne, mon poste de R&D est apparu dans l’organigramme de l’entreprise, dans le cadre du service commercial et directement rattaché à la direction générale. Pour chaque dossier, je constitue une équipe projet avec des membres des différents services. Je leur soumets une ligne directrice qui est discutée en brainstorming. Plus tard, quand le dossier arrive en exploitation, les professionnels se sont déjà approprié des modes opératoires que l’on peut faire évoluer. Un projet doit aussi être réalisable par les équipes. L’objectif reste de trouver les meilleures solutions pour les clients, en ouvrant le champ à 360 degrés.

En quoi cela consiste-t-il concrètement ?

C. M. : On rend le client unique sans l’enfermer dans des standards et, surtout, en essayant de l’emmener sur des terrains auxquels il n’a pas forcément pensé. Je travaille à 70 % dans le cadre d’appels d’offres, mais pas seulement. Et, par exemple, pour l’appel d’offres d’une société de grande distribution, j’avais rendu deux études : l’une qui respectait le barycentre du client et l’autre qui proposait de nouvelles idées d’organisation des flux, prenant en compte l’ensemble de ses activités, importations et exportations comprises. Adopter un point de vue global ouvre le champ des solutions organisationnelles. Cela aide aussi à voir s’il faut faire appel à des compétences extérieures, à un bureau d’études pour un avis affiné sur un thème précis, à un confrère astrien ou à un logisticien, si le marché requiert une logistique très spécifique. Cela enrichit un dossier, puis, dans l’exploitation, cela nous fait monter en compétence sur le thème ou l’expertise en question.

Cela mène-t-il aussi à des innovations techniques ?

C. M. : Bien sûr, pour trouver une solution globale pour un client, il arrive que nous devions adapter des méthodes et matériel. Éventuellement avec nos équipes techniques. Ou nous faisons appel à un bureau d’engineering, à un constructeur, un carrossier, comme Libner, ou à un spécialiste de la palette et des équipements de stockage, comme TAP. Grâce à leur bureau d’études intégré, ils nous proposent des solutions techniques dédiées. Mais la R&D dans le transport, plus globalement, vise en priorité à inventer des organisations novatrices. Dans le secteur, nous souffrons particulièrement du dérèglement de « ce qui se passe avant et après » notre prestation.

Quelque 80 % des aléas relèvent de l’organisation. Pour les limiter, il faut notamment atteindre une maîtrise complète de l’information. C’est un des enjeux de demain.

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