La pénurie va sepoursuivre

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Il pourrait manquer plus de 45 000 conducteurs en Espagne d’ici cinq ans, soit un déficit en hausse de 35 % si aucun changement n’intervient. Telle est la principale conclusion d’une étude réalisée par Jorge Pena Izquierdo, professeur d’économie de l’Institut de l’entreprise (IE), et récompensée par un prix décerné par la Fondation Corell, dédiée à la mobilité, à l’environnement et à la sécurité.

« Le nombre de jeunes conducteurs qui ar­rivent sur le marché n’estpassuffisant pour remplacer les conducteurs qui quittent la profession », écrit le professeur Pena dans l’étude intitulée Comprendre la brèche entre l’offre et la demande de conducteurs de camions en Espagne. La majorité des conducteurs a plus de 40 ans, et l’âge moyen actuel est de plus de 47 ans.

Pouvoir d’achat en berne

Pour expliquer ce phénomène, l’auteur évoque le coût élevé de l’obtention du permis poids lourd, supérieur à 5 000 euros, une « importante barrière à l’entrée ». L’âge minimum requis pour obtenir ce sésame (21 ans) est perçu comme un obstacle supplémentaire. « Lacombinaisondeces deux barrières empêche d’attirer des profils jeunes et motivés par la profession », écrit-il. À cela s’ajoute la perte d’attractivité du métier, que l’étude analyse en détail. Le premier élément à prendre en compte est la stagnation du niveau des rémunérations. Le salaire réel, c’est-à-dire après inflation, n’a augmenté que de 1,5 % depuis 2007 dans le TRM espagnol. Ce phénomène trouve son explication dans l’atomisation de la profession (plus de 80 % des entreprises emploient moins de 25 salariés), dans le recul de la productivité depuis 2012, dans la faiblesse des marges des entreprises et dans « un très faible pouvoir de négociation avec les chargeurs, ce qui a des conséquences importantes sur les conditions de travail ».

Autre phénomène propre à l’Es­pagne : la multiplicité des conventions collectives, puisque les accords sont conclus au niveau des provinces. Les différences importantes entre les conventions « génèrent d’énormes asymétries en ce qui concerne les schémas de rémunération ainsi que des déséquilibres en matière de concurrence », ajoute le professeur Pena.

Pénibilité en hausse

L’un des mérites de cette étude est de montrer que le niveau des rémunérations n’explique pas tout, et de mettre l’accent sur les conditions de travail. L’auteur a élaboré un indice de pénibilité qui prend en compte cinq éléments : ratio temps de travail effectif par rapport au contrat de travail, travail le samedi, le dimanche, de nuit, et la temporalité. L’indice est plus élevé dans le TRM que dans d’autres professions similaires (commerce, construction, etc.).

La rigidité de la législation en matière de temps de conduite et de repos, particulièrement pour les entreprises qui travaillent à l’in­ternational, empêche de concilier vie professionnelle et vie familiale. Autre problème, le fait que les chargeurs imposent aux conducteurs des tâches qui ne devraient pas leur incomber, comme le chargement et le déchargement des marchandises.

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