Une bonne nouvelle peut en cacher une moins bonne. Après une excellente année 2017, l’enquête annuelle de conjoncture de la chambre de commerce et d’industrie des Hauts-de-France, réalisée auprès de 4 000 chefs d’entreprise, avait décelé un « arrêt de la croissance » en 2018 : le solde d’opinion sur le chiffre d’affaires (la différence entre les opinions favorables et défavorables) restait en effet inchangé par rapport à l’année précédente. Certains secteurs se sont évidemment mieux portés que d’autres en 2018 : la même étude avait constaté une poursuite de la reprise de l’activité dans le BTP (+ 24 points), dans l’industrie (+ 9 points) et dans le transport-logistique (+ 11 points, contre + 24 points l’année précédente). À l’inverse, l’activité reculait dans les services aux particuliers (– 9 points), les hôtels et restaurants (– 4 points) et stagnait dans le commerce de détail. Marqueur de la vitalité économique d’une région, le transport routier de marchandises a pourtant tiré son épingle du jeu. « Dans les Hauts-de-France, l’activité est restée porteuse en 2018 après deux exercices en progression pour plus des deux tiers des entreprises du secteur », note Louis Retornaz, adjoint au directeur régional de la Banque de France. « L’augmentation de chiffre d’affaires des entreprises de transport est de 3,4 % en 2018 par rapport à l’année précédente. Les effectifs suivent la même tendance avec 3,8 % d’augmentation. Le niveau d’investissement des matériels roulants est également très fort avec + 13,9 %. »
L’étude annuelle de la CCI annonçait elle aussi une « décélération » de l’activité au niveau régional pour 2019 : le solde d’opinion sur le chiffre d’affaires prévu cette année avait carrément reculé de 8 points, tout comme sur les prévisions de trésorerie et de rentabilité (en baisse respectivement – 6 et – 7 points).
Des tendances que la Banque de France régionale a confirmées au fil des mois. En janvier, l’activité économique régionale a affiché des performances en demi-teinte, avec une production qui s’est repliée dans la quasi-totalité des secteurs. En avril, l’activité économique régionale a connu des évolutions divergentes. Là où l’industrie a rebondi, il y a eu un repli dans la branche hébergement-restauration. En septembre, l’économie affichait quelques signes de faiblesse dans l’industrie, les services marchands, le bâtiment, et les travaux publics.
« Pour autant, les carnets de commandes restent correctement garnis dans le bâtiment, voire particulièrement étoffés dans les travaux publics. L’ensemble des entrepreneurs demeurent optimistes et annoncent une hausse d’activité durant le dernier trimestre », souligne la Banque de France. Les derniers chiffres de la CCI sur le 3etrimestre 2019 annonce une amélioration de deux points du climat des affaires mais moins d’optimisme : 22 % d’entre eux prévoient une amélioration de leur activité, contre 16 % qui craignent une détérioration, soit un solde de + 6, en baisse de 5 points par rapport au 2e trimestre de cette année. Les dernières implantations démontrent que la Région est toujours stratégiquement positionnée : Amazon a ouvert un centre logistique à Boves dans la Somme, la plateforme multimodale de Delta 3 à Dourges a doublé de surface pour accueillir toujours plus de nouvelles entreprises, Vestiaire Collective se développe à Tourcoing.
Il faut souligner que les Hauts-de-France regroupent de gros centres de distribution comme Amazon, Babyliss, Columbia, Dispeo, Primark, Rakuten, Decathlon ou encore Aquarelle. Les principaux noms du transport et de la logistique sont présents sur le territoire comme Chronopost, DHL Exel Supply Chain, Fedex, Gefco, Geodis, etc.
Mais le TRM régional se porte-t-il mieux pour autant ? Dans les cinq départements de la Région (Nord, Pas-de-Calais, Somme, Oise, Aisne), la filière reste essentiellement constituée de TPE-PME : 61 % des entreprises comptent entre 1 et 9 salariés. Le TRM regroupe près de 3 900 entreprises et 50 000 postes, soit 2,4 % de l’emploi régional ! Les départements du Nord et du Pas-de-Calais concentrent 70 % des salariés. Près de 68 % des effectifs régionaux appartiennent à la famille des conducteurs, 95 % des salariés du TRM sont même en CDI.
Après des mois d’attente, l’État a confirmé contribuer à hauteur de 1,1 milliard d’euros au projet du Canal Seine Nord Europe, liaison fluviale de 107 kilomètres, déclaré d’utilité publique il y a dix ans. L’Europe financera, elle, les études à hauteur de 50 % et les travaux à 40 %. Sur ce « chantier du siècle » estimé à 4,5 milliards d’euros, « l’État aidera à la mise en place de ressources à assiette locale », pour le solde à financer, soit entre 700 et 900 millions d’euros. Les travaux pourraient commencer à la fin du premier semestre 2020 pour se terminer vers 2028. Reste à ce que les acteurs régionaux se mobilisent ensemble pour le développement intelligent des plateformes le long de ce nouveau canal, pour que la Région Hauts-de-France bénéficie des retombées économiques de cette méga infrastructure.