Tout juste trois mois après avoir annoncé leur rapprochement, Nikola Motors et CNH International - qui compte à son effectif Iveco et le motoriste FPT Industrial-, ont lancé officiellement leur joint venture à Turin le 3 décembre 2019 pour concevoir et commercialiser des camions électrique. Les deux partenaires ont présenté à cette occasion une maquette du futur Nikola Tre, camion destiné au marché européen dont l’ossature repose sur celle du nouvel Iveco S-Way, présenté en juillet dernier.
Chaque associé compte tirer profit de cette alliance inédite, qui voit un constructeur traditionnel s’accoler à un "disrupter" californien. Iveco va pouvoir proposer rapidement des camions électriques, et satisfaire ainsi aux exigences de l’Union Européenne en matière de baisse d’émissions de CO2. "Pour rester en phase avec l’objectif européen, nous considérons que 20 à 25 % des camions lourds que nous proposerons en 2025 devront proposer une motorisation alternative. Cela ne sera possible qu’avec 15 % de camions GNV, un modèle que nous proposons déjà, mais aussi avec 8 à 10 % de camions électriquesé, a souligné Gerrit Marx, président commercial de CNH International.
Le Nikola Tre sera la version électrique du S-Way
Nikola Motor va profiter pour sa part d’un partenaire de premier plan pour adapter son camion aux spécificités du marché européen, tout en bénéficiant de son réseau de distribution et d’entretien. "L’utilisation de la plateforme S-Way va nous permettre d’accélérer la mise sur le marché du Nikola Tre, qui sera être effective avant nos modèles américains, soit en 2021 pour la version électrique et en 2023 avec la pile à combustible", a indiqué Mark Russell, le président de Nikola Motor.
CNH International a confirmé qu’il ne produira que les versions gaz et Diesel des S-Way. Les versions électriques et hydrogène seront de facto proposées sous la forme du Nikola Tre, avec une chaîne cinématique apportée par Nikola Motor.
Double héritage
La conception du Nikola Tre se veut modulaire, avec des packs de batterie et de réservoirs à hydrogène adaptables selon les missions des clients. Le Nikola Tre première version (batteries seules) pourra embarquer jusqu’à 720 kWh de batteries, de quoi offrir une autonomie de 400 kilomètres. La version hydrogène ajoute une pile à combustible et des réservoirs stockant l’hydrogène à 700 bars avec une contenance de 40 à 80 kilos d’hydrogène. La version maximale permettra de rouler 800 kilomètres. Le véhicule sera proposé en version 2 et 3 essieux, avec un poids de 18 à 26 t.
Il bénéficiera de finitions spécifiques comme un système de rétro-caméra et d’infotainment soigné. Il héritera en outre du système de connectique de Nikola pour le suivi du niveau de charge, ainsi que du cloud d’Iveco pour les opérations de maintenance à distance. Le modèle sera présenté lors du prochain salon IAA d’Hanovre en septembre 2020.
70 stations en prévisions
Pour assurer le déploiement d’une flotte hydrogène, les deux partenaires entendent construire 70 stations en Europe d’ici 2030 en plusieurs phases en commençant par couvrir dès 2022 les grands axes entre la France, l’Italie, l’Allemagne et le Benelux. Ne serait-ce que pour permettre aux Transports Jacky Perrenot de faire rouler le tout premier Nikola Tre à être commercialisé. À ce sujet, Trevor Milton, le fondateur de Nikola Motor a éviqué des carnets de commande déjà plus que remplis pour le marché européen.
Reste une question cruciale. Le prix des modèles n’a pas été divulgué. Les véhicules seront très probablement commercialisés sous une forme locative, carburant compris. Trevor Milton, s’est contenté de signaler un TCO, coût de détention, "égal ou inférieur au Diesel", un point qu’il aura très certainement l’occasion de préciser à ses premiers futurs clients lors de rencontres programmées les jours à venir.