La distribution urbaine est devenue un thème électoral. Preuve en est la double présence, le 9 juillet au port Édouard-Herriot de Lyon, de Gérard Collomb, maire, et de David Kimelfeld, président de la Métropole – tous deux candidats à Lyon pour les municipales de 2020 – pour la pose de la première pierre de l’hôtel de logistique urbaine (HLU) prévu à l’entrée du port pour 2022. Pour autant, les collectivités ne participent pas à l’investissement de 39,8 M€. Celui-ci sera financé par le groupement retenu par la Compagnie nationale du Rhône (CNR), propriétaire du port, pour réaliser l’espace logistique urbain (ELU) et associant Lyon Parc Auto (LPA), la Banque des territoires (Caisse des dépôts), Poste Immo et le groupe Serl.
Dans leur projet, un premier bâtiment destiné à la logistique (26 300 m2) permettra une massification, avec une cour camions de 35 mètres de profondeur orientée vers le port. Le côté « ville » offrira, lui, une cour en étage aux poids lourds 19 t non polluants, aux VUL électriques et aux triporteurs. Des cellules de 2 000 m2 permettront cross-docking et stockage pour des activités de messagerie et express, de redistribution de palettes, de distribution généraliste ou encore de stockage avancé ou déporté. Quant au second bâtiment, consacré au tertiaire, il sera composé de deux plateaux de 1 000 m2 chacun.
À terme, une articulation avec une voie ferrée est prévue, ainsi qu’avec le fleuve. L’objectif de la CNR est, en effet, de développer l’utilisation du Rhône : « On pourrait la quadrupler sans un euro d’investissement supplémentaire », estime Élisabeth Ayrault, sa P-dg. Lyon Terminal, filiale de la CNR qui exploite le port, a mis en service en juin un portique pour le terminal à conteneurs. Fabriqué par l’autrichien Kunz, celui-ci permet de lever 41 t à une vitesse de 90 à 120 m/minute.
Quant à LPA, elle projette déjà d’autres HLU dans l’agglomération, complémentaires de ses CDU (trois actuellement).
Dans ces lieux, elle va d’ailleurs lancer un service d’autopartage marchandises : baptisé Lyon Citiz Fret, il permettra à des transporteurs de louer à l’heure un véhicule « propre », pour assurer leurs livraisons du dernier kilomètre à l’intérieur de la zone à faibles émissions (ZFE). D’autres innovations sont attendues, puisque le HLU du port prévoit aussi un incubateur de start-up de logistique urbaine et un parking pour véhicules expérimentaux. Tous trouveront à s’avitailler sur place : la CNR construit actuellement, à l’entrée du port également, le Quai des énergies. Opérationnelle début 2020, cette station associera deux bornes de recharge en électricité 100 % renouvelable, l’une rapide (40 kWh en une heure) et l’autre ultrarapide (le même plein en quinze minutes), mais aussi deux bornes de bio-GNC, ainsi qu’une unité de fabrication et de distribution d’hydrogène « vert ». Ce dernier volet, conduit avec Engie, est la phase 2 du projet multipartenarial HyWay, qui vise à créer plusieurs stations de distribution d’hydrogène vert à Lyon et Grenoble.