Le tribunal de commerce de Périgueux a accordé le 26 mars quinze jours de sursis au groupe Vialle (24), en dépôt de bilan depuis le 14 février (cf. L'OT 2158). L'entreprise échappe, pour l'instant, à une liquidation judiciaire pure et simple, comme ses onze filiales françaises. Prévue le 9 avril, la première audience a été avancée compte tenu de la gravité de la situation financière du groupe, dont le passif s'élèverait entre 30 et 50 millions d'euros (pour un chiffre d'affaires de 130 M€). Maître Céra, l'administrateur judiciaire, semble toutefois avoir trouvé, juste à temps, la trésorerie nécessaire au paiement des salaires de mars des 1 200 employés. Le 22 mars encore, il n'était pas sûr d'y parvenir, avait-il affirmé lors d'une réunion au siège de Thiviers.
Le délai accordé par le tribunal doit permettre au groupe périgourdin de trouver d'éventuels repreneurs. Quelques transporteurs se seraient manifestés, dès le dépôt de bilan, pour acquérir les filiales les plus rentables. Vialle devrait donc être vendu par appartements. Jean Munster, président de la holding GMI (Groupe Munster International), propose de reprendre le site des Transports Bourbon à Saint-Calais (72), des Transports Vialle & Fils à Thiviers (24) et les Transports Migot-Groupe Vialle au Lardin-St-Lazare (24), soit environ 300 salariés. « Nous nous intéressons à ces filiales pour leur positionnement géographique car nous ne sommes pas présents dans le Sud-Ouest. De plus, nous pourrons trouver des synergies entre nos activités complémentaires », explique Jean Munster. Basé à St-Just St-Rambert (42), le groupe Munster (600 salariés, 1 000 cartes grises) réalise quelque 60,9 millions d'euros de chiffre d'affaires dans le transport de lots, la messagerie et la logistique. Au delà des négociations avec l'administrateur judiciaire, le P-dg stéphanois a rencontré le 30 mars les salariés du groupe Vialle à Thiviers. « Pendant trois heures, j'ai exposé un plan de reprise à vocation franco-française. Je souhaite que le personnel adhère à ce projet économique et commercial mais avant tout social », affirme Jean Munster. Ce dernier a déposé son dossier de candidature auprès du tribunal le 2 avril. A cette première offre de reprise, viendraient s'ajouter celles de deux autres transporteurs. L'un d'entre eux pourrait être le groupe Transalliance qui serait intéressé par les activités citernes de la filiale Viala (63 véhicules) située à Aixe-sur-Vienne (87) et Lyon (69) et par la partie affrètement de VLV (Vente Location Véhicules). Une autre entreprise se porterait acquéreur des Transports frigorifiques du Périgord (24). Ces trois projets complémentaires permettraient le maintien de 650 emplois sur les 800 que compte Vialle en France. L'activité transport combiné de la société landaise Mora (116 caisses mobiles) intéresserait également certains transporteurs, notamment Rouch Intermodal (92). Castandet & Fils (40) pourrait être reprise par Mme Castandet, qui avait vendu cette entreprise à Vialle en 1999. Les filiales étrangères - qui ne sont pas concernées par le dépôt de bilan - Polska Logistique en Pologne, Keulders International en Belgique, Transteam Groupo en Espagne et les Transports Frigorifiques Vialle au Maroc, devraient rester, elles, aux mains de la famille Vialle. L'avenir du transporteur périgourdin dépendra de la décision du tribunal de commerce de Périgueux, qui devrait se prononcer le 9 avril.
En attendant cette date, « les salariés demeurent dans l'expectative, indique Marc Le Saux, secrétaire du syndicat CFDT des Transports Sarthe-Mayenne. Les repreneurs auront-ils les reins assez solides ? ». Chez les Transports Bourbon (85 salariés), implantés à Conflans-sur-Anille et Saint-Calais (72), l'annonce du délai accordé à Vialle a été, dans un premier temps, mal accueillie par le personnel. Et même si certains considèrent ce sursis comme un dernier espoir pour sauver des emplois, la moitié des conducteurs de l'entreprise sarthoise se sont mis en grève le 27 mars, et jusqu'au 2 avril. Les salariés veulent mettre la pression sur leurs dirigeants et l'administrateur judiciaire afin d'obtenir des informations claires et nettes sur les éventuelles reprises. Le mouvement de mécontentement aurait aussi touché d'autres filiales. Il vient pénaliser le groupe Vialle qui, selon des sources syndicales, aurait perdu, depuis son dépôt de bilan, la moitié de ses clients qui préfèrent se tourner vers d'autres prestataires. Les sociétés Castandet & Fils et Mora auraient ainsi subi une forte chute de leurs trafics.