L’Officiel des transporteurs : Quels principaux enseignements retenez-vous au niveau de votre groupe d’une année 2020 transformée par la crise sanitaire du Covid-19 ?
Frédéric Vallet : Au-delà du fait social, qui a généré beaucoup d’inquiétude, mais aussi du fait juridique qui nous a obligés à inventer une nouvelle forme de partenariat à long terme avec nos sous-traitants, l’année passée nous a permis de réapprendre à travailler en mode agile car nous restons avant tout une grande PME. Cette crise a été l’occasion pour nos collaborateurs de faire montre de leur extraordinaire capacité d’exécution. Nous avons été amenés à réduire le nombre de réunions en nous concentrant sur le traitement d’un sujet, d’une perspective et finalement sur la décision d’une action. Le fait pyramidal a été inversé ; voilà un bel enseignement. Nous avons pu associer l’ensemble des retours du terrain pour être en mesure de nous adapter tous les deux jours. Cette année s’est avérée passionnante parce qu’elle nous a fait réaliser le potentiel de nos salariés, que nous avions peut-être sous-estimé. Dans ce contexte, nous avons également pu identifier des manques éventuels de formation.
L'OT : L’approche courante du temps de travail a-t-elle été remise en cause ?
F. V. : Cette crise a été l’occasion de dépassionner la discussion autour du temps de travail. Nous réfléchissons beaucoup à la qualité de vie au travail afin de repenser les interactions. Notre profession a l’habitude de raisonner fondamentalement en matière d’acheminement alors que des voies créatives sont à explorer. Des process peuvent être remis à plat, d’ailleurs à la demande du terrain. Au niveau décisionnaire, il est possible de travailler différemment tout en étant efficace. Maintenant, nous tenons absolument à cultiver l’agilité dont toutes nos équipes ont su faire preuve durant cette période. Notre esprit PME, qui privilégie la proximité et le pragmatisme, est essentiel. Il convient en outre d’accélérer la numérisation. Enfin, cette crise a renforcé notre souhait de piloter l’entreprise par des objectifs plutôt que par le contrôle. Il s’agit de former l’ensemble des responsables à cela.
L'OT : La population est de plus en plus sensible aux sujets environnementaux. Cette crise peut-elle selon vous avoir un impact sur ce plan ?
F. V. : Sans doute, et nous avons continué nos investissements en la matière. Sept nouvelles agences privilégiant les bâtiments autonomes en énergie sont en construction. Nous prévoyons de mettre en place une agence exclusivement destinée aux véhicules électriques ou roulant à l’hydrogène ainsi qu’aux vélos-cargos. Nous continuons aussi à promouvoir la diversité au cœur des agences en y implantant des éco-pâturages, des arbres à insectes. Nous avons constaté que le climat social change du tout au tout dans les agences de ce genre. Nous plaçons la RSE au-dessus de toute autre considération, quatre personnes s’y consacrant à temps plein chez DB Schenker. Enfin, le multimodal, au sens large du terme, est à développer. Nous travaillons d’ailleurs sur un projet avec le port de Gennevilliers.
Actualités
Frédéric Vallet, DB Schenker France : "Nous tenons absolument à cultiver l’agilité de nos équipes"
Dans la crise sanitaire, Frédéric Vallet a beaucoup appris de ses équipes et sur ses équipes. Celles-ci ont déployé une agilité que le président de DB Schenker France souhaite dorénavant cultiver. Des enseignements ont été tirés de cette aventure, qui a nécessité de s'adapter tous les deux jours et de passser à l'action plutôt que d'enchaîner les réunions. De cette créativité peut naître une remise à plat des process et une nouvelle approche du travail.