Attractivité, fidélisation, culture de l’entreprise et connaissance des normes propres à l’activité frigorifique. En ouvrant le 20 octobre 2014 la première promotion de son Academy en partenariat avec l’Isteli de Toulouse, le groupe présidé par la famille Olano visait à répondre à plusieurs problématiques touchant l’ensemble de ses 42 sites. « Ces dernières années, nous rencontrons de plus en plus de difficultés pour recruter des exploitants, d’où la volonté de plutôt prendre des jeunes sous notre coupe pour les former à notre organisation et les mettre en poste sur nos sites, souligne Sandra Olano, directrice générale. En privilégiant la montée en compétence et les souhaits de formation des équipes, nous arrivons à les accompagner dans leur parcours professionnel. »
Depuis 1994, le groupe basque a mis l’accent sur la formation avec un formateur interne, Thierry Passicot, qui se déplace sur l’ensemble des sites pour dispenser la FCO. Cette focalisation a notamment donné lieu à l’élaboration et la distribution d’un guide de bonnes pratiques au travail et d’un livret de prévention à l’ensemble des équipes. Depuis plusieurs années, la société souhaitait installer sa propre école afin de jouer un rôle dans la formation tout en laissant un organisme de formation réaliser la majeure partie du programme. D’abord freinée par la complexité du processus, elle est finalement convaincue par le directeur du développement de la communication et des écoles du groupe AFT, Pierre de Surône, de bâtir un cursus diplômant de technicien supérieur en transport territorial de marchandises. Le contenu, proche de ce que l’entreprise demande à ses collaborateurs, est proposé également dans des organismes comme l’Isteli mais se différencie par une conceptualisation dans le frigo. Sur les 854 heures de cours dispensées sur une année à une douzaine d’alternants, 70 heures sont en outre réalisées directement par Olano, permettant d’intégrer des notions propres au groupe. « La formation interne permet de formater les jeunes à l’entreprise, souligne Thierry Passicot, formateur au sein du groupe. Ils connaissent ainsi les procédures internes, le rôle de chacun, la façon de travailler. Ils sont directement intégrés, et surtout « piqués au vert ».
Après une première semaine consacrée à l’accueil des jeunes au siège par la Direction générale, à l’intégration et à la présentation de la formation et du groupe, l’enseignement est organisé en quinzaines pour mêler la théorie à la pratique. Les élèves suivent ainsi les cours à l’Isteli de Toulouse puis rejoignent l’un des sites de l’entreprise. « Dispatchés après leur formation sur toute la France, ils gardent contact et s’appellent facilement, indique Yolanda Garcia, responsable RH du groupe. Ils développent un esprit d’équipe et d’entraide. C’est une valeur ajoutée non prévue au départ. » L’évaluation se fait en deux étapes au cours de l’année. La première, qui porte sur la gestion des coûts et la réglementation sociale, est réalisée par l’école. La seconde se déroule en revanche devant un jury professionnel via des épreuves écrites, orales mais aussi par une mise en situation sur le terrain. Lors de la première promotion, 80 % des étudiants ont obtenu leur diplôme et ont été placés en entreprise. Même ratio pour la seconde promotion : les 7 candidats reçus ont été recrutés en CDI et les 2 non reçus se représenteront à une session de rattrapage au mois de mai 2017.
Constamment en recrutement, l’entreprise se base sur les besoins du Groupe pour déterminer les sites qui pourraient accueillir les alternants. Quelque 12 places sont ainsi chaque année réservées au cours du mois d’octobre. Afin que les candidats restent dans l’entreprise qui les a formés, le groupe préfère les recruter directement dans leur région. Bien que la majorité de la deuxième promotion soit composée d’une majorité de jeunes bacheliers, les profils apparaissent très variés, tant au niveau de l’âge que de l’expérience professionnelle. La formation, effectuée en une année sous forme de contrat professionnel, est équivalente à un bac +2. Accessible au niveau bac, elle s’avère toutefois complexe en terme de connaissances, particulièrement sur les notions techniques que requiert l’exploitation. La filière professionnelle transport et logistique s’avère ainsi préférable et le niveau BTS peut s’avérer plus adapté aux compétences requises pour la formation. Sur les deux promotions, trois personnes ont abandonné la formation. « Ces élèves s’étaient trompés de vocation, précise Yolanda Garcia. Nous nous sommes rendu compte du risque de perdre les jeunes bacheliers car ils ne sont pas encore très expressifs lors des entretiens que nous menons au préalable avec eux. » Si les connaissances représentent un critère déterminant dans l’obtention du diplôme, une attention particulière est également portée à la logique d’entreprise du candidat et à sa capacité de projection dans la société. « Nous pouvons d’ailleurs parfois intégrer des personnes présentant des caractéristiques ou connaissances utiles à d’autres secteurs de l’entreprise, comme l’administratif », note Yolanda Garcia. Des diplômés ont ainsi été affectés à des postes de managers de proximité, récemment créés par le groupe afin de renforcer les relais d’information entre la société mère et ses filiales, « dans un but de bien-être de nos équipes et de la satisfaction de nos clients », précise Sandra Olano.
Outre le transport routier, le programme inclut la réglementation douanière, la gestion, la relation avec la clientèle, l’informatique ou encore l’anglais. Des exercices, comme des mises en situation de gestion d’un transport, sont également organisés, avec des plans de transport en situation réelle. Les risques liés à la chaîne du froid, mais aussi les spécificités techniques de la qualité de service, comme les assurances ou les dédommagements, sont abordés. « La Olano Academy inculque les procédures de travail à respecter, précise Karine Marquet, responsable du Management par la Qualité. Les exploitants doivent connaître les contraintes inhérentes à chaque poste, par exemple pour expliquer aux conducteurs qu’ils ont des responsabilités. » Les problématiques sanitaires et les procédures qu’implique le transport des produits réfrigérés sont détaillées. « Les clients sont de plus en plus certifiés IFS et BRC, précise Maria Lucia Roger, responsable sécurité alimentaire. Nous incorporons des sessions sur les règles d’hygiène, dont l’entretien des locaux, mais aussi les règles de suivi des produits, le contrôle de température, l’enregistrement en continu ou encore le nettoyage du véhicule. »
Le groupe envisage d’enrichir l’offre de ses formations en interne au sein de l’Academy. Mais il entend dans un premier temps renforcer son premier cursus : « pour l’instant, nous nous concentrons sur l’exploitation, souligne Sandra Olano. Mais je souhaite l’étendre aux conducteurs et caristes, ainsi qu’aux les postes de direction. »
Avec un BTS commercial en poche, Julen a connu plusieurs postes en Irlande puis à Londres. Mais afin de revenir dans sa région, il a souhaité se réorienter car peu de postes de ce secteur sont proposés à Saint-Jean-de-Luz. « Le groupe Olano étant reconnu dans la région, je suis allé voir si mon savoir-faire pouvait y être utile, précise-t-il. Nicolas Olano m’a alors proposé cette alternance et je me suis lancé. »
Le retour aux études s’est avéré difficile au début pour le nouveau diplômé, particulièrement sur la partie théorique. La formule en alternance s’est en revanche révélée importante : « Le côté pratique de la formation permettait de comprendre les notions tout en étant en phase avec la réalité, précise-t-il. L’année d’étude en alternance m’a par ailleurs conforté dans mon choix car j’avais plus de chance d’obtenir un poste à son issue. » Une fois le diplôme obtenu, le groupe lui a proposé deux possibilités de poste, à Paris ou à Saint-Jean-de-Luz. Julen a alors choisi de rester dans sa région. En poste depuis un an, il termine désormais une période de transition en tant qu’agent d’exploitation technico-commercial durant laquelle il a pu mettre directement en pratique ses acquis.
À 17 ans, Antoine était le plus jeune de la promotion de l’année 2015-2016. Après avoir obtenu un bac pro transport et logistique, il est entré en alternance à l’exploitation de Saint-Jean-de-Luz. Avant le bac, il n’avait pas de vue sur le transport mais ne se projetait pas non plus dans une filière générale. Mais la formation permettait d’aboutir à un métier spécifique et lui donne des perspectives d’avenir, « peut-être dans le management, voire la direction d’agence », espère-t-il. L’année de formation à la Olano Academy en alternance laissait une plus grande place à l’autonomie que le bac professionnel, ce qu’a apprécié le jeune alternant. Le programme, organisé en quinzaines et donc régulier, représentait également un atout pour lui. Antoine a obtenu son diplôme et occupe actuellement un poste d’agent d’exploitation technico-commercial à Saint-Jean-de-Luz. Il poursuit sa formation sur une année en alternance avec l’Isteli de Bordeaux pour obtenir un Bac+ 3 RPTL (Responsable Production Transport et Logistique).