L’Officiel des transporteurs : Quelle perception avez-vous, à l’AUTF, de la relation transporteur-chargeur dans le contexte actuel ?
Fabrice Accary : Je dirais que la relation de confiance entre chargeurs et transporteurs reste préservée ; elle s’inscrit encore davantage dans le long terme et le partenariat. Cette relation de confiance est néanmoins sous contrainte : les chargeurs subissent la pression de leurs clients afin que les prix restent cadrés ; en cela ils essaient de travailler de conserve avec leurs transporteurs afin que les évolutions de coûts soient préservées autant que faire se peut. Face à des situations exceptionnelles comme celle que nous connaissons, il est important de savoir que l’on peut compter les uns sur les autres. Au moment où nous échangeons, je dirais qu’un chargeur ne peut se trouver dans une situation de remise en cause de son panel de transporteurs.
L'OT : Peut-on dire toutefois que cette crise fait bouger les lignes dans la relation transporteur-chargeur ?
F. A. : Nous n’avons pas vraiment l’impression que ces lignes ont tendance à bouger, car nous sommes dans une logique de relation de long terme. En fait, ce qui nous perturbe aujourd’hui, c’est la situation dans le maritime et l’aérien. Elle a pour effet de toucher également le transport routier. C’est cette situation qui veut que les armateurs maritimes ne viennent plus toucher les ports français, ce qui nous contraint à aller chercher des marchandises dans des ports à l’étranger, ce qui tend à faire grimper les coûts du transport maritime. En clair, concernant la relation chargeur-transporteur, je parlerais de bienveillance et de dialogue renforcés pour que, au sortir de la crise, tout le monde soit encore dans la partie.
L'OT : Que répondez-vous à ceux qui affirment que nombreux sont les chargeurs qui se tournent vers les transporteurs étrangers en cabotage sur le territoire français afin d’obtenir des prix plus intéressants ? L’OTRE demande même à ce que soit déclenchée la clause de sauvegarde pour une période de six mois…
F. A. : Je n’ai pas connaissance de cette tendance au niveau de l’AUTF, ce qui ne signifie pas qu’elle n’existe pas. Nous avons en notre sein de très grands chargeurs qui sont extrêmement engagés, notamment dans la défense de l’activité industrielle française, du pavillon français. On sait, en revanche, que dans le trnasport routier de marchandises – sur le marché spot – il existe parfois des marchés en cascade qui se tournent vers du transport étranger. Est-ce du transit, du cabotage légal ou illégal ? Difficile de le savoir. Quant à la clause de sauvegarde, je ne pense pas que ce sera un instrument qui résoudra le problème des transporteurs français ; ce n’est pas là-dessus qu’il faut se battre.
L'OT : À quoi pensez-vous en particulier ?
F. A. : Je pense à des aides financières qui permettraient de surmonter cette crise, à une diminution des coûts d’infrastructures…
L'OT : Que pensez-vous de la décision du gouvernement de raboter de 2 centimes par litre la ristourne gazole avec possibilité de pied de facture pour le transporteur ?
F. A. : On sait que tout le monde devra contribuer dans le combat contre les émissions de CO2. La fiscalité sur le carburant semble être un support sur lequel il y aura des évolutions et, de par la répercussion, les chargeurs prennent leur part au financement de cette fiscalité. Ce n’est pas un combat dans lequel nous souhaitons nous engager.
> Lire la suite de l'article dans l'Officiel des transporteurs n° 3038 du 9 octobre 2020