Entre coupes sèches et vague d’investissements

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La plus grosse société de transport de marchandises par rail, l’allemand DB Cargo, se porte mal. Lourdement déficitaire, la société pourrait perdre 300 M€ cette année. À l’heure du débat climatique, le gouvernement allemand hésite entre un plan de restructuration radical ou le développement du secteur à coups de milliards d’euros.

DB Cargo est la plus grosse société de transport de marchandises par rail en Europe. Mais, depuis des années, ses résultats plombent ceux de la maison mère, la Deutsche Bahn. Aucun des nombreux plans de restructuration lancés à ce jour n’a permis de redresser la barre. En quelques années, DB Cargo a vu son chiffre d’affaires amputé de moitié tandis que s’accumulent les déficits. Les pertes cumulées depuis 2013 frôlent le milliard d’euros. Depuis la même date, les parts de marché en Europe de DB Cargo sont passées de 25 à 20 % du total. Et l’entreprise devrait achever 2019 sur de nouvelles pertes record, d’un montant de 300 M€. De mauvaises décisions stratégiques, et trop d’atermoiements politiques sont rendus responsables de la crise actuelle. Le transport en commun de wagons groupés de différents clients, hautement technologique, est aussi l’activité la plus déficitaire de DB Cargo. Stratégique, ce secteur se substitue la présence de 15 000 camions par jour sur la route. Il a beaucoup souffert du repli de l’activité de la poste allemande.

Sous la pression des Sociaux-démocrates, associés aux Chrétiens démocrates d’Angela Merkel au pouvoir, le gouvernement a fait de DB Cargo l’une de ses priorités. Selon le ministère des Transports, le rail doit assurer, d’ici à 2030, 25 % des transports de marchandises, contre 18 % à l’heure actuelle. Cela permettrait d’éviter 13 millions de trajets par camion chaque année. Alors que les Allemands placent le climat en tête de leurs préoccupations, le facteur environnemental jouera un rôle important dans les décisions attendues prochainement. Le transport d’une tonne de marchandises par le rail est cinq fois moins nocif en termes d’émissions de gaz à effet de serre et 40 fois plus sûr que par la route. Le 20 septembre, le gouvernement doit présenter son plan climat appelé à devenir le principal chantier du quatrième gouvernement Merkel. L’avenir de DB Cargo sera notamment évoqué.

Plusieurs scénarios sont encore à l’étude, proposés par les cabinets d’experts Oliver Wyman, SCI-Verkehr et CK Rail&Logistics. Le plus radical prévoit le retrait pur et simple de DB Cargo des régions non rentables, en gros le quart nord-est de l’Allemagne.

Réductions d’emploi

Ce scénario extrême se solderait par 3 000 suppressions d’emploi. Plus vraisemblable, étant donnée la pression politique qui pèse sur les décideurs, avec la poussée continue des Verts dans les sondages, l’option « développement et essor » aurait le plus de chances de s’imposer, notamment du fait de l’importance du fret ferroviaire pour des pans entiers de l’industrie allemande, tels que l’automobile, la chimie ou la métallurgie. Ce plan induirait lui aussi des réductions d’emploi, mais de moindre ampleur. Surtout, il nécessiterait un nouveau plan d’investissement d’au moins 760 M€, notamment pour l’achat de nouveaux wagons et le développement de l’automation. DB Cargo entend notamment équiper 68 000 wagons de capteurs électroniques, afin d’a­méliorer le traçage des wagons.

Ce scénario de longue haleine table sur des pertes jusqu’en 2023 et un retour à l’équilibre pour 2030. Mais il pourrait permettre d’économiser 530 000 tonnes de CO2 à l’horizon 2030.

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