[Dossier financement bancaire] L’heure est à de nouvelles modalités de financement

[1/2] Les 19 et 20 août, L'Officiel des Transporteurs plonge dans le financement bancaire ! Les entreprises du TRM ont tout intérêt à mettre en avant des éléments extra-financiers afin de trouver des moyens d’assurer leur financement et de valoriser leurs démarches en faveur de la transition énergétique ou leur politique RSE. Le métier de banquier a parallèlement fortement évolué notamment vers le conseil. On fait le point.

Dans un contexte d’augmentation du coût d’acquisition, les transporteurs et logisticiens sont d’abord touchés par une hausse des taux d’intérêt, à l’image de ELD Transport (77). « Nous ne rencontrons pas de souci particulier. La seule inquiétude actuelle tient aux taux d’intérêt élevés alors qu’en parallèle notre niveau d’activité est satisfaisant même si l’on sent que la clientèle est dans une sorte de statu quo », explique Laurent Albiges, le directeur général du transporteur de Seine-et-Marne. Thomas Barbier, directeur général de Lapeyre Logistique (94), qui offre notamment un service de vélos-cargos électriques dans Paris, pointe particulièrement le besoin de financer le coût de possession sur zone courte : « Le marché agro-alimentaire du dernier kilomètre n’est pas encore en capacité d’absorber les surcoûts relatifs à la transition énergétique ». Il ne s’agit pas du seul. « La nécessité de disposer d’un hub de dispatch en hyper-centre tout en pouvant accéder à la recharge conjuguée au risque que représente le recours à un fournisseur d’énergie unique grève la structure de coût mais est actuellement l’unique solution pour travailler à iso-coût », détaille-t-il. Si l’hydrogène constitue une piste d’avenir, à ce stade « en termes de financement, le biogaz et le B100 demeurent dans notre cas les énergies les plus accessibles dans un plan d’amortissement ». Quant à la relation de Lapeyre Logistique aux organismes de financement, leur dirigeant es-time que « les banques sont sensibles aux questions de transition et ont à la fois des objectifs et des lignes d’investissement ». Il reconnaît aussi « avoir été soutenu au mo-ment de mettre en place le business model de vélos-cargos électriques d’autant que les banques semblent prêtes à accompagner les entreprises qui font montre d’une straté-gie de décarbonation » même s’il « trouve assez dommage de limiter le risque à la capa-cité d’endettement et pas à la capacité d’une entreprise de rembourser ».

Intégrer des éléments extra-financiers

David Darrieussecq, gérant des Transporteurs Darrieussecq (64) et président de Bleu Modal (64), s’il évoque également être « un peu freiné par le niveau des taux d’intérêt actuel » estime que « les réponses à des demandes de crédits-baux sont plutôt positives » mais pointe surtout des nouvelles façons d’entendre le financement. « Grâce à l’accélérateur transport routier de Bpifrance auquel nous participons, nous apprenons à nous ouvrir à d’autres partenaires que les traditionnelles banques. Nous intégrons des éléments extra-financiers en vue de la CSRD. Il s’agit de montrer notre engagement effectif dans la transition afin d’accéder à des offres plus attrayantes. Avec nos partenaires financiers, nous pouvons discuter de stratégie, d’engagement, de RSE, toutes choses auxquelles ils sont réactifs. Nos échanges à long terme sont ainsi plus constructifs que par le passé », souligne le dirigeant. À titre d’exemple, les Transports Darrieussecq sont accompagnés par une mission de maturité RSE en lien avec Bpifrance, laquelle porte sur la gouvernance et des enjeux sociétaux. En parallèle le transporteur s’est lancé dans une démarche d’audit afin d’obtenir une labellisation de sa démarche RSE qui pourra contribuer à accroître son attractivité auprès des organismes de finan-cement, banques comprises.

Des finances sensibles à la RSE et aux RH

Charlotte Przybylsk, responsable de l’accélérateur transport routier de Bpifrance et en charge de la première promotion, corrobore les propos de David Darrieussecq en soulignant la nécessité de préparer au mieux une société à financer son activité. « La performance commerciale est nécessaire. Dès lors le développement commercial et la recherche de nouveaux clients sont un besoin encore renforcé dans une conjecture de ralentissement économique. Plus généralement, du dynamisme est requis. Les partenaires bancaires sont demandeurs de démarche RSE ; les enjeux liés aux RH et à la marque employeur sont également scrutés de près. Il en va des actions de valorisation et d’attractivité, au-delà des entreprises, du secteur même. L’accélérateur donne des clés, du vocabulaire pour comprendre ces enjeux ». Enfin, la responsable relève l’importance de se projeter dans la durée : « Une entreprise se doit d’être structurée afin de croître de manière pérenne. Il est en outre utile de développer les échanges entre dirigeants de sociétés différentes de manière à accroître leur confiance mais également de s’appuyer en interne sur l’ensemble des membres d’une direction. Faire ruisseler la stratégie, partager la vision du dirigeant, fidéliser et impliquer les équipes, autant d’actions qui sont de nature à rendre attractive une entreprise auprès d’un orga-nisme de financement ».

Le métier de banquier a changé

L’offre des établissements bancaires s’est adaptée en conséquence. Notamment au LCL ou chez BPCE et BNP Paribas. « Le positionnement du banquier a évolué pour devenir plus qu’un financeur et être aussi un accompagnateur de réflexions stratégiques. Le banquier s’inscrit dans la durée en adoptant une démarche globale, notamment dans le domaine des RH avec par exemple des solutions d’épargne salariale responsable, ou dans celui des problématiques d’innovation comme la mobilité décarbonée ou encore de haut de bilan », explique Cédric Renaud, directeur des marchés entreprises et économie sociale de la Caisse d’Epargne. « Nos collaborateurs sont formés de façon à mener des entretiens stratégiques avec les dirigeants des entreprises sur les principaux enjeux que sont l’international, l’ESG, les RH, l’accélération, le digital ou l’innovation. En logistique, le transfert d’actif juridiquement encadré est l’un des sujets qui se développe. Les prêts à impact qui constituent un vrai levier d’implication de l’ensemble des collaborateurs jusqu’au dirigeant ont également le vent en poupe », observe Jérôme Lamotte, directeur des entreprises, des institutionnels et des ingénieries de la Banque Populaire. Acquisition et transmission restent aussi d’actualité : « La demande d’acquisition de sociétés demeure élevée. Dans le secteur du TRM, la transmission est un sujet historique dans lequel notre rôle consiste notamment à con-tribuer à la pérennité du tissu de PME et d’ETI et in fine à la préservation de l’emploi sur les territoires. Il faut noter que les dossiers de transmission sont de plus en plus anticipés par les dirigeants, ce qui optimise les chances de succès », souligne Cédric Renaud. « Une banque est un catalyseur d’expertise, un coordinateur de sujets. Les banques régionales qui offrent un maillage conséquent ont un atout parce qu’elles comprennent les enjeux de leurs territoires », complète-t-il. Les banques comme le groupe BPCE sont en outre à l’écoute des initiatives de dernier kilomètre et se déclarent prêtes à adapter leur analyse aux démarches innovantes.

Des exigences impactées par la transition énergétique

BNP Paribas est également à l’écoute du marché du dernier kilomètre, comme le relève Stéphane Spitz, directeur général BNP Paribas Artegy: « Le dernier kilomètre est un des marchés les plus avancés en matière de transition énergétique, du fait de l’offre constructeur et des contraintes annoncées des ZFE. Un utilitaire électrique est ainsi, comme son équivalent thermique, impacté par la petite sinistralité propre aux déplacements urbains. Plus onéreux, il impose de centraliser son financement et son exploitation de façon homogène sur l’ensemble du territoire ». Cette approche, plus largement, est notamment fondée sur la collaboration y compris avec des constructeurs ou des carrossiers mais essentiellement à partir d’hypothèses apportées par l’expérience des transporteurs ou le calcul du TCO. « Les exigences en matière de transition énergétique des clients s’accroissant, il nous revient d’apporter les éléments d’aide à la décision, no-tamment au travers du TCO, de proposer une trajectoire pluriannuelle de renouvellement de la flotte fondée sur l’identification des surcoûts pour laquelle être multimarque et multiénergie constitue un avantage. En tant qu’assembleurs de service et de solution, la transition énergétique nous impose d’étudier davantage l’usage du matériel afin de proposer la meilleure solution, notamment en termes d’énergie. Les transporteurs et logisticiens veulent faire des efforts de décarbonation, mais à un coût attendu », analyse le directeur général. Cette nouvelle manière de faire tient aussi à la multiplication des données qui sont une source de richesse et recèlent intrinsèquement beaucoup de valeur, surtout dans le cadre de ruptures technologiques fréquentes. Taux de disponibilité de la flotte, diversité d’actifs ou d’usages, externalisation du risque sont des dossiers récurrents et transversaux: « Les clients du secteur présentent des tailles, des activités et des métiers différents », souligne Arnaud Villeger, directeur de l’OVI (Observatoire du Véhicule Industriel) et directeur offre et transition énergétique, qui relève en outre que « Dans le monde du VI, la LLD peut laisser l’impression d’être onéreuse car il existe un biais cognitif dans la perception des coûts que la LLD met en lu-mière ».
Le financement, notamment bancaire, s’est transformé. Si les services traditionnels continuent de figurer en bonne place dans le panel d’offre des organismes de financement, ces derniers en ont développé de nouveaux qui reposent sur des éléments autrefois non valorisables. Les grands sujets du moment constituent autant d’opportunités d’améliorer une stratégie de financement.

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