Denis Le Bossé (Cabinet ARC) : « Face à des difficultés financières, les entreprises sollicitent souvent de l’aide trop tard »

Denis Le Bossé, Président du Cabinet ARC

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Face à des difficultés qui s'accumulent, le secteur du transport routier enregistre de nombreuses défaillances. Selon Denis Le Bossé, Président du Cabinet ARC, spécialisé dans le recouvrement de créances bancaires et commerciales, demander de l'aide, comme un placement en redressement judiciaire, assez tôt pourrait permettre à certaines entreprises de tomber dans une spirale.

Selon une étude du Cabinet ARC / IFOP*, 80% des entreprises interrogées ne prévoient pas de croissance de leur activité au second semestre 2024. Quelle est votre point de vue sur la situation économique des entreprises du TRM ?

La situation économique n’est pas catastrophique même si on note moins d’activité. Certaines entreprises, surtout les plus petites, souffrent parce que leur structure financière s’avère moins solide et elles disposent de moins de fonds propres. Elles se retrouvent face à une spirale qui peut mener jusqu’au dépôt de bilan. Un quart des entreprises pensent toujours ne pas pouvoir faire face aux divers remboursements. Elles doivent parfois payer des retards d’échéances fiscales et sociales de la période Covid, faire face aux charges courantes, parfois rembourser un PGE, sont confrontées aux augmentations de différents coûts comme les salaires, les cotisations d’assurances ou l’entretien de matériels… Et, dans le même temps, elles manquent de financement et se retrouvent face à des difficultés de recrutement. Or, on ne peut pas s’attendre à une amélioration quand on se retrouve déjà dans la spirale.

Qu’est-ce ce qui pourrait amener à une amélioration avant que cette spirale s’installe ?

Souvent, les entreprises ne sont pas assez structurées et ne connaissent pas les différents dispositifs qui pourraient les aider ou alors elles sollicitent de l’aide trop tard. Par exemple, elles se placent trop tardivement sous la protection du tribunal qui pourrait leur permettre notamment de rééchelonner leurs dettes via des conciliations. C’est aussi parce qu’elles craignent un rapport de force dans les négociations avec leurs clients et craignent de perdre de grands donneurs d’ordre. Il faut nécessairement que l’entreprise passe par un plan, notamment avec des délais de paiement qui constituent toujours plus un enjeu capital.

Selon le sondage, 77% des sociétés déclarent que c'est en premier lieu grâce à l'allongement des délais de paiement des fournisseurs que sont compensés les besoins en trésorerie. Constatez-vous encore de nombreux retards de paiement par les fournisseurs ?

Certaines entreprises continuent d'user de leur position dominante pour imposer des conditions de paiement contraignantes à leurs fournisseurs, tant la sanction maximale actuelle est anecdotique, financièrement, pour elles. Face à ce constat, les sociétés ont manifesté, à plus de 70%, le souhait que les amendes délivrées par la DGCCRF aux sociétés ne payant pas leurs factures à l'heure, soient définies au prorata des bénéfices réalisés par celles-ci, devenant ainsi des sanctions véritablement impactantes et efficaces. Les entreprises interrogées se sont par ailleurs montrées dubitatives concernant la proposition de la Commission européenne de réduire de 60 à 30 jours le délai maximum de paiement. Nombre d'entre elles doutent que la mesure soit respectée et donc efficace compte tenu des pratiques actuelles et des retards de règlement auxquels elles font face aujourd'hui.

*200 entreprises de 50 salariés et plus ont été interrogées entre le 17 et le 29 avril 2024

 

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