François-Michel Lambert, le député auquel Alain Vidalies, le secrétaire d’État aux Transports, a confié le pilotage du Comité France logistique 2025, a bien voulu le reconnaître : le politique est déjà dépassé par l’irruption, dans l’économie, des plateformes numériques de mises en relation en B2B, B2C mais aussi B2B2C. Une irruption qui, outre les performances qu’elle engendre sur le champ des flux d’informations, remet en question un certain nombre de modèles, notamment sur le plan social. Car, déjà, deux modèles coexistent : le bon vieux salariat et le statut d’autoentrepreneur, avec son lot de précarité. Dans le TRM, certaines fédérations professionnelles – l’OTRE et le SNTL (transport léger) en tête – bataillent déjà contre ces nouveaux acteurs du transport qu’elles accusent de « concurrence déloyale ». François-Michel Lambert l’a admis à la tribune de la table ronde de la SITL : le législateur possède un wagon de retard, il se trouve déjà à la remorque de ce phénomène explosif que représentent les plateformes numériques, dans le sillage d’Uber, la première d’entre elles chronologiquement. « Il y a une vague qui est en train d’arriver. Il faut s’y préparer à l’image du surfeur qui la guette sur l’océan », a déclaré le député socialiste. Robotisation ? Mécanisation ? Depuis plusieurs mois, le sujet qui fait le buzz dans les tables rondes et autres conférences du transport et de la logistique — outre le gaz — c’est bien le véhicule autonome. Le récent congrès de la FNTR, en octobre dernier, n’a pas dérogé à la règle. À la tribune de la SITL, Patrick Bellart, directeur des innovations techniques chez FM Logistic, est venu dire que « cette technologie (le véhicule autonome, Ndlr) pourra remplacer l’un des deux conducteurs sur la longue distance ». Une idée en partie partagée par Joël Vigneron. « De toutes les façons, même avec ce type de véhicules, il faudra de l’humain. Je pense qu’on y viendra vite, à cette technologie, dans les zones fermées type mines ou ports », a souligné le patron des Transports éponymes, par ailleurs président du groupement Tred Union. « L’humain sera dans une salle, pas dans le camion », lui a rétorqué François-Michel Lambert. Une idée qui fait dire à certains, dans la filière, qu’on aura dans quelques années davantage besoin d’informaticiens que de conducteurs.
Sur l’échelle des enjeux du futur proche dans la chaîne logistique, Damien Bon estime que « le progrès, pour nos sociétés, réside davantage dans la mutualisation de la supply chain, jusqu’à la logistique urbaine ». Le cofondateur de Stuart, une plateforme de livraisons urbaines de petits colis dans les grandes agglomérations récemment tombée dans le giron de La Poste, va même jusqu’à penser que, « comme dans la téléphonie, on devra peut-être partager le réseau ». Et d’ajouter : « le véhicule autonome, c’est l’ordre 2, selon moi, au niveau des enjeux ». Le point le plus partagé par les participants à cette table ronde a été le risque que font planer sur l’avenir de certains métiers ces phénomènes de robotisation et de numérisation des process dans l’entreprise. « Le concept de plateforme va se généraliser. Il permet d’améliorer les taux de chargement, précise François-Michel Lambert. Nous sommes dans la révolution de l’information. Il existe des risques graves de disparition de centaines de métiers. Il y a de moins en moins d’embauches dans les entrepôts ». Patrick Bellart estime, de son côté, que « les robots savent faire bien des opérations simples et répétitives. Leur utilisation possède un vrai impact sur la notion de pénibilité ». Le dirigeant de FM Logistic, actionnaire de la plateforme Click & Collect, confie que, dans les entrepôts de sa société, la robotisation est en marche. « Nous avons une quinzaine de robots en service aujourd’hui. Nous en avions deux il y a 2 ans ».
Nombre d’expressistes testent depuis plusieurs mois le drone. Son avènement est annoncé pour dans peu de temps, pour peu qu’un cadre réglementaire précis lui soit fixé. « Le drone effectuera la livraison, certes, mais la commande sera effectuée par une personne. La Poste mène actuellement des expérimentations. Il en ressort que, pour l’instant, l’autonomie des drones est insuffisante », confie Damien Bon. Pour l’instant…