« Devancer les innovations pour être une école de référence »

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Pour l’accompagnement de ses étudiants, l’École supérieure des transports (groupe Enoes) s’est associée en mars avec le groupe Heppner. Elle s’appuie ainsi une nouvelle fois sur son réseau d’entreprises partenaires, une force pour l’établissement qui entend intégrer les innovations du secteur dans ses formations et même les devancer, indique Christine Rhodes, directrice de l’EST.
L’Officiel des transporteurs : Comment définiriez-vous l’E.S.T. et quelle est sa vocation ?

Christine Rhodes. : L’E.S.T. suit une approche multimodale – transports aérien, maritime, ferroviaire et routier – mais également systémique car elle considère le transport comme une valeur ajoutée dans une chaîne globale. L’E.S.T. se différencie des écoles de commerce, davantage orientées supply chain et qui, dans leurs formations, traitent le transport davantage comme un exemple. Nos programmes, à destination des transporteurs comme des chargeurs, forment les élèves à 360°. En tant que managers, ils se doivent de maîtriser à la perfection leur cœur de métier – le transport et la logistique – mais également gérer, au sens large, un centre de profit, et ce, dans tous les domaines de gestion – humaine, financière et commerciale. Les intervenants de l’E.S.T sont des professionnels qui entretiennent des liens étroits avec l’école, soit parce qu’il s’agit d’anciens élèves, soit parce qu’ils exercent des fonctions de manager dans des entreprises partenaires. L’effectif de l’école est en constante évolution, quelque 130 élèves suivaient cette année le titre Manager Transports et Logistique. Pour répondre à des demandes de formations spécifiques de la part des entreprises, il a été décidé d’ouvrir en octobre 2019 le titre bac+5, Directeur des Transports et des Flux nationaux et internationaux, pour une vingtaine d’élèves. Et en septembre 2020, nous ouvrirons un nouveau titre, un Bachelor bac+3, Spécialiste des Opérations Transport et Logistique, pour une vingtaine d’élèves.

L’École s’est associée, cette année, avec Heppner pour accompagner les étudiants. Quels sont les contours de ce partenariat ?

C. R. : L’objectif du parrainage repose sur un accompagnement tout au long de l’année. Heppner parraine ainsi les promotions 2020 de Manager Transports et Logistique, de Directeur des Transports et des Flux nationaux et internationaux et de l’Executive MBA. Suivant leur niveau de formation, les élèves seront accompagnés par différents référents. Pour les élèves du titre Manager Transports et Logistique, les référents sont les « talents » issus de l’université interne créée par Heppner. Ils complètent la mission des Directeurs de Mémoire en apportant et partageant leurs conseils et expertises, notamment sur le Mémoire de fin d’études et sur la préparation de la soutenance. Les élèves du titre Directeur des Transports et des Flux nationaux et internationaux seront accompagnés par les directeurs de région Heppner sur le projet annuel de groupe entrepreneuriat/ intrapreneuriat ainsi que sur la préparation de leur soutenance. Quant aux auditeurs de l’Executive MBA, ils pourront découvrir les enjeux de la gouvernance, en s’entraînant à challenger leur projet d’entrepreneuriat avec un format de mentorat par un Comité de Direction ad hoc (un financier, un directeur métier, DEO, DRH). Enfin, une learning expedition destinée à la vingtaine d’élèves du bac+5, sera l’occasion de la visite et du partage des savoir-faire Heppner sur les dimensions Overseas et International.

Quels sont les débouchés pour les étudiants de l’E.S.T. ?

C. R. : L’E.S.T. forme les cadres et les dirigeants du secteur transport et logistique et les prépare aux différentes fonctions de management, tant chez les chargeurs que chez les transporteurs, mais aussi chez des prestataires, dans des cabinets de conseil… Plus de 80 % des élèves se voient proposer un CDI à l’issue de leur alternance. Le taux d’encadrement dans les métiers du transport est traditionnellement faible, entre 11 et 12 %. Mais depuis ces deux dernières décennies, il affiche une nette progression et le secteur continuera à offrir de nombreuses opportunités en conséquence du départ à la retraite des baby-boomers, mais aussi des engagements de la COP21 ou du développement de l’e-commerce. Plus de 20 000 emplois cadres devraient être créés d’ici cinq ans. Les métiers du secteur, très diversifiés, évoluent beaucoup et nécessitent de plus en plus d’encadrement.

Comment l’École s’adapte-t-elle aux mutations technologiques, économiques et environnementales ?

C. R. : La force de l’E.S.T. réside dans sa proximité avec les entreprises. Elle est à l’écoute de son environnement et bénéficie d’un réseau de partenaires qui lui permet d’être en veille permanente afin, certes, d’accompagner les évolutions du secteur mais, surtoutt, afin d’être en avance de phase. Un comité d’orientation se réunit deux fois par an, composé de décideurs du secteur, d’anciens de l’E.S.T. mais également de DRH d’entreprises partenaires, pour nous accompagner dans l’évolution de nos différents programmes. La décision d’ouverture du Bachelor Spécialiste des Opérations Transport et Logistique est d’ailleurs issue des réflexions et échanges avec le comité d’orientation. Le besoin des entreprises repose sur la formation de techniciens « pointus », au fait de toutes les législations et technicités de leurs métiers, dans une approche multimodale, et conscients des mutations du secteur (data, RSE, etc.). Par ailleurs, à compter de cette année, nous avons décidé de réunir les différentes parties prenantes de l’E.S.T. par blocs de compétences, afin qu’elles contribuent à l’amélioration continue des différents programmes. Ainsi, nous réunissons intervenants, entreprises partenaires, anciens et élèves pour faire un état des lieux de l’existant et déterminer les évolutions souhaitables au sein de chaque bloc constituant le programme et ce, tout en conservant une vision et une cohérence globales sur le programme.

Selon vous, les mutations participent-elles à l’attractivité du secteur ?

C. R. : Oui, certainement. Nous avions auparavant quasiment exclusivement des jeunes issus de formations Transport et Logistique et qui avaient un lien proche avec le secteur. Le secteur Transport et Supply Chain, qui se développe pour répondre aux différentes mutations, attire maintenant de nouveaux profils qui viennent de secteurs différents, comme celui du commerce ou de la gestion, ou de parcours plus atypiques pour notre secteur comme les mathématiques ou les sciences économiques et politiques. Les entreprises s’avèrent demandeuses de ces profils qui apportent ouverture et prise de recul par rapport à une pratique métier. Le secteur étant en mutation, les fonctions et métiers exercés par les jeunes sont également amenés à évoluer ; l’E.S.T. et les entreprises sont alors complémentaires, l’accompagnement étant conjointement assuré par l’école et l’entreprise. Il est important de souligner et de rappeler que les entreprises sont en très forte demande de recrutement. Le secteur présente donc tous les atouts pour répondre aux attentes, tant d’un point de vue employabilité que diversification des métiers et des missions.

Quelles sont les pistes d’évolution possibles pour l’E.S.T. ?

C. R. : Une réflexion en interne a débuté l’année dernière sur « l’E.S.T. de demain » avec la revue de notre plan stratégique. Nous avons déterminé quatre axes de développement. Le premier axe repose sur la segmentation des programmes et ce afin d’être plus visible, lisible et compréhensible par les candidats et les entreprises. Par exemple, la formation bac+4 n’était pas toujours lisible. Nous avons donc créé des formations bac+3 et bac+5 venant compléter la formation bac+4, historique, de l’E.S.T., le Titre Manager Transports et Logistique. Cela permet également de répondre à une demande d’employabilité, certaines entreprises ayant une grille de catégorisation dans laquelle le bac+4 ne permet pas de se positionner. Le second axe repose sur la formation tout au long de la vie qui s’adresse tant aux anciens qu’aux entreprises. Les anciens pourront ainsi assister gratuitement à des cours qui ont évolué en fonction des mutations du secteur. Nous leur demandons, en échange, de se présenter aux élèves, de parler de leur métier et d’être ambassadeur de l’E.S.T., par exemple lors de journées portes ouvertes. Le troisième axe repose sur la co-construction évoquée précédemment. Le quatrième et dernier axe repose sur la veille et l’innovation. Nous créons actuellement un laboratoire, le Lab E.S.T., qui réunira intervenants professionnels et enseignants chercheurs. Cette initiative se transpose notamment avec l’institut créé par Scania, le Scania Mobility Institute, dont l’E.S.T. est l’école référente.

L’E.S.T. fête ses 75 ans cette année. Quels atouts lui ont permis de perdurer ?

C. R. : L’E.S.T. est une école professionnelle qui forme des professionnels par des professionnels pour des professionnels. Forte de son réseau d’anciens élèves et d’entreprises partenaires, elle est gage de sérieux, de qualité et créatrice de valeur ajoutée. L’École est ainsi engagée au service des entreprises qu’elle accompagne par la formation de ses collaborateurs à même d’anticiper et d’accompagner les mutations du secteur.

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