Géolocaliser ses véhicules c’est bien. Mais savoir exactement où en est sa marchandise, en suivant les statuts successifs des opérations de transport qui la concernent (chargée, en cours d’acheminement, déchargée, livrée), c’est mieux ! Pour les chargeurs, c’est un impératif de qualité de service envers leurs clients destinataires, notamment en cas de groupage de leurs marchandises dans les multiples camions de leurs prestataires de transport. Pour répondre à ces exigences de suivi, les fournisseurs informatiques offrent des solutions numériques qui passent désormais par des applications mobiles sur smartphone permettant aux conducteurs de renseigner au fil de l’eau les évènements successifs du statut des marchandises. C’est le cas de Shippeo. La start-up développe une solution collaborative basée sur une plateforme web et une application mobile qui permet aux industriels, distributeurs et organisateurs de transport de réaliser un suivi en temps réel de leur flux. Ainsi, Viapost Transport Management, filiale du groupe La Poste spécialisée dans l’organisation du transport de colis, emploie la solution depuis octobre 2015. « On avait besoin d’avoir une information très fiable sur l’arrivée de nos transporteurs sur la centaine de magasins de l’enseigne textile Kiabi que nous desservons en France et en Italie », souligne Christophe Baboin, son directeur général. Couplée au boîtier de géolocalisation embarqué sur les véhicules qui fait un point GPS régulièrement au cours de l’acheminement de la marchandise, l’application mobile de Shippeo permet à 80 conducteurs de remonter les diverses opérations sur les marchandises (chargement, déchargement…). Et surtout de transmettre la preuve de livraison des articles textile aux magasins vers la plateforme web de Shippeo, après avoir récupéré au départ l’ordre de transport sur leur smartphone. « Ce suivi amène de la valeur ajoutée en améliorant la qualité de service de notre client chargeur vis-à-vis de son destinataire Kiabi que l’on peut prévenir en cas de retard par exemple », insiste Christophe Baboin.
Et pour couvrir la problématique plus complexe de traçabilité des marchandises sur une cascade de sous-traitants de transport, Shippeo a scellé un partenariat avec l’éditeur de TMS Acteos. Les deux partenaires proposent ainsi une solution de tracking collaboratif des flux et de suivi des livraisons en ligne en connectant leurs outils respectifs. « En intégrant notre solution au TMS d’Acteos, les ordres de transport passés en ligne par un chargeur dans le TMS sont routés sur l’application mobile des conducteurs de ses multiples transporteurs, qui en prennent ainsi connaissance. Les chauffeurs peuvent alors durant leur mission renseigner sur l’application diverses informations sur le chargement, le déchargement et la livraison des marchandises, ainsi que des anomalies simples de refus ou de retard de livraison. Toutes ces informations sont remontées en temps réel à notre plateforme web. Elles permettent ainsi au chargeur qui en a l’accès d’avoir une visibilité unique sur le déroulement des livraisons de ses divers transporteurs », explique Pierre Khoury, co-fondateur de Shippeo. De même, la solution collaborative d’Acteos et de Shippeo permet de suivre les marchandises groupées de plusieurs chargeurs et livrées par un seul transporteur. « Notre TMS agrège les ordres de transport de différents chargeurs et les route vers l’application mobile du même transporteur. Les informations de statut des marchandises renseignées par les conducteurs du transporteur sur leur smartphone, sont alors remontées sur la plateforme web de Shippeo et dispatchées pour chaque chargeur qui peuvent ainsi suivre leurs livraisons respectives », indique Fabien Petitjean, chef de produit transport chez Acteos.
Tracer ses marchandises demande aussi de tracer les remorques qui les contiennent et qui ne sont pas toutes tractées par le même prestataire de transport. La plateforme d’exploitation de données télématique suivideflotte.net propose ainsi de rendre les remorques connectées et intelligentes en y fixant des balises GPS, permettant de suivre en temps réel les marchandises qu’elles transportent et d’optimiser aussi la gestion de leur parc. « Les informations de géolocalisation des remorques remontent sur notre plateforme web dont l’exploitant a accès pour visualiser leurs positions », précise Julien Rousseau, directeur de suivideflotte.net.
Pour tracer ses caisses mobiles de colis transportées sur remorques, DPD France, filiale du groupe La Poste, a choisi la technologie RFID. L’opérateur de transport a équipé 1 000 caisses de tags RFID actifs fournis par l’entreprise Ela Innovation. « Nous avions surtout besoin de visibilité sur les horaires de départ et d’arrivée de nos caisses mobiles sur nos 60 sites où elles sont chargées puis expédiées à nos six centres de tri de colis par destination, avant de repartir vers nos agences à partir desquelles elles sont livrées par utilitaires légers », justifie Arnaud Lotrian, chef de projet chez DPD France. Pour identifier l’entrée et la sortie de site de chaque caisse mobile, DPD France et Ela Innovation ont mis en place des lecteurs RFID sur chacun des sites qui récupèrent l’impulsion envoyée des tags et détectent le sens de passage de la caisse. « L’information d’entrée/ sortie des caisses mobiles sur chaque site est transmise à nos centres de tri, via un serveur, de façon à obtenir une visibilité totale en temps réel sur nos flux de marchandises. On en tire un gain de productivité en optimisant le tri des colis et leur réexpédition », assure-t-il. L’idée pour DPD France est d’anticiper les retards pour permettre aux centres de tri de colis d’ajuster leur production en fonction du déroulement du transport.
Enfin, l’Internet des Objets (IoT) commence à apparaître dans la traçabilité des marchandises. Viapost Transport Management teste actuellement des capteurs intelligents qui équipent une trentaine de bacs plastiques pliables contenant des articles textile. Ces capteurs transmettent leur position quatre fois par jour via le réseau de télécommunication LoRa dédié à l’IoT. « Cette technologie nous permet de suivre nos livraisons en magasins, mais aussi de suivre les retours des bacs et d’en optimiser ainsi la rotation des stocks », expose Christophe Baboin. Si la technologie IoT n’est pas encore rentable, elle pourrait le devenir sur des volumes d’actifs à suivre très importants. Les premiers résultats opérationnels et économiques de cette expérimentation tomberont fin septembre ».