Des simples traceurs géolocalisés à des mini-ordinateurs connectés aux pneumatiques et au système de freinage, au groupe frigorifique et à d’autres périphériques potentiels, il existe aujourd’hui une offre complète d’outils de traçabilité pour les véhicules non moteurs. Les fournisseurs informatiques parlent d’un marché en plein boom. Ils visent un parc européen estimé à 12 millions de remorques en Europe, selon le fabricant d’ordinateur de bord Astrata (voir ci-contre). Qu’il s’agisse d’optimiser sa propre exploitation, de suivre ses moyens roulants ou de répondre à la demande d’une clientèle de plus en plus impliquée dans le suivi des cargaisons, le contrôle à distance des caisses de transport représente une suite logique au développement de l’informatique embarquée dans les cabines. « Nous investissons avant tout pour répondre à nos propres besoins. En outre, nous sentons chez nos clients les prémices d’une standardisation de ces outils de traçabilité », témoigne Florent Condamine, directeur des opérations des Transports René Madrias à Ussac (19), actifs dans l’acheminement de viande pendue et de produits surgelés en groupage d’une à dix palettes. « Ces deux secteurs sont intéressés par le suivi des courbes de température en direct, constate-t-il. Nous pensons qu’à moyen terme, dans les 5 ans, nous recevrons de plus en plus de demandes de notre clientèle quant au suivi des marchandises à distance et en temps réel. »
René Madrias compte 27 semi-remorques équipées de boîtiers Transics Tx-Trailer Guard. Le transporteur compte porter cet équipement à l’ensemble de son parc, soit 300 caisses, d’ici à 4 ans, au fur et à mesure du renouvellement des matériels. Parallèlement, 80 % de ses 260 camions portent des ordinateurs de bord Tx-Sky, le reste de la flotte étant équipé des plus anciens Quattro. Partenaire de Transics depuis une dizaine d’années, René Madrias touche à l’élaboration des nouveaux produits en tant que flotte pilote. « Lorsqu’on acquiert la solution Tx-Trailer Guard, Transics nous propose une quinzaine d’options possibles, en termes de données remontées. Pour notre part, nous avons opté pour le contrôle de la charge à l’essieu, l’usure des plaquettes de freins, la pression des pneumatiques, et les courbes de température frigorifique, explique le directeur des opérations. Toutes ces données peuvent donner lieu à des alarmes envoyées à notre exploitation. Un camion trop chargé, une fuite anormale sur un pneumatique, par exemple, et nous sommes alertés en direct. De plus ces remontées d’informations sont utiles aux opérateurs de notre atelier. »
René Madrias se félicite « d’une solution intégrée ». Autrement dit, les données issues de l’ensemble de sa flotte moteur et on moteur sont gérées sur la même plateforme Tx-Connect, sur Internet. « Pour la première fois, lesgestionnaires de flotte peuvent recevoir toutes ces informations sur un seul écran, et donc affiner l’analyse des moyens roulants. Ils optimisent mieux les frais de carburant et le coût de la main-d’œuvre, ainsi que la sécurité des opérations », dit Didier Nulens, directeur des ventes de Transics, qui indique un tarif plancher d’une vingtaine d’euros par mois et par véhicule pour le boîtier embarqué en remorque (voir encadré ci-dessus).
Si Transics vise ici une gestion de flotte globale, dans le cadre de son intégration à la maison Wabco (fournisseur de systèmes de freinage et de sécurité), d’autres dispositifs s’avèrent plus légers et moins coûteux. À l’exemple de Trimble, qui propose une simple solution d’identification de remorque, ou « Trailer-ID ». Celle-ci consiste en une puce qui enregistre les événements d’accroches et de décroches. Fabien Dusserre, directeur France de Trimble Transport & Logistics, développe : « Un exploitant peut suivre le temps réel et l’historique des couples de tracteurs et de semi-remorques de son parc. Les remorques sont toujours localisées, à condition d’être accrochées par des poids lourds équipés Trimble. » Et de mettre en avant un coût d’investissement « incomparable, inférieur à 100 € hors montage » et « un coût de fonctionnement nul ».
La solution Trimble n’est pas autonome, car la puce d’identification ne peut pas envoyer d’informations. En revanche, le fournisseur américain présente des interfaces avec des acteurs technologiques complémentaires — Novacom, Schmitz CargoBull et BPW Idem notamment. « Ainsi, nos clients peuvent suivre la localisation en temps réel de leurs moyens roulants, ainsi que les courbes et les alarmes de températures, ou encore d’ouvertures de portes, sur notre plateforme FleetCockpit. L’exploitant dispose de toutes les données conducteurs, tracteurs et remorques sur un même écran », ajoute Fabien Dusserre, qui chiffre son parc roulant en France : « Trimble compte sur l’Hexagone 11 000 véhicules lourds équipés. Environ 3 000 semi-remorques portent une puce Trailer-ID. La demande sur les remorques ne cesse de progresser. »
Balise SK5 (petite et autonome) de Solustop, NS100 (pour les personnels itinérants) et NS200 (pour les véhicules) de Nomadic, balise Traqueur Nano (en lien avec les forces de l’ordre) et Ekolis (avec suivi de température)… il existe de nombreuses alternatives aux produits proposés par les majors de l’informatique embarquée. L’avantage de ces derniers, rappelons-le, est d’amalgamer les données relatives aux véhicules moteurs et non moteurs sur une unique interface.
Nouveauté 2016, la balise Seekios est affichée par son fabricant comme la première balise GPS gratuite. Elle ressemble à un tamagotchi, cet animal de compagnie virtuel made in Japan, en forme d’œuf, qui tient dans la main. Mais la balise en question a été développée en Aquitaine, où elle reste fabriquée. Le boîtier GPS-GPRS (qui contient une carte Sim), n’est gratuit que dans une certaine mesure, « jusqu’à 60 positions par mois », indique Quentin Zimmermann, cofondateur de la société, qui a présenté sa solution au dernier congrès de l’OTRE. Le Seekios, qui coûte 100 €, s’accompagne d’un abonnement payant au-delà des 60 positions. Un pack de 20 € mensuel offre 2 000 positions, qui peuvent être mutualisées entre plusieurs balises d’une même flotte. « Nous visons les petites PME du transport et les artisans. Nous enregistrons de premières applications dans le suivi de transpalettes, dans l’objectif de remonter les trajets des matériels de manutention, et d’optimiser la flotte. La même logique peut être appliquée au suivi de véhicules sur un parc logistique », explique Quentin Zimmermann, qui prévoit un modèle d’affaires s’appuyant sur quelque 10 % d’utilisateurs payants. Un transporteur pourra par exemple cacher le Seekios dans un colis ou une palette de valeur, ou encore le placer dans une remorque immobilisée. « Via notre application cartographique de gestion des balises, on peut configurer des alertes (SMS, mails, appels) et choisir le fonctionnement de chaque Seekios. Par exemple, le mode Don’t Move permet d’être alerté en cas de mouvement, même très faible, d’un contenant. On peut placer le Seekios à l’arrière d’une porte, qui, si elle s’ouvre, donne lieu à une alerte. » Confiant dans l’avenir, Quentin Zimmermann a lancé la production de 30 000 balises en Aquitaine. Il pourrait également commercialiser son produit via des partenaires intégrateurs et éditeurs de logiciels d’optimisation de flux.