Confort et sécurité accrus

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L’émergence d’un nouveau standard européen clarifie les niveaux de sécurité et de confort des parkings sécurisés. Et ce, dans un contexte de pénurie de conducteurs et de hausse des vols de marchandises.

En juin prochain, les parlementaires européens vont être appelés à se prononcer sur le paquet Mobilité. Ce texte vise à améliorer les conditions de travail du conducteur, favoriser le transport transfrontalier et améliorer la sécurité routière. Il est notamment prévu que la Commission européenne encourage financièrement la création d’aires de stationnement sûres et sécurisées pour limiter les risques de vol de fret. Cette disposition vient en réponse au règlement européen 1315-2013 qui vise à développer le réseau transeuropéen de transport. En 2013, celui-ci stipulait que, d’ici à 2030, les usagers pourront trouver, tous les 100 km d’autoroute, des zones de stationnement appropriées présentant un niveau de sécurité et de sûreté adéquat.

Émergence d’une norme européenne

Pour mettre en œuvre cette recommandation, les États membres peuvent désormais s’appuyer sur le nouveau standard européen Safe and Secure Truck Park Area (SSTPA) publié début 2019 par la Commission européenne. Cette norme, également appelée EU-Parking Standard, se décline en quatre niveaux : bronze, argent, or et platine. Elle garantit aux conducteurs qu’ils vont trouver un niveau minimum de prestations en matière d’installations de restauration, de systèmes sanitaires, d’éclairage, de vidéosurveillance et de sécurité. C’est une première dans le secteur. La nouvelle norme change complètement la donne car Tapa (Transport Asset Protection Association) et Esporg (European Secure Parking Organisation) évaluent la sécurité et les services séparément. « On pouvait avoir par exemple cinq cadenas et aucune étoile et vice-versa », souligne Frédéric Maas, délégué du conseil d’administration d’Esporg, qui réunit 75 opérateurs de parking gérant plus de 1 000 parkings (huit en France) dont une infime partie seulement est sécurisée.

Point important, la nouvelle norme ne s’obtient qu’à l’issue d’une certification délivrée par un tiers certifié. D’ailleurs, cette norme a été élaborée par un consortium d’experts en transport et certification ainsi que par des associations de transport, dont l’Esporg, qui a créé une académie pour former les opérateurs au nouveau standard européen et les conseiller. Deux ans après le lancement d’EU Parking Standard, cinq parkings situés en Belgique, Espagne et Roumanie ont été certifiés en novembre dernier. En 2020, une vingtaine d’autres parkings devraient être estampillés. À commencer par le Truck Étape de Béziers, en France, qui vient d’être audité par une entreprise de certification en vue d’obtenir la certification or. Cette dernière, tout comme le niveau Platine, garantit une sécurité élevée. « Les niveaux or et platine intéressent surtout les conducteurs chargés d’une cargaison sensible ou qui se trouvent dans des zones potentiellement à risques comme à Calais », estime Frédéric Maas. Dans 90 % des autres cas, les niveaux bronze et argent suffisent car, ce qui importe au client final, ce sont les services de bien-être pour le conducteur. Par exemple, les douches, les salles de repos ou la restauration.

8,2 Md€ de pertes de marchandises

L’émergence d’EU Parking Standard intéresse non seulement les utilisateurs finaux mais aussi les entreprises de transport. Dans un contexte de pénurie des conducteurs, ces dernières veulent à la fois améliorer leurs conditions de travail afin de les fidéliser mais aussi sécuriser les marchandises. Les pertes directes dues au vol de marchandises en Europe sont estimées à plus de 8,2 Md€ par an selon l’association Tapa, qui réunit des transporteurs et chargeurs. Cette dernière vient d’ailleurs d’annoncer sur son site qu’elle souhaite s’entretenir avec la Commission européenne pour apporter une valeur ajoutée à la norme EU Parking Standard. De quoi tourner la page de la guerre des normes qui sévissait jusqu’alors.

En matière de vol de marchandises, la France n’est pas épargnée. En 2019, 1 540 faits y ont été déplorés, dont 740 pour le seul premier trimestre. La France est le pays qui a le plus grand nombre de faits enregistrés par les services de Tapa. Toutefois, la situation semble s’améliorer, selon Patrice Bouvet, consultant en sécurité. Selon les chiffres dont il dispose, les vols de fret auraient baissé de 18 % en 2019, par rapport à 2018, année au cours de laquelle l’Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI) a dénombré 2 545 faits. « Cette amélioration est due à l’action conjuguée des policiers et des gendarmes », rapporte Patrice Bouvet. Ce dernier n’en recommande pas moins aux transporteurs de garer leurs camions dans les parkings sécurisés. « C’est cher. Il faut compter environ 15 euros la nuit, remboursables par le donneur d’ordres mais cette solution limite à plus de 90 % les risques de vol », soulève le consultant, qui recommande aux entreprises de faire attention aujourd’hui au risque de détournement de fret par de faux transporteurs. La question du vol de fret met en exergue celle de la pénurie de parkings sécurisés. Selon une étude publiée par la Commission européenne en février 2019, on dénombrerait en Europe 300 000 places réparties dans 5 000 parkings PL dont 1 000 seulement sont réputés sécurisés. Ces derniers représentent 47 000 places sécurisées et 7 000 places de parking certifiées Tapa ou Esporg. Or, la Commission européenne estime à 400 000 le nombre de conducteurs appelés à circuler de nuit. D’où sa volonté de renforcer la sécurité des aires de stationnement en impulsant la création, dans un premier temps, de 100 000 places de parking avec les critères de sécurité requis. Voilà pourquoi, à la faveur de l’adoption du standard européen (EU Parking Standard), elle a décidé de soutenir la création de parkings en accordant des subventions. Un premier appel à propositions a été lancé. Le montant financé s’élève à 60 M€ au total dont 40 M€ pour les pays les moins développés économiquement. Les coûts de construction y seront financés jusqu’à 85 % contre 20 % pour les pays les plus développés.

À cet égard, la France compte parmi les membres de l’UE les moins bien lotis en matière de parkings sécurisés. Le site d’AS 24, le fournisseur de badges TIS-PL, n’en recense qu’une quinzaine. France et Allemagne se situent ainsi derrière la Belgique, les Pays-Bas, où sont déployés des plans nationaux pour les parkings sécurisés, ou encore la Roumanie qui dispose notamment de deux parkings sécurisés à la norme EU Parking Standard. Sans oublier l’Espagne où l’enseigne Repsol Security Parking propose un réseau de huit parkings sécurisés offrant chacun une centaine de places que l’on peut réserver à distance via une plateforme Internet ou des applications smartphone.

Le boom annoncé des plateformes de réservation

Demain, les conducteurs pourront repérer depuis une appli les sites certifiés EU Parking Standard et les réserver. La Commission européenne va s’atteler à développer un site dédié. Cet outil intéressera aussi les entreprises de transport, qui veulent optimiser et sécuriser les itinéraires de leurs camions depuis leur système de gestion des transports (TMS) en réservant à l’avance les places de parking sécurisées. Des progrès existent grâce aux plateformes de réservation comme celle de Truck Parking Europe, le leader du marché qui recense plus de 36 000 emplacements dont certains sont certifiés Tapa ou Esporg. Certains emplacements peuvent être réservés par Internet et payés à l’avance. C’est le cas d’ETS Narbonne, C4T Calais ou encore Delta Park Dourges, première aire de parking en Europe à avoir été certifiée en novembre dernier PSR1, le plus haut niveau de sécurité qu’un exploitant reçoive de Tapa.

L’allemand Bosch est également présent sur le marché des plateformes de réservation. Depuis 2017, ce dernier propose des places de stationnement dans 32 parkings. Notamment des relais routiers, des places de triage, des centres de logistique et autres sites commerciaux ou industriels. Parmi ses partenaires, citons Rewe, le groupe allemand de supermarchés, ou encore DHL, le transporteur et logisticien. Sans oublier Kuehne+Nagel qui a ouvert les portes de ses sites de stationnement à Geel en Belgique et à Contern au Luxembourg. En France, il devrait proposer des réservations sur le parking CT4 estampillé Esporg, situé à Marck (62). « Nous recherchons d’autres partenaires », indique Patrycja Pollems, au service marketing international de Bosch Secure Truck Parking. Spécialisée initialement dans la télésurveillance et l’assistance aux utilisateurs, cette entité de Bosch propose aux opérateurs de parking d’intégrer leur système de gestion de parking local à sa plateforme de réservation. « Si le propriétaire n’en dispose pas, nous en mettons un à sa disposition dans le cloud, sans frais », explique Patrycja Pollems. Son système reconnaît automatiquement les véhicules grâce à leurs plaques d’immatriculation scannées. Leurs heures d’arrivée et de départ sont alors sauvegardées dans le cloud. Bosch fournit aussi des solutions clés en main, en matière d’équipement de sécurité (vidéo et contrôle d’entrée), les paiements en ligne et les distributeurs de billets. Sans oublier les services qui calculent les taux d’occupation. Autant de fonctionnalités susceptibles d’intéresser les nouveaux opérateurs de parking. Tout comme les sociétés concessionnaires d’autoroutes dont les bornes ne savent pas toujours remonter le nombre de places disponibles aux plateformes de réservation ou sur les panneaux d’affichage des autoroutes. Mais elles y travaillent.

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