Bils Deroo dans la tempête

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Un changement de société d'affacturage et un rachat coûteux pesant lourdement sur la trésorerie, c'est ce qui a conduit Bils Deroo à déposer le bilan, le 7 mai, de ses quatre filiales actives dans le transport. Convaincu de régler ses problèmes avec sous-traitants et fournisseurs, Jimmy Bils, vice-président du groupe, espère sortir rapidement de cette situation. Explications.

Les sociétés Bils Deroo Transport, TVN Logistique, Godart SA et Stetrans, qui constituent le pôle transport du groupe Bils Deroo (59), ont été placées en redressement judiciaire le 7 mai par le tribunal de commerce de Douai. Lequel leur a accordé une période d'observation de six mois. Bils Deroo holding est également concernée par le dépôt de bilan tout comme Bils Deroo Poids lourds, filiale active dans la vente et la réparation de véhicules industriels. La partie logistique de l'entreprise nordiste, a, elle, été épargnée par cette procédure de faillite. Elle regroupe Simastock (société industrielle de manutention et de stockage), Anzin Logistique, Onnaing logistique et Sic (société industrielle de conditionnement), des entités réunies depuis octobre 2001 sous la marque commerciale Bils Deroo Logistique.

Le redressement judiciaire touche ainsi 1 000 salariés sur les 1 600 que compte le groupe. « De lourds problèmes de trésorerie nous ont contraint à déposer le bilan », explique Jimmy Bils, vice-président de Bils Deroo, qui évoque deux causes principales. L'entreprise a tout d'abord pâti d'une « diversification malheureuse » avec le rachat en janvier 2000 de Global Trans (Arras, 62), regroupant les sociétés New Transunion, Godart SA et Stetrans. Mais contrairement à ces deux dernières, Transunion (150 salariés) perdait beaucoup d'argent. Et « nous ne sommes jamais parvenus à maîtriser cette entreprise socialement et économiquement parlant. En moins de deux ans, nous avons perdu 1,5 M€, regrette Jimmy Bils. Nous l'avons donc revendue en novembre 2001 à une entreprise indépendante dirigée par un ancien transporteur ». A cette mauvaise opération, est venue s'ajouter « la non-maîtrise en 2001 du financement des comptes clients ». Lesquels sont gérés par des sociétés d'affacturage. Or, au milieu de l'année, Bils Deroo a choisi de travailler avec un autre prestataire. « Ce changement a provoqué une accumulation de litiges et de problèmes de règlements croisés lors de la passation entre les deux factors », déplore Jimmy Bils. « Nous avons ainsi près de 3 millions d'euros bloqués, que nous doivent les sociétés d'affacturage. Ce qui pèse lourdement sur notre trésorerie », poursuit le chef d'entreprise. Les factors retiennent en outre deux fonds de garantie : le premier (5 %) s'applique à toute société quel que soit son secteur, le second (10 à 13 %) aux seules entreprises de transport. « Avec la loi Gayssot, les sociétés d'affacturage ont connu d'importants problèmes de paiement. C'est pourquoi cette garantie supplémentaire a été créée. Nous avons 4,5 M€ qui sont ainsi immobilisés », souligne Jimmy Bils. C'est cette somme que le groupe compte utiliser pour payer ses sous-traitants. Bils Deroo fait en effet appel à l'affrètement à hauteur de 20 % de ses 157 millions d'euros de chiffre d'affaires. « Nous travaillons avec plusieurs centaines de transporteurs à qui nous devons de 120 € à 15 000 € », précise le dirigeant. L'administrateur judiciaire négocie donc avec la société d'affacturage pour débloquer l'argent. Si l'issue des discussions est positive, cette opération fera ensuite l'objet d'une ordonnance du tribunal de commerce de Douai. « Nous attendons une réponse autour du 17 mai », signale Jimmy Bils.

Malgré ces difficultés, Bils Deroo parvient à assurer ses activités tant bien que mal. Tous les salaires ont été versés normalement. Les 200 premiers clients ont été contactés. « A 99 %, ils nous ont confirmé leur soutien. Pour que la machine soit vraiment relancée, nous devons aussi régler les problèmes avec les fournisseurs. L'administrateur s'y attelle et renégocie actuellement les contrats », indique Jimmy Bils. Ce dernier compte présenter rapidement un plan de continuation. Pour ce faire, plusieurs solutions seront examinées. Bils Deroo pourrait vendre une partie de son patrimoine immobilier (complètement indépendant du pôle logistique qui fait appel à la location), soit un total de 450 000 m2 à travers la France. « Si c'est nécessaire, nous envisagerons aussi de restructurer une partie de notre activité. Mais nous nous engageons à éviter tout licenciement », assure Jimmy Bils. Le transporteur se dit également prêt à étudier toute offre d'un éventuel repreneur pour l'une ou l'autre des entreprises concernées. Il reste confiant d'autant que 2001 n'a pas été si mauvaise en terme de résultats. Après deux années déficitaires, Bils Deroo Transport a dégagé un léger bénéfice. La société Godart n'a, elle, enregistré qu'un déficit minime, affirme Jimmy Bils. Et le groupe entend s'appuyer davantage sur son activité logistique. Celle-ci génère 30,5 M€ de chiffre d'affaires annuel avec 600 salariés et 40 sites (Normandie, Ile-de-France, Champagne-Ardenne, Rhône-Alpes et Nord-Pas-de-Calais). Elle apporte en outre de nombreux trafics routiers. 70 % des flux de Bils Deroo Transport étant effectués en amont et en aval des plates-formes.

Quelles activités transport ?

Les quatre sociétés de transport du groupe Bils Deroo, concernées par le dépôt de bilan, se positionnent sur des créneaux différents. Basée à Waziers (59), Bils Deroo Transport achemine des marchandises générales en lots complets et demi-lots, en national et international, et effectue aussi du groupage. Elle travaille pour les secteurs de l'industrie automobile, grande distribution, VPC et produits de grande consommation. Avec 700 salariés et 310 véhicules moteurs, elle a réalisé en 2001 un chiffre d'affaires d'environ 68,6 millions d'euros. Installée à Libercourt (62), TVN Logistique est issue de la fusion en février 2001 de Tournaux Transport Logistique (acquis en 1998) et TVN (racheté en 1994). Elle est spécialisée dans le transport grand volume (pièces automobiles, emballages...) en France et en Europe. Un métier qui occupe 110 salariés et 85 camions remorques de 120 m3. Le chiffre d'affaires 2001 de TVN Logistique s'élève à 15,24 millions d'euros.. Auparavant situées à Arras (62) près de New Transunion (vendue fin 2001), Godart SA et Stetrans ont été transférées en mars dernier à Carvin (62) et cohabitent désormais avec une agence Bils Deroo Transport. Elles sont toutes deux actives dans le groupage et le lot complet en régional (Paris, Normandie, Belgique). Elles regroupent 50 personnes et 32 véhicules pour un volume d'affaires annuel de 4,27 M€.

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