Plus d’une centaine de participants s’était retrouvée le 21 novembre dernier à la CCI de Rennes à l’occasion d’une table ronde organisée par le cluster Bretagne Supply Chain, qui rassemble depuis 2010 les entreprises bretonnes soucieuses d’améliorer leur performance logistique. Au menu : comment bien acheter et bien vendre une prestation de transport. Cinq professionnels – deux transporteurs, deux chargeurs et un prestataire informatique spécialisé – ont débattu pendant deux heures sur la nécessité de définir et de réaliser une juste prestation de transport. Autrement dit, une prestation adaptée, pertinente et bien exécutée qui répond aux besoins exprimés par le client.
Il convient en premier lieu de définir le périmètre de la prestation envisagée, ce qui passe par la rédaction d’un cahier des charges le plus complet possible. La plupart des chargeurs rechignent à découper la prestation en plusieurs lots, préférant confier l’optimisation du transport à un seul et même prestataire. À ce stade, la question de la sous-traitance ne se pose pas. « Les informations basiques sur le prix, les délais et la qualité d’un point A à un point B suffisent », assure Nicolas Foligne, responsable logistique du fabricant d’équipement de piscines Procopi. À ce stade, il est indispensable de s’imprégner du métier du chargeur pour bien comprendre l’expression de ses besoins. Quitte à se rendre sur place pour mieux appréhender les contraintes. Chaque « métier » du chargeur doit être sollicité afin d’obtenir le plus d’informations possibles pour tenir compte de toutes les contraintes internes de l’entreprise. « Pour le chargeur comme pour le transporteur, l’idéal est d’être le plus transparent possible et de se parler en confiance sur ce qui est prévu, ou pas, de faire » insiste André Plouhinec, qui préconise d’aborder la question en mode projet avec les chargeurs : « Il est toujours bienvenu d’avoir un interlocuteur ayant de l’expertise qui amène de la contradiction », fait valoir le directeur régional secteur ouest de TCS (33).
L’analyse des besoins conduit à l’analyse de la valeur. Et à la valeur ajoutée qu’apporte le transporteur. « S’il n’y a pas d’autres critères que le prix, personne ne s’interdira de travailler avec le moins disant, même s’il est étranger ; l’acheteur ne peut s’auto-restreindre pour des raisons morales ou éthiques », rapporte Marc Perrel, consultant achat dans l’industrie, spécialisé dans la logistique. Reste que dans une économie du « juste à temps », d’autres critères – à commencer par le respect de délais toujours plus draconiens – sont apparus en premières pages des appels d’offres. L’apport de TMS est un atout de taille pour ce qui est de la planification, du groupage, d’optimisation des chargements, etc. « Il délivre des analyses qui sont une sacrée aide à la décision, mais rien ne remplacera le cerveau humain en tant donné le rubik’s cube que représente aujourd’hui l’activité de transporteur », sourit Franck Fortin, directeur commercial de Le Roy Logistique (35).
Malgré le contexte de transparence voulu avec le chargeur, les transporteurs gardent pour eux certains secrets de fabrication. Quand on va au restaurant, on n’est pas invité en cuisine pour apprendre les recettes…
En matière de transport, les flux d’informations sont devenus aussi importants que les flux physiques de marchandises. « C’est l’effet Amazon : sitôt acheté, on clique pour savoir où en est la commande… Les outils de traçabilité deviennent essentiels », argue Olivier Guiheneuc, de l’éditeur DDS Logistics. Plutôt que d’un suivi en temps réel, un reporting quotidien semble aujourd’hui suffisant. Et plutôt que de devoir se connecter à diverses plateformes pour récupérer l’information, les chargeurs plébiscitent le « pushing » qui leur envoie systématiquement les informations par mail. Grâce à certains outils comme Shippeo, ce besoin peut même être satisfait lorsque l’on travaille en sous-traitance comme commissionnaire. « C’est indispensable. À l’heure où chacun est connecté, les clients n’admettent plus de ne pas être prévenus même s’ils peuvent comprendre les raisons d’un retard », souligne Franck Fortin de Le Roy Logistique.
La table ronde organisée par Bretagne Supply Chain avec, de gauche à droite, Franck Fortin, directeur commercial de Le Roy Logistique ; André Plouhinec, directeur régional de TCS ; Olivier Guiheneuc, ingénieur commercial TMS de DDS Logistics ; Marc Perrel, responsable achat en industrie et Nicolas Foligne, responsable logistique de Procopi.