Lequel abandonnera son statut de SCS (société en commandite simple) pour devenir une SA (société anonyme) dotée d'un conseil d'administration à la tête duquel devrait être nommé Charles-Henri Broussaud (écarté début 2001 de la direction de la branche messagerie de Geodis).
L'arrêté ministériel avalisant l'opération est attendu le 20 décembre. D'ici là un certain nombre de conditions devront être réunies. Parmi ces préalables figure l'approbation par la SNCF d'un soutien financier de l'ordre de 2 à 3 milliards de francs pour le Sernam. Un apport en argent frais contre lequel s'est vivement insurgé Alain Bréau, P-dg de Mory et co-président de TLF (Fédération des entreprises de Transport et Logistique de France) : « Les entreprises de la profession ne peuvent rester insensibles à l'intention déclarée de la SNCF de doter en fonds propres un acteur du marché comme le Sernam avec comme seule justification la volonté de compenser ses pertes 2000, 2001 et 2002 », a-t-il déclaré au quotidien Les Échos le 16 novembre en annonçant qu'avec ses confrères messagers, il allait « étudier, par des voies de droit français et européen les moyens d'intervenir et, éventuellement d'empêcher cette opération qui ne nous paraît pas conforme aux règles de la concurrence ». Après avoir entrepris cette démarche sous sa casquette de P-dg de Mory, Alain Bréau aurait décidé de mobiliser sur ce dossier la fédération dont il est co-président. Selon La Tribune du 19 novembre, un bureau extraordinaire de TLF aurait ainsi été convoqué d'urgence.
Les réactions ont été moins vives au sein du Sernam. Ses représentants du personnel, auxquels l'opération a été présentée le 16 novembre, ont « pris acte du projet ». « Geodis entre pour l'instant par la petite porte. Dans un premier temps, il laisserait les mains libres aux dirigeants du Sernam. C'est la suite logique d'une tentative de privatisation du Sernam amorcée début 2000 par sa filialisation », constate un responsable CFDT. Ce syndicat demande à rencontrer rapidement Pierre Blayau, président de Geodis. « Nous souhaitons connaître ses ambitions pour le Sernam. Savoir s'il saura relever le défi de la rentabilité ».
Depuis le début de l'année, le Sernam (3 635 salariés et 3,6 MdF de CA à fin septembre) enregistrerait des pertes financières mensuelles de 40 MF. Le messager est également engagé dans un plan de restructuration prévoyant notamment la fermeture de trois agences.