Berlin entend mettre sur pied, d’ici à 2030, des capacités de production de 3 à 5 gigawatts de courant à partir de l’électrolyse, dont 20 % d’hydrogène vert ou bleu, tous deux neutres en matière de CO2. L’hydrogène vert est produit à partir des énergies renouvelables ; l’hydrogène bleu est produit à partir de gaz naturel. On parle d’hydrogène gris lorsque les émissions de CO2 résultant de la production d’hydrogène bleu ne sont pas récupérées et enfouies. L’intérêt de l’industrie, notamment de l’industrie automobile et de sa filière, est considérable. Le sous-traitant Bosch mise sur le développement de l’hydrogène comme technologie d’avenir pour les poids lourds. À Feuerbach, près de Stuttgart, l’un des plus anciens sites du groupe avec 13 500 salariés, Bosch vient de présenter son nouveau module de pile à combustion pour poids lourds. L’agrégat n’occupe pas plus de place qu’un moteur diesel et, par rapport à un camion électrique de Tesla, il présente l’avantage de ne pas avoir besoin d’une batterie de 8 t, fait le plein en quelques minutes et possède une autonomie de 700 km (contre 350 à 450 km pour les poids lourds équipés de batteries rechargeables).
Les « stacks » au cœur du processus des piles à combustion sont développés depuis avril avec l’entreprise suédoise Powercell. Bosch détiendra, seul, la licence de fabrication. Un premier client pour les poids lourds est le projet de camions H2 de Nikola Motor aux États-Unis. Les premières livraisons à la start-up sont prévues pour 2022. « Nous estimons que les piles à combustion représenteront 13 % de la flotte de poids lourds d’ici à 2030 », explique le responsable du projet, Jürgen Gerhardt. À court terme, le principal handicap au développement des véhicules à hydrogène est le faible maillage du réseau des stations d’avitaillement. En Allemagne, on compte actuellement moins de 100 stations, mais le gouvernement soutient le développement de la technologie, avec pour objectif d’atteindre 400 unités d’ici à 2023.
Autre point négatif, le prix des poids lourds à hydrogène est élevé, trois fois plus cher qu’un modèle à moteur diesel. Mais Bosch rappelle qu’avec le développement de la technique, les prix de production vont reculer. Le renchérissement du prix de la tonne de CO2, appelé à passer à 55 euros la tonne en Allemagne d’ici à 2025 (contre 10 euros la tonne en 2021, lorsque le nouveau système de facturation des émissions de gaz à effet de serre entrera en vigueur), rendra la technologie plus compétitive.