« Les investissements sont importants mais on part de très bas »

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Pour Andy Fouquier, délégué régional du bassin de la Seine d’Entreprises fluviales de France (E2F), les efforts d’investissements montrent que l’Etat a pris conscience du mauvais état du réseau fluvial mais les travaux nécessaires sont immenses. NPI : Quel bilan faites-vous de l’année 2020 pour le fluvial sur le bassin de la Seine ?

Andy Fouquier : Les matériaux de construction ont bien marché, mais il faut surtout noter une année record pour les exportations de céréales via Rouen. C’est très important pour les transporteurs fluviaux car les agrégats à destination de Paris, ce sont des voyages de 100 km maximum depuis la Haute Seine, et de 150 à 200 km depuis la Basse Seine. Alors que pour les céréales, une grosse partie des voyages jusqu’à Rouen se font depuis la Haute Seine : de Nogent-sur-Seine, c’est un trajet de plus de 400 km. Les tonnages sont donc plus importants pour les granulats mais, pour les céréales, les transports sont plus longs, avec aussi moins de temps perdu et de risque d’abîmer le bateau en multipliant les chargements et les déchargements. 

Ces six derniers mois, l’offre de cale a augmenté, avec 7 à 8 nouveaux bateaux de 100 m sur la Seine. Pour les faire travailler efficacement, il faut que les ouvrages fonctionnent !

NPI : Les investissements de VNF pour la rénovation des écluses et barrages du bassin de la Seine sont en forte augmentation : est-ce suffisant pour répondre aux besoins ?

A. F. : Il faut reconnaître que l’effort est porté au bon endroit, sur les bons ouvrages. Et la logique de tout remettre à niveau est la bonne. Mais pour la remise en état de tout le bassin de la Seine, il faudrait doubler ou tripler ce plan de relance, qui arrive bien tard. Pour les vieilles écluses de la Seine amont, par exemple, une rénovation totale aurait dû être faite depuis longtemps, mais VNF n’a pu faire que des soins palliatifs. En 2013, il y a eu un long chômage sur cette zone pour la rénovation de quatre écluses, mais il faudrait déjà recommencer car les vannes qui ont été changées tombent sans arrêt en panne. Je suppose que les travaux ont été faits à l’économie. 

Sur Seine-Nord Europe, le choix a été fait de ne pas prévoir d’écluses doubles ; cela créera du temps d’attente, d’autant que les hauteurs de chute sont fortes. Nous attendons ce canal depuis longtemps. Lorsque j’ai acheté mon bateau en Hollande, en 2005, le vendeur faisait construire un 110 m. Nous nous étions donné rendez-vous lors de l’inauguration de Seine-Nord Europe, mais il a pris sa retraite et le canal n’est toujours pas fait. Quant à Bray-Nogent, le projet est relancé. Mais on en parlait déjà il y a quarante ans, lorsque j’étais apprenti. J’en suis à mon quatrième bateau et la mise à grand gabarit de Bray-Nogent n’est toujours pas faite. Elle ne le sera pas quand je partirai en retraite.

NPI : Vous auriez attendu davantage du plan de relance fluvial ?

A. F. : Les investissements sont importants, cela prouve que l’État a pris conscience du problème. Mais on part de très bas ! Grâce au plan de relance, on arrivera seulement au niveau d’investissement le plus bas du rapport Duron, qui voyait le doublement du budget de VNF comme un minimum. 

Une bonne partie du plan de relance est investie dans la fibre optique, qui servira à la téléconduite des écluses. On va donc supprimer des postes d’éclusiers, qui aujourd’hui sont présents sur site et surveillent de près les écluses. C’est important, surtout en période de crue puisqu’il peut y avoir des embâcles, parfois des arbres entiers. Les éclusiers sur place y veillent depuis leurs miradors, et, en 10 minutes, retirent l’embâcle, ce qui arrive tous les jours sur la Seine. Avec la téléconduite, cela prendra du temps pour que l’équipe de maintenance intervienne. La fibre optique ne correspond pas à un plan de relance du transport fluvial, mais vise simplement à réduire le nombre de fonctionnaires. Cela existe déjà sur le bassin de la Seine : sur les canaux de la ville de Paris, ou sur la Haute Seine de Marolles à Nogent. Sur le Rhône, depuis le passage à la téléconduite, il faut trois heures de plus pour remonter de Fos à Lyon. Est-ce un progrès ?

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